Rugby« Je ne suis pas devenu une superstar », assure Dumortier, néophyte en Bleu

Irlande - France : « Je ne suis pas devenu une superstar », assure Ethan Dumortier, le benjamin des Bleus

RugbySix jours après sa première sélection en Italie, le jeune ailier lyonnais Ethan Dumortier sera de nouveau titulaire avec le XV de France samedi en Irlande, lors du sommet de ce Tournoi des VI Nations
Ethan Dumortier a fêté sa première sélection avec le XV de France dimanche à Rome, en inscrivant l'un des quatre essais de la difficile victoire en Italie (24-29), à l'occasion de la première journée du Tournoi des VI Nations.
Ethan Dumortier a fêté sa première sélection avec le XV de France dimanche à Rome, en inscrivant l'un des quatre essais de la difficile victoire en Italie (24-29), à l'occasion de la première journée du Tournoi des VI Nations. - Antonietta Baldassarre / Insidefoto / Sipa USA / Sipa / Sipa USA
Nicolas Stival

Propos recueillis par Nicolas Stival

L'essentiel

  • La France alignera le même XV de départ qu’en Italie samedi à Dublin, lors du choc contre l’Irlande pour le compte de la 2e journée du Tournoi des VI Nations.
  • L’ailier du LOU Ethan Dumortier (22 ans) y fêtera sa deuxième sélection après une première plutôt réussie à Rome.
  • Le meilleur marqueur d’essais du Top 14 revient sur ses débuts dans une équipe qui gagne (14 succès d’affilée), avec vue sur l’Irlande et, plus loin, sur la Coupe du monde en France.

C’est le petit nouveau du XV de France dans ce Tournoi des VI Nations. A 22 ans, le Lyonnais Ethan Dumortier a fêté sa première sélection en Bleus dimanche dernier lors de la victoire bonifiée mais laborieuse en Italie (24-29), avec un essai en prime. Déjà le 12e cette saison pour le grand ailier (1,91 m pour 93 kg), meilleur marqueur du Top 14 (8 réalisations), qui s’est également affalé trois fois dans l’en-but adverse en Champions Cup.

Formé à Saint-Savin (Isère) et passé par Bourgoin, l’attaquant du LOU sait qu’il va devoir montrer les crocs samedi en Irlande, face à ce qui se fait de mieux dans le monde actuellement.

Avec du recul, que retenez-vous de cette première sélection ?

Beaucoup d’émotions bien sûr, beaucoup de fierté aussi. Je ne m’y attendais sincèrement pas au début. On a eu une semaine d’entraînement à Capbreton (Landes) sans trop d’indications sur une potentielle équipe. Je devais rester concentré sur ma préparation. J’ai eu la chance de pouvoir jouer contre l’Italie. Je suis heureux, mais ce n’est pas une fin en soi. On veut continuer à gagner des matchs pour remporter ce Tournoi.


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Tout de même, vous deviez vous attendre à débuter après la blessure de Gabin Villière (fracture du péroné, le 1er février, deux jours avant l’annonce de l’équipe contre l’Italie), non ?

Malheureusement pour lui, oui. C’était soit lui, soit moi. Ce coup du sort a fait que j’ai pris sa place. Cela fait partie du jeu. L’objectif était d’être prêt et de donner mon maximum pour m’intégrer au mieux à ce groupe et pour faire une performance digne des joueurs au côté desquels j’évolue.

Pensez-vous l’avoir atteint ?

Oui, je suis plutôt content. La victoire, c’est la seule bonne chose à retenir de ce match. On a des défauts à régler mais dans l’ensemble, c’est un bon début.

Dans le dernier épisode de la websérie « Destins mêlés » diffusée par la FFR, vous avez avoué être « occis » au bout de 10 minutes de match. Avez-vous vraiment été étonné par le rythme international ?

C’est une intensité à laquelle je ne suis pas habitué en Top 14. J’ai été surpris par le rythme des deux équipes. Il m’a fallu 10 bonnes minutes pour m'y mettre, mais ensuite, ça allait mieux.


Quand un ailier rencontre un pilier.
Quand un ailier rencontre un pilier. - Massimo Insabato / Sipa

Au sujet de votre essai, est-ce que c’est seulement un de plus pour le meilleur marqueur du Top 14 ou est-ce que cela représente quelque chose de particulier ?

C’est très particulier, même si ce n’est pas le plus dur que j’ai eu à mettre dans ma vie. J’ai suffisamment remercié Romain (Ntamack) pour ce cadeau. A la fin, il y a mon nom sur l’écran géant, mais ce n’est pas très représentatif du travail effectué. Un essai, ce n’est pas une performance individuelle. C’est bien pour moi, mais c’est surtout une bonne chose pour l’équipe.

Quel est le discours des coachs cette semaine, avant le choc en Irlande ?

Il a fallu qu’on règle quelques aspects du jeu où l’on a été en difficulté, notamment la discipline. On a été beaucoup pénalisés dans un domaine où d’habitude, on est performants. On va garder cette agressivité, tout en réglant les petits détails techniques qui font qu’on a été sanctionnés.

Mais on a rapidement balayé les points négatifs de ce match, comme les points positifs, pour construire une belle performance ce week-end. Il a fallu rapidement basculer sur la préparation de l’Irlande car on a un jour de moins de récupération (les coéquipiers de Johnny Sexton ont joué et gagné samedi au pays de Galles, 10-34).




C’est un sommet dans un Aviva Stadium bouillant qui s’annonce, entre l’Irlande, n° 1 mondiale, et la France, n° 2. Comment vous y préparez-vous ?

On a lu dans la presse irlandaise que le public s’était mobilisé pour venir soutenir son équipe. Il va y avoir de l’ambiance, ça va être sympa. Je préfère jouer dans un stade plein à craquer – peu importe l’équipe que soutiennent les spectateurs – plutôt que dans une enceinte vide.

L’objectif, ce n’est pas la place de numéro 1, qui reste un classement provisoire, mais de gagner ce VI Nations. Si on fait un bon résultat, indirectement, on aura cette place. On sent l’engouement de tout le monde autour de ce match. Le niveau de ce VI Nations est encore plus relevé que les autres années

L’an dernier, lors de France – Irlande (30-24), Gabin Villière avait abattu un énorme boulot, en attaque mais aussi dans les rucks. Est-ce que les entraîneurs vous demandent la même chose ?

Oui, ça fait partie du travail de l’ailier type. Même si j’ai un profil différent de celui de Gabin. L’objectif à ce poste, c’est de participer énormément au jeu pour créer des différences de tous les côtés du terrain. Mais aussi de faire un gros boulot défensif avec l’ensemble de la ligne des trois-quarts afin de contrer les assauts adverses.


Le jeune ailier du LOU a inscrit huit essais en Top 14 et trois autres en Champions Cup, dont un à l'issue d'une course de plus de 60 mètres sur la pelouse des Saracens de Londres, le 14 janvier dernier.
Le jeune ailier du LOU a inscrit huit essais en Top 14 et trois autres en Champions Cup, dont un à l'issue d'une course de plus de 60 mètres sur la pelouse des Saracens de Londres, le 14 janvier dernier. - Garry Bowden / Sipa

Dans L’Equipe, votre manager au LOU, Xavier Garbajosa, a estimé que vous étiez un « mix » entre Penaud et Villière. Il a dit aussi que vous deviez encore vous améliorer dans les duels défensifs… Êtes-vous d’accord ?

C’est flatteur de sa part. Défensivement, je peux gagner en virulence sur l’homme. Mon but, c’est également de continuer à faire un gros boulot offensif et de me proposer pour avoir ce rôle d’ailier opportuniste qui aide à finir les coups.

Comme en Italie, vous serez samedi le plus jeune joueur français sur le terrain. Comment débarque-t-on dans un groupe qui gagne tout ?

Je devais travailler dur et faire les efforts à l’entraînement pour que les autres joueurs se rendent compte que je n’étais pas là par hasard. J’ai été super bien reçu par tout le monde. Les mecs sont très sympas, très accueillants. Je n’ai eu aucun souci avec qui que ce soit. Je me sens très bien dans ce groupe.

Contrairement à d’autres joueurs, vous ne venez pas d’une famille immergée dans le rugby. Ressentez-vous un décalage ?

Chez moi, c’est plutôt le basket, le foot, mais pas trop le rugby (son père a évolué au centre de formation de l’Olympique lyonnais avant de basculer vers le basket, et sa mère a été professionnelle dans ce sport). Bon, depuis que je joue, c’est devenu une famille très rugby ! Ceci dit, comme on a toujours parlé de sport à la maison, je ne me sens pas trop dépaysé.


Ethan Dumortier au côté du troisième ligne Jordan Joseph avec la Coupe du monde des moins de 20 ans, remportée en Argentine après une victoire face à l'Australie en finale (24-23), le 22 juin 2019 à Rosario.
Ethan Dumortier au côté du troisième ligne Jordan Joseph avec la Coupe du monde des moins de 20 ans, remportée en Argentine après une victoire face à l'Australie en finale (24-23), le 22 juin 2019 à Rosario. - David Gibson / Fotosport / Rex / Sipa

Vous avez été champion du monde des moins de 20 ans en 2019, mais votre carrière a vraiment décollé la saison dernière. Est-ce dur à gérer ?

Il n’y a pas de gestion en particulier, je ne suis pas devenu une superstar, loin de là. La saison actuelle de Top 14 est bonne pour moi, mais je veux continuer à travailler, à performer avec mon club et en équipe de France.

Au-delà de l’Irlande et du Tournoi des VI Nations, il y a la perspective de la Coupe du monde en France (du 8 septembre au 28 octobre). Y pensez-vous déjà ?

Bien sûr. L’ensemble du groupe France y pense. L’objectif, c’est de prendre cette année internationale, étape par étape. La première, c’est un faire un résultat dans ce Tournoi des VI Nations. Mais le Mondial est dans un coin de ma tête. J’espère faire au mieux pour me donner une chance, si le staff trouve que j’ai le niveau, d'intégrer ce groupe pour la Coupe du monde.