ETATS-UNISRequinqué, Biden prouve qu’il ne faut pas l’enterrer trop vite pour 2024

Discours sur l’état de l’Union : Requinqué, Joe Biden prouve qu’il ne faut pas l’enterrer trop vite pour 2024

ETATS-UNISEn mélangeant empathie et populisme, Joe Biden s’est joué des républicains sur le plafond de la dette
Le président américain Joe Biden serre la main du Speaker de la Chambre, Kevin McCarthy lors du discours sur l'état de l'Union, le 7 février 2023.
Le président américain Joe Biden serre la main du Speaker de la Chambre, Kevin McCarthy lors du discours sur l'état de l'Union, le 7 février 2023. - UPI/Newscom/SIPA / Newscom
Philippe Berry

Philippe Berry

De notre correspondant aux Etats-Unis,

On le disait affaibli par les sondages, l’inflation et le ballon espion chinois. Mais dans un discours sur l’état de l’Union aux accents populistes, c’est un Joe Biden gonflé à bloc qui s’est présenté devant le Congrès et les Américains mardi soir. Avec une promesse, alors qu’il envisage de se représenter en 2024 : « Finir le boulot », pour rendre à la classe moyenne sa prospérité.

Contrairement à l’an dernier, ce n’est pas Nancy Pelosi qui a accueilli le président américain mais Kevin McCarthy, élu Speaker de la Chambre après la victoire des républicains aux élections de mi-mandat. Beau joueur, Joe Biden l’a félicité, en se disant « impatient » de travailler avec lui. En commençant par le plafond de la dette.

« Levons-nous pour les seniors »

Mi-janvier, les Etats-Unis ont atteint leur plafond d’endettement, obligeant le Trésor à un tour de passe-passe pour continuer à payer les factures. Avec le spectre d’un défaut de paiement historique cet été si un accord n’est pas trouvé au Congrès pour le relever. Devant les caméras de télévision, Joe Biden a tendu un piège, et les républicains sont tombés dedans.

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Le président américain commence par accuser « certains » républicains de vouloir signer l’arrêt de mort des programmes Medicare (la santé des seniors) et de la Social Security (assurance-retraite). Réaction outrée des conservateurs, avec des huées et Marjorie Taylor Green qui crie « menteur ». Biden fait, en effet, preuve d’un peu de mauvaise fois – Kevin McCarthy a juré que ce n’était pas sur la table – mais plusieurs élus du Freedom Caucus n’ont pas renoncé à des coupes. Tout sourire, le président américain s’amuse : « On a l’air d’accord, on n’y touche pas ? On a l’unanimité ! » Et de conclure en serrant les poings : « Levons-nous pour les seniors ! Montrons-leur qu’on ne coupera pas la Social Security ! » Steve Scalise et de nombreux républicains s’exécutent, contraints et forcés par les caméras.

Biden le populiste

Plus largement, Biden a joué la carte de l’unité, rappelant qu’il avait signé « plus de 300 textes législatifs » adoptés avec des voix républicaines. Il les a appelé à continuer : « Si c’était possible avec le Congrès précédent, je ne vois pas pourquoi ça ne le serait pas avec celui-là. »

Comme Donald Trump en 2016, Joe Biden s’est adressé aux « oubliés » de la croissance. Il a dit « comprendre » les fins de mois difficiles. « Durant des décennies, la classe moyenne a été écrasée. Et, au fil du temps, nous avons perdu autre chose. Notre fierté. Notre confiance en nous. » Mais il a vanté ses progrès, avec 12 millions d’emplois créés, et « une inflation qui marque le pas ». Et promis de faire du « made in America » sa priorité pour les infrastructures.

Empathie pour les parents de Tyre Nichols

Joe Biden, qui a perdu son fils Beau, décédé d’un cancer, a fait se lever le Congrès pour la mère et le beau-père de Tyre Nichols, cet Afro-Américain battu à mort par la police de Memphis.

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Il a rappelé que les élus, majoritairement blancs, n’ont jamais eu besoin d’avoir « the talk » avec leurs enfants, cet avertissement sur la conduite à adopter face aux policiers. Saluant le « courage » de la mère de Tyre Nichols, il a demandé au Congrès de « finir le travail » et d’adopter la réforme de la police nommée après George Floyd, qui reste en souffrance au Sénat. Il a également réclamé une interdiction « pour de bon » des fusils d’assaut, alors que les fusillades de masse ont fortement augmenté depuis 2020.

Fermeté sur la Chine et soutien à l’Ukraine

Accusé par Donald Trump et les républicains de ne pas avoir fait preuve d’assez de fermeté en attendant plusieurs jours pour abattre le ballon espion chinois, Joe Biden a balayé les critiques : « Ne vous leurrez pas, si la Chine menace notre souveraineté, nous agirons pour protéger notre pays, et nous l’avons fait ! »

A l’approche de l’anniversaire de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le commandant en chef des Etats-Unis l’a promis aux Ukrainiens : « On sera à vos côtés aussi longtemps que nécessaire. » Sur Twitter, le président Zelensky l’a remercié pour ce « message fort ».

Comme le veut la tradition, Joe Biden a conclu son discours de 75 minutes en s’adressant aux Américains : « Parce que l’âme de ce pays est forte, parce que ses habitants sont forts, l’état de l’Union est fort ! » L’état de sa probable candidature aussi.