Salut, m’sieur flantier Parfois agaçants mais attachants... Les Français aiment leurs voisins

Amitiés, apéritifs, échanges de bons procédés… Oui, les Français aiment leurs voisins

Salut, m’sieur flantier Selon une étude, 22 % des Français auraient même déjà connu une opportunité d’emploi par leur voisinage
Soiree d'echanges entre voisins dans le quartier de la Roseraie a Toulouse dans le cadre de la fete des voisins. Aperitif. Tables. Rencontres, Echanges et partage de plats.
Soiree d'echanges entre voisins dans le quartier de la Roseraie a Toulouse dans le cadre de la fete des voisins. Aperitif. Tables. Rencontres, Echanges et partage de plats. - Alexandre GELEBART/REA / © Alexandre GELEBART
Romarik Le Dourneuf

Romarik Le Dourneuf

L'essentiel

  • Une étude YouGov pour le groupe SeLoger publiée en ce début de semaine montre que les Français sont attachés aux relations de voisinage.
  • 7 Français sur 10 affirment fréquenter régulièrement leurs voisins. Une proximité similaire à celle constatée dans les études effectuées dans les années 1980, selon la sociologue Joanie Cayouette-Remblière.
  • Les relations de voisinage vont plus loin que le simple dépannage d’outils ou d’ingrédients de cuisine puisqu’entre coups de main, conseils et bons plans, de vraies amitiés se forment entre habitant d’un même immeuble ou d’un même quartier.

«J’ai pas dormi à cause de mon voisin qui a fait la bamboche toute la nuit. » Avouons-le, cette phrase fait partie du Top 10 des plaintes les plus entendus à la machine à café du bureau. Une idée qui ne se limite d’ailleurs pas à nos frontières au regard du sujet du dernier film de Tom Hanks, Le pire voisin du monde. Mais si elles sont le plus souvent évoquées comme une source de nuisance, les relations de voisinage ne semblent pas si pénibles pour les Français.

C’est ce que dit la dernière étude YouGov* pour le groupe SeLoger, selon laquelle 65 % des Français entretiennent de bonnes relations avec les habitans à côté. Mieux, ils seraient 7 sur 10 à fréquenter régulièrement leurs voisins. « Contrairement à certaines idées reçues, le voisinage n’est pas en crise », estime Joanie Cayouette-Remblière, sociologue spécialiste des relations de voisinage à l’Institut national d’études démographiques (Ined).

Des relations stables depuis au moins trente-cinq ans

Malgré l’individualisme croissant, le développement des échanges numériques et l’accroissement des mobilités, « les relations de voisinage restent extrêmement stables depuis les années 1980, ajoute la sociologue. Elles occupent une place importante parmi les liens sociaux des individus, à côté des relations familiales, amicales et professionnelles. »

Un lien qui ne se limite donc pas au simple « bonjour » échangé dans la rue ou dans les escaliers de l’immeuble. Selon l’étude, pour 80 % des Français, la relation avec leurs voisins tourne autour de l’entraide. Ils sont 58 % à estimer que leurs voisins peuvent faciliter leur quotidien, et 81 % à avoir déjà rendu un service. Dépannage de sucre, prêt d’une perceuse, mais aussi des aides plus profondes comme la garde ou le transport d’enfants pour l’école ou des loisirs.

Échanges de bons procédés

Une aide réciproque qui peut prendre la forme d’un soutien moral lors de difficultés. Mais aussi de conseils et astuces échangés au sujet du quartier : les commerces à connaître, la réputation des écoles… « L’échange de bons plans est une donnée importante du lien social entre voisins. On a constaté que 22 % des Français auraient déjà connu une opportunité d’emploi par leur voisinage. Et 8 % auraient même trouvé un travail grâce à une information glanée auprès d’un voisin », nous dit l’étude.

L’aspect festif est aussi une donnée importante. D’après l’étude YouGov, plus d’un Français sur deux (56 %) a déjà pris l’apéritif avec un voisin. Et pas seulement lors de la fête annuelle des voisins, précise Joanie Cayouette-Remblière : « Deux tiers des visites chez un voisin impliquent un échange de sociabilité comme un café ou un repas. »

Des amitiés et de l’amour

De quoi se trouver des atomes crochus, puisque 7 Français sur 10 déclarent déjà s’être déjà liés d’amitié avec un voisin et considèrent que « le voisinage peut être l’occasion de belles rencontres ». Des rencontres si poussées qu’elles peuvent se transformer en amour : 23 % des personnes interrogées croient au coup de foudre entre voisins.

Attention toutefois car l’amour, même passionné, ne doit pas contribuer à faire atteindre le septième ciel aux décibels. La majorité des Français a déjà eu à faire face à des nuisances de la part du voisinage (70 % des habitants d’appartement, contre 60 % des habitants en maison individuelle), et dans 63 % des cas, c’est le bruit qui causait un trouble.

Des conflits inévitables dans les relations sociales

L’autre principal problème est le fait d’être intrusif (58 %). Des aspects négatifs qui ne dégoûtent pas, puisque 31 % des Français assurent que même s’ils peuvent parfois être agaçants, au fond, ils aiment bien leurs voisins.

Selon Joanie Cayouette-Remblière, il y a même un lien direct entre le volume d’échanges entre voisins et les conflits qui peuvent les opposer : « Les études montrent que ce sont souvent les personnes les plus investies dans une sociabilité avec leurs voisins qui sont à la fois le plus souvent les auteurs de ces troubles et les plus grandes victimes. » Pour résumer, plus vous avez de relations avec vos voisins, plus il y a de risques de friction. Logique. Une situation dont les plaignants ont conscience, puisque 70 % des personnes interrogées reconnaîssent pouvoir occasionner de la gêne.

*Etude réalisée en France auprès de 1011 personnes âgées de 18 ans et plus, du 11.01.2023 au 12.01.2023