Interview« Dans la meilleure forme » de sa vie, Christophe Lemaitre repart de zéro

JO de Paris 2024 : « Dans la meilleure forme » de sa vie, Christophe Lemaitre repart (presque) de zéro

InterviewEn vue des Jeux olympiques de Paris, en 2024, Christophe Lemaitre a tout changé et espère revenir au meilleur niveau
Christophe Lemaitre au Meeting Elite de Miramas en 2022
Christophe Lemaitre au Meeting Elite de Miramas en 2022 - STADION-ACTU/J.L JUVIN/SIPA / Sipa
Propos recueillis par Antoine Huot de Saint Albin et William Pereira

Propos recueillis par Antoine Huot de Saint Albin et William Pereira

L'essentiel

  • Chaque jeudi, « 20 Minutes » reçoit un athlète qui rêve de podium aux JO 2024 dans son émission Twitch LCTC. Cette semaine, il s’agit de Christophe Lemaitre.
  • Après des saisons compliquées, Christophe Lemaitre a changé tout son staff et travaille énormément avec la data.
  • Le but : améliorer sa préparation et sa récupération et éviter les blessures en vue des Jeux olympiques à Paris.

Onze ans après, il est toujours imbattable. Recordman de France du 200 mètres en 19''80 en septembre 2011, Christophe Lemaitre (32 ans) n’a vu personne effacer sa marque au niveau national. Pourtant depuis quelques années, le sprinteur, qui passe sa vie entre Aix-les-Bains, Metz et Nantes, a perdu de sa superbe.

A tel point qu’il n’avait plus couru depuis le mois de juin. Après une longue réflexion, l’ancien recordman de France du 100 mètres a décidé de tout changer dans son staff au mois d’octobre. Et espérer des jours meilleurs grâce à une préparation optimale. Christophe Lemaitre le reconnaît : « Il a jamais été aussi en forme. »

Comment se passe ce début d’année 2023 ?

Physiquement, je me sens bien. Les entraînements se passent bien aussi, et je suis assez content de ce que je fais à l’entraînement, surtout après avoir changé énormément de choses, que ça soit au niveau du coach, de mon entourage et de mon staff, de la manière de m’entraîner, de mon approche de l’entraînement. Après, je suis un peu déçu parce que j’ai fait une compète à Lyon (7''08 sur 60 m), et c’est très loin de ce que je fais à l’entraînement. On était dans l’incompréhension par rapport à ce résultat là, que ce soit moi ou mon staff. On va essayer de chercher pourquoi, parce que, à l’entraînement, j’étais loin de ça.



Avez-vous trouvé des explications à ce résultat ?

Ca serait difficile de dire avec exactitude pourquoi j’ai fait ce chrono. Après, on peut trouver des explications, comme la compétition en elle-même. Je n’ai plus couru en compétition depuis juin. Et puis, je m’entraîne tout seul, je ne suis pas avec un groupe avec lequel je peux être en confrontation lorsque je fais des séances de sprint. Et j’ai repris le sprint vraiment à fond depuis seulement un mois. Ca peut expliquer le différentiel entre ce que je produis à l’entraînement, les sensations, et ce résultat.

Est-ce qu’il y avait une forme de tension au départ de cette compétition, pour votre retour ?

Il y avait quand même un peu de stress, après avoir été longtemps absent, surtout sur une distance qui n’est pas du tout la mienne, où je ne suis pas à l’aise. Mais il y avait aussi l’excitation de savoir où j’en étais de savoir si ce que je faisais à l’entraînement marchait. Parce que, au niveau de la condition physique, je n’ai jamais été aussi en forme de toute ma vie. Mais qu’en termes de ce résultat ça ne suive pas, ça a été un choc. Mais peut-être que bientôt, on se dira que ce n’était qu’un accident de parcours.

Vous parliez de votre changement de staff, d’organisation…

J’ai changé de coach et j’ai rajouté beaucoup de choses dans mon staff médical. Je travaille avec un hôpital à Genève, en Suisse, qui m’aide dans le suivi physique, pour voir ma progression tout au long de l’année. J’ai aussi un préparateur physique qui m’aide dans tout ce que qui est partie neuromusculaire, musculation, renforcement. C’est quelque chose que je n’avais pas du tout depuis le début de ma carrière. Pour la partie sprint, je travaille aussi avec l’entraîneur national du 4x100 mètres hommes, qui m’épaule et m’aide dans l’élaboration du programme d’entraînement. Il a aussi un œil extérieur pour peaufiner les choix dans la préparation.



Vous disiez que vous n’avez jamais été aussi en forme. Quels sont les indicateurs qui vous permettent de dire ça ?

Dans tout ce qui est travail de renforcement (abdos, gainage, dorsaux) du tronc, où j’étais vraiment à la traîne par rapport à d’autres sprinteurs. Ce n’était pas quelque chose que je bossais énormément, mais qui est pourtant un élément essentiel dans la préparation physique surtout pour prévenir des blessures. Et, par rapport aux membres inférieurs, on a vu qu’il y avait des différences importantes droite/gauche, qui peut expliquer les blessures, et il fallait rebosser ça. Et puis, il y a le travail neuromusculaire, la capacité du muscle de produire de la force rapidement. Dans mon staff, il y a aussi une personne qui travaille sur la VMA, l’aérobie, ce qui est primordial pour éviter les blessures ou pour récupérer plus vite.

De bosser avec la data, c’est quelque chose qui vous intéressait ?

Depuis que je travaille avec mon staff, j’ai beaucoup évolué avec la data. Par exemple, quand je suis à l’extérieur, j’ai un GPS sur moi qui permet de calculer mes pointes de vitesse, ma distance, pour suivre l’évolution de mes performances. Quand je fais mes séances de muscu, j’ai aussi un appareil sur moi. Je travaille avec énormément de datas, j’ai jamais eu autant d’applications liées au sport. Tout ça pour optimiser ma préparation, et donc ma performance.

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