PREVOYANCEComment se constituer des revenus en complément de sa retraite ?

Réforme des retraites : Comment se constituer dès maintenant un complément de revenus ?

PREVOYANCELa réforme des retraites prévue par le gouvernement fait craindre des pensions insuffisantes pour de nombreux Français
En investissant le plus tôt possible son argent, il est possible de se constituer un complément de retraite (Illustration)
En investissant le plus tôt possible son argent, il est possible de se constituer un complément de retraite (Illustration) - FRED SCHEIBER/SIPA / SIPA
Romarik Le Dourneuf

Romarik Le Dourneuf

L'essentiel

  • Pension ou faible pension ? Avec la réforme des retraites voulue par le gouvernement, beaucoup de Français, notamment les plus jeunes, s’attendent à se retrouver avec des revenus bien insuffisants au moment de tirer leur révérence du monde du travail.
  • En prévision, certains songent à se constituer des compléments de revenus pour compenser des pensions qui pourraient être trop maigres.
  • Plan retraite, épargne ou immobilier, 20 Minutes vous aide à y voir plus clair.

Mieux vaut prévenir… Allongement de la durée de cotisation, report de l’âge légal de départ, avec la réforme des retraites voulue pour le gouvernement, les Français nés après 1961 craignent de ne jamais pouvoir bénéficier d’une retraite décente. S’ils restent très attachés au système de retraites par répartition, les plus jeunes sont nombreux à mettre des sous de côté tous les mois en prévision d’un futur incertain. Selon une étude réalisée par le Cercle de l’épargne en mars 2022, les 18-24 ans étaient 73 % à mettre de l’argent de côté, contre « seulement » 65 % des 50-64 ans.

C’est votre cas ? Vous souhaitez préparer un complément à votre future retraite mais ne savez pas comment faire ? Pas de souci, 20 Minutes fait le point sur les meilleures manières d’y parvenir.

Les plans d’épargne retraite (PER)

Certaines solutions d’épargne sont directement consacrées à la création d’un revenu complémentaire pour la retraite. En 2019, ils ont été regroupés sous l’appellation PER. Il en existe trois, un individuel et deux d’entreprise.

Le PER individuel

Le PER individuel est un produit d’épargne sur lequel il est possible de déposer de l’argent à sa convenance. Les sommes versées peuvent être déduites de son revenu imposable, dans la limite de 10 % des revenus d’activité et 32.419 euros au maximum par an. Ces sommes sont fructifiées en fonction de la formule choisie, de la plus sûre à la plus risquée.

Une fois arrivée l’heure de la retraite, il existe deux moyens de liquider son PER. Soit en le débloquant sous forme de rente, une somme versée tous les mois par l’assureur selon une estimation du temps restant à vivre. Soit par un capital, entier ou fractionné de la somme.


Retrouvez ici notre dossier reforme des retraites

Il est même possible de créer un PER pour les mineurs ; ce sont alors les parents qui bénéficient de la déduction fiscale, dans une certaine limite.

Valérie Batigne, dirigeante de Sapiendo retraite, prévient toutefois : « Ces sommes, et leurs plus-values, ne sont déblocables qu’au départ à la retraite, sauf exceptions. » Ces exceptions sont : un accident de la vie (décès, invalidité, surendettement, fin de droits au chômage,…) ou l’achat d’une résidence principale. Aussi, cette solution ne convient pas à tous les profils d’épargnants : « Elle est propice à ceux qui ont un rythme de vie établi, avec une famille constituée, un emploi sûr. Pas à ceux qui veulent garder une possibilité de retirer leur argent ou qui ne paient pas d’impôts. »

Les PER d’entreprise

Reste le PER obligatoire, un plan d’épargne souscrit par une entreprise pour ses employés. Comme son nom l’indique, il est imposé par l’employeur qui peut y verser les primes d’intéressement et de participation, ou même un pourcentage du salaire. Si ce plan est plus intéressant que son PER individuel, le salarié peut même y transférer ces fonds.

A l’inverse, en cas de départ, le salarié peut verser les fonds sur le plan d’épargne collectif de sa nouvelle entreprise (si elle en dispose d’un) ou sur un PER individuel. L’avantage est que les frais de gestion de ce PER collectif sont à la charge de l’entreprise.

Les conditions de liquidation de ce plan sont les mêmes que pour le PER individuel.

Reste le PER obligatoire, un plan d’épargne souscrit par une entreprise pour ses employés. Comme son nom l’indique, il est imposé par l’employeur qui peut y verser les primes d’intéressement et de participation ou même un pourcentage du salaire. Pour les PER d'entreprise, le montant versé est déductible de la rémunération imposable dans la limite de 8 % de la rémunération annuelle brute du salarié, plafonnée à 8 fois le plafond annuel de la sécurité sociale (PASS) , soit 329.088 euros pour 2022.

L’assurance-vie

S’il oscille entre 1,6 % et 2 % de rendement en 2022, ce placement reste le préféré des Français. « C’est le couteau suisse de l’épargne, explique Isabelle Gauthier, conseillère en gestion de patrimoine, parce qu’on peut retirer de l’argent sans casser le produit. » Selon cette experte, l’assurance-vie a pour avantage d’être attractive dès le départ. Un « outil fabuleux » qui permet de valoriser son capital en versant de l’argent tous les mois et en choisissant parmi une grande diversité de placements, plus ou moins risqués.

Outre la possibilité de retirer son argent sans condition, l’assurance-vie possède l’avantage de la transmission exonéré d’impôts avant les 70 ans du détenteur, qui peut gratifier n’importe qui (pas d’obligation de liens familiaux) à hauteur de 152.500 euros. Elle peut être également débloquée sous la forme de rente à la retraite. Dernier avantage, non négligeable, l'assurance-vie ne dispose pas de plafond de versement.

L’épargne classique

Le livret A

Lui aussi fait partie des chouchous des épargnants. Si ses 3 % de taux d’intérêt actuels ne suffisent pas à compenser l’inflation, le Livret A a pour lui d’être plus rentable qu’un compte courant et que la plupart des autres comptes épargne. De plus, il fait fructifier l’argent placé de manière sécurisée et ses fruits sont exonérés d’impôts. Une valeur refuge qui se limite toutefois à « seulement » 22.950 euros via son plafond.

Le livre d’épargne populaire (LEP)

Seul compte épargne à tenir la dragée haute au Livret A, le LEP casse la baraque avec un taux annuel de 6,1 %. Seuls les revenus les plus modestes peuvent y adhérer (21.393 euros de revenu fiscal de référence pour une personne seule). Mais il partage avec son cousin, le Livret A, d’être exonéré d’impôts sur les intérêts et de laisser la possibilité de retirer son argent librement. Il est plafonné à 7.700 euros.

Le Plan d’épargne entreprise (PEE)

Très proche dans sa conception du PER d’entreprise collectif, il est en intouchable pendant les cinq ans qui suivent son ouverture (sauf accidents de la vie, mariage ou investissement dans une résidence principale). L’entreprise peut verser un abondement jusqu’à trois fois le montant la somme.

L’immobilier

L’achat immobilier

Investir dans la pierre reste une valeur sûre. Et acheter sa résidence principale (pour celles et ceux qui le peuvent) est une précaution élémentaire dans l’optique de préparer sa retraite. « Tout simplement parce que c’est un loyer de moins à payer », justifie Valérie Batigne. Une manière de soulager des pensions qui pourraient être trop justes.

De plus, avec l’augmentation ininterrompue du prix du logement, l’acquéreur pourrait faire une belle plus-value en cas de vente au moment de la retraite, pour acheter plus petit (si les marmots sont partis) ou tout simplement moins cher.

L’immobilier locatif

Acheter pour louer peut être aussi une source de revenu importante à terme. Mais pour celles et ceux qui en ont les moyens, il faut tout de même peser les risques locatifs et monter un business plan avec un courtier, par exemple. « Il faut faire une balance entre le rendement et les frais que cela implique, comme les taxes foncières qui augmentent avec la suppression de la taxe d’habitation », alerte Isabelle Gauthier.

L’immobilier « papier »

Plus généralement appelée la « pierre-papier » (rien à voir avec le Shifumi), cette solution consiste à investir dans de l’immobilier locatif… mais indirectement, puisqu’il s’agit d’acheter une part d’un immeuble, via une société civile de placement immobilier (SCPI), qui s’occupe ensuite de la gestion et des frais de cette location. « C’est une solution pour les personnes disposant de petits moyens, qui ne peuvent acheter en direct. Ils peuvent ensuite percevoir un revenu tout de suite et continuer petit à petit à investir, pour se constituer un patrimoine. On trouve des rendements autour de 5 %. »





Quelle que soit la manière dont on souhaite investir, la meilleure solution reste de faire appel à un spécialiste (banquier, courtier, assureur, gestionnaire de patrimoine), afin de déterminer son profil, ses possibilités et ses risques.