reportageLes questions encore en suspens avant le sprint final sur les retraites

Réforme des retraites : Article 7, minimum retraite, censure… Les questions qui restent en suspens avant le sprint final

reportageA une journée de la fin des débats à l’Assemblée, nul ne sait si les parlementaires pourront débattre du report de l’âge légal de départ à 64 ans
French Junior Minister for Public Accounts Gabriel Attal attends a session to discuss the government's pensions reform plan at the National Assembly, France's Lower House of Parliament, in Paris, on February 15, 2023. (Photo by Ludovic MARIN / AFP)
French Junior Minister for Public Accounts Gabriel Attal attends a session to discuss the government's pensions reform plan at the National Assembly, France's Lower House of Parliament, in Paris, on February 15, 2023. (Photo by Ludovic MARIN / AFP) - AFP / AFP
Thibaut Le Gal

Thibaut Le Gal

L'essentiel

  • La réforme des retraites finira sa course à l’Assemblée nationale ce vendredi à minuit.
  • Les députés pourront-ils débattre de l’article 7 et de la mesure phare du texte : l’âge de départ à 64 ans ?
  • Une motion de censure, déposée par le RN, pourrait également être débattue dans ce sprint final.

A l’Assemblée nationale, ce jeudi

Il est 9 heures. L’Assemblée nationale est encore bien vide quand s’ouvre la nouvelle séance d’examen de la réforme des retraites. Les députés arrivent au compte-goutte dans l’Hémicycle, où résonnent très vite les escarmouches entre le gouvernement et les députés insoumis. « On vous propose 1.001 options pour financer les retraites. Mais il n’y a qu’un seul impôt qui compte pour vous, c’est l’impôt sur la vie, l’impôt sur le bonheur, deux ans de moins pour les salariés et les Français ! », lance François Ruffin, déjà bien réveillé, aux ministres en contrebas. Un bel aperçu de la journée : les échanges patinent tandis que les heures défilent. Les débats doivent se terminer demain vendredi, à minuit. Et plusieurs questions restent en suspens avant le sprint final.

L’article 7 sur la retraite à 64 ans sera-t-il débattu ?

Les députés auront-ils le temps d’aborder le report de l’âge légal à 64 ans, mesure phare -et tant décriée - du projet de loi ? Sous l’horloge de l’Assemblée qui défile de manière implacable, les députés passent une bonne partie de ce jeudi… à se reprocher les uns les autres de gagner du temps. Dans la matinée, Gabriel Attal, le ministre du Budget, s’agace des multiples interpellations venues de La France insoumise. « Olivier Dussopt est là, il sera très heureux de répondre à votre question… lorsqu’on sera à l’article 7. Mais ce matin, vous avez un bon rythme, vous êtes un peu moins dans l’obstruction que les précédents jours, on peut y arriver… », raille-t-il.

« On peut encore aborder l’article 7 », veut croire Olivier Faure, le patron du PS, en passant devant les journalistes vers midi, tout en défendant la stratégie d’obstruction menée par la Nupes. « Cela a permis de lever des lièvres, sur les femmes, sur la retraite minimale, sur les carrières longues. A chaque fois, nous avons pu détricoter les éléments de langage du gouvernement ». L’incertitude demeure donc, en cette fin de journée, sur la possibilité de voir l’article 7 débattu, et ce malgré le retrait de milliers d’amendements de la part de la Nupes. D’autant que cette stratégie n’a pas plus à Jean-Luc Mélenchon. « Incompréhensible retrait des amendements du PCF. Pourquoi se précipiter à l’article 7 ? Le reste de la loi ne compte pas ? Hâte de se faire battre ? », a tweeté le patron de LFI.



Dussopt donnera-t-il plus de précision sur la retraite minimale ?

En début d’après-midi, le député PS Jérôme Guedj convie les journalistes pour une conférence de presse inopinée. Après une visite à la direction de la Sécurité sociale, l’élu d’Essonne fustige les chiffres avancés par Olivier Dussopt sur la retraite minimale à 1.200 euros, qui bénéficierait selon le ministre du Travail à 40.000 personnes par an. « Ce chiffre n’a pas été fourni par la Sécurité sociale. Il n’est pas sourcé, pas documenté, pas étayé », dit-il, dénonçant un « flou savamment entretenu » par le gouvernement sur la portée réelle de cette mesure. L’élu socialiste interroge dans la foulée l’intéressé dans l’Hémicycle.

Réplique d’Olivier Dussopt : « Vous perdez les pédales depuis quelques jours [car] vous ne savez pas comment vous refaire la cerise ». Le ministre en profite pour maintenir son chiffre… sans toutefois révéler ses sources. « Je n’ai pas à rendre de comptes ni sur les canaux, ni sur la manière dont je fais les prévisions », ajoute-t-il, sous les huées de la gauche. Le sujet, devenu un nouveau boulet dans la communication du gouvernement, ne manquera pas d’être encore vivement débattu d’ici à vendredi soir.

Qu’en sera-t-il de la motion de censure du RN ?

Un nouvel élément s’est ajouté dans cette dernière ligne droite. Estimant un vote sur l’article 7 impossible, le Rassemblement national a déposé une motion de censure spontanée mercredi soir pour faire tomber le gouvernement. Un moyen de mettre la pression sur la gauche et Les Républicains. « Il faut que les députés opposés à la réforme s’expriment. Le gouvernement a donné de faux chiffres et cache des informations. Quand on est face à un gouvernement qui ment, on le censure », justifie Marine Le Pen face aux journalistes ce jeudi à la mi-journée.

Les élus Nupes et Les Républicains ont déjà indiqué qu’ils ne voteraient pas ce texte, et accusent le RN de voler du temps au débat. Car cette motion de censure pourrait bien être discutée vendredi soir. Mais le député RN Sébastien Chenu se moque des critiques : « La motion met chacun devant ses responsabilités. C’est bien beau de brailler dans l’Hémicycle, mais à un moment, il faut prendre ses responsabilités ». C’est la conférence des présidents, réunie vendredi matin, qui devrait décider quand elle sera débattue.