PolémiquePeut-on vraiment interdire la soirée « Qu’ils retournent en Afrique » ?

Lille : Peut-on vraiment interdire la soirée « Qu’ils retournent en Afrique » ?

PolémiqueLa soirée du bar identitaire La Citadelle, reprenant la phrase d’un député RN à l’Assemblée, sera interdite par le préfet. Une décision que les organisateurs devraient attaquer en justice avec quelques chances d’obtenir raison
Aurelien Verhassel, ex-Génération identitaire et patron du bar La Citadelle à Lille. (illustration).
Aurelien Verhassel, ex-Génération identitaire et patron du bar La Citadelle à Lille. (illustration). - M.Libert / 20 Minutes / 20 Minutes
Mikaël Libert

Mikaël Libert

L'essentiel

  • Le bar identitaire lillois La Citadelle a programmé une soirée « Qu’ils retournent en Afrique ».
  • Cette annonce a provoqué de nombreuses réactions indignées et le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé son intention d’interdire cet événement.
  • Reste à savoir sur quel fondement juridique le préfet se basera pour prendre sa décision.

L’annonce d’une soirée « Qu’ils retournent en Afrique » au bar identitaire La Citadelle, à Lille, a fait presque autant de bruit que l’événement d’origine ayant valu au député RN, Grégoire de Fournas, son exclusion temporaire de l’Assemblée nationale. En quelques heures, la maire de Lille, des députés LFI, des responsables écolos et le ministre de l’Intérieur lui-même sont montés au créneau, réclamant l’interdiction de cet événement raciste. Un coup de pub inespéré pour le « bar patriote » qui multiplie les appels aux dons pour ne pas baisser le rideau ?

Depuis l’ouverture du bar identitaire La Citadelle, en 2015, la maire de Lille, Martine Aubry, ne cesse de demander sa fermeture aux autorités. « Une fois de plus Génération identitaire et le bar La Citadelle organisent une soirée raciste », a-t-elle déploré, jeudi, sur Twitter. Et bien d’autres se sont insurgés après elle. Il faut dire que l’association, dirigée par Aurélien Verhassel, ex-cadre du groupuscule Génération identitaire désormais dissout, assume pleinement l’objet de cette soirée polémique. L’événement, qui doit se tenir le 24 février, est organisé en « l’honneur du député Grégoire de Fournas. Qui a osé clamer haut et fort à l’Assemblée nationale : ''qu’ils retournent en Afrique !''. » Des propos que l’auteur a lui-même tenté de relativiser après une vague d’indignation qui a largement dépassé les murs de l’hémicycle.

Sur quel fondement interdire cette soirée ?

« J’espère qu’il est encore possible en France en 2023 de boire du vin et manger du saucisson dans un lieu privé », estime Aurélien Verhassel. Un simple apéro, donc ? Ce serait occulter le côté politique de l’événement qui est pourtant revendiqué. Et c’est d’ailleurs pour cette raison que le ministre de l’Intérieur a demandé au préfet de sévir. Ce qui, au moment où nous écrivons ces lignes, n’est encore qu’au stade de l’intention. Parce que, selon une avocate interrogée par 20 Minutes, sur quel fondement juridique le représentant de l’Etat s’appuiera-t-il pour interdire cette soirée ?



Faute d’arrêté préfectoral publié, on ne peut que supposer l’argumentaire que le préfet développera. Cette même avocate imagine donc que l’interdiction de cette soirée sera prise pour « prévenir d’éventuels troubles à l’ordre public ». Mais, quel que soit le motif invoqué par les autorités, le patron de La Citadelle a prévenu que cela ferait l’objet d’un recours en justice. Il a ajouté qu’il déposerait « plainte contre monsieur le préfet Leclerc pour diffamation ».

Et La Citadelle d’inviter, sur son site Internet, ses soutiens à signer une pétition et à « faire un don » pour « payer ses avocats ». Parce qu’au sein de cette association, les finances sont un peu tendues, le local ayant même été menacé de fermeture au début de l’année dernière, faute d’argent pour payer le loyer. Doit-on voir dans l’organisation de cette soirée un coup de com pour tenter de renflouer les caisses ?