ENQUETEDeux salles de jeux clandestines démantelées par la police judiciaire

Banditisme : « C'est peu fréquent qu’on y retrouve des mineurs »… Deux salles de jeux illégales démantelées par la PJ

ENQUETELes enquêteurs du Service central des courses et jeux ont récemment mis un coup d’arrêt aux activités de deux salles de jeux clandestines en Seine-Saint-Denis et dans les Hauts-de-Seine
Illustration d'une partie de poker. .
Illustration d'une partie de poker. . - Markus Schwedt / Pixabay
Thibaut Chevillard

Thibaut Chevillard

L'essentiel

  • Les enquêteurs de la police judiciaire ont récemment mis un coup d’arrêt aux activités de deux salles de jeux clandestines, en Seine-Saint-Denis et dans les Hauts-de-Seine.
  • En tout, huit personnes ont été interpellées et mises en examen.
  • Particularité de ces deux affaires sans liens apparents : deux adolescents étaient impliqués, l’un en tant que victime, l’autre comme suspect.

L’un, accro au poker, a été séquestré par ses créanciers. L’autre organisait des parties clandestines avec son père, un homme déjà très connu des services de police. Les enquêteurs de la police judiciaire ont récemment démantelé deux salles de jeux illégales, l’une dans les Hauts-de-Seine, l’autre en Seine-Saint-Denis. Particularité de ses deux affaires sans liens apparents : deux adolescents étaient impliqués, l’un en tant que victime, l’autre comme suspect. « Il n’est pas fréquent qu’on retrouve des mineurs dans nos dossiers », confie à 20 Minutes le commissaire Stéphane Piallat, chef du Service central des courses et jeux.

La première affaire démarre en mars 2022. Les policiers du commissariat d’Issy-les-Moulineaux apprennent qu’un jeune homme a été séquestré en raison d’une dette de jeu importante. Les fonctionnaires découvrent à cette occasion qu’il avait l’habitude de jouer dans un tripot, installé dans un appartement discret de cette ville des Hauts-de-Seine. Le Service central des courses et jeux récupère alors les investigations. « Il faut prouver qu’il s’agit d’un tripot car il n’est pas interdit de jouer au poker, et la présence d’argent ne suffit pas, explique le commissaire Piallat. Ce qui l’est, c’est que ça soit ouvert au public, qu’il y ait l’espérance d’un gain et que les gens paient pour jouer. »

Lien avec le banditisme

Les enquêteurs parviennent à identifier les membres de l’équipe qui organisait régulièrement ces parties. Des malfaiteurs chevronnés, âgés d’une quarantaine d’années, déjà très connus de la documentation policière, notamment pour des faits de trafic de stupéfiant, de viol, de destruction de biens ou de violences volontaires. Lorsque les policiers investissent les lieux, ils découvrent des dizaines de personnes affairées autour des tables.

« On trouve souvent dans ces endroits des gens qui fréquentent aussi les salles de jeux légales. Ils viennent pour l’ambiance, parce qu’on peut fumer, ou pour profiter de services annexes, comme des masseuses, des choses comme ça. Et on trouve aussi des voyous », poursuit Stéphane Piallat, soulignant qu’il a toujours existé un lien entre les tripots et le banditisme.



Sur place, les policiers mettent la main sur des cartes, des jetons, plus de 11.000 euros en liquide. Les investigations ont révélé que les organisateurs empochaient environ 5.000 euros par partie. Quatre suspects ont depuis été mis en examen par un juge d’instruction et placés sous contrôle judiciaire.

« Une belle organisation »

L’autre affaire se déroule en Seine-Saint-Denis. Les policiers découvrent, fin 2022, l’existence d’un tripot à Noisy-le-Grand grâce à un renseignement fourni par un autre service. Là encore, les organisateurs de ces parties de poker illicites sont défavorablement connus des archives de la police et de la justice, notamment pour vols à main armée, violences, ou escroquerie. « Il y avait des boissons, des repas, une serveuse, un croupier… C’était une belle organisation », note le chef du Service central des courses et jeux. L’un des suspects avait impliqué son fils de 17 ans dans l’organisation de ces parties qui se tenaient également sur un autre site, à Aubervilliers.

Lors des perquisitions, début février, les enquêteurs ont mis la main sur une cagoule et une arme à feu. Quatre suspects, qui ont été mis en examen, seront jugés au printemps.

Soirées homard

« Ce n’est pas qu’un phénomène francilien ou parisien, il y a aussi des tripots en province. On a récemment fait des affaires à Lyon et à Lille », observe le commissaire Piallat. Le plus souvent, les joueurs entendent parler de ces lieux par le bouche à oreille. Mais il arrive parfois que les organisateurs fassent la promotion de leur cercle de jeux sur les réseaux sociaux. Le chef du Service des courses et jeux se souvient notamment « d’un tripot dans le 11e arrondissement de Paris dont l’organisateur faisait de la publicité pour des soirées homard parce qu’il avait un cuisinier dans son équipe ! »