RUGBYLe stade Vélodrome, l’autre épicentre du rugby

Rugby : Le stade Vélodrome, l’autre épicentre de l’ovalie

RUGBYLe rugby club Toulonnais (RCT) accueille le Stade Toulousain ce samedi soir (21h05) au Vélodrome, un stade qui se met de plus en plus à l’heure du rugby
Les joueurs de Lyon et de Toulon à l'échauffement avant la finale du Challenge Cup, au stade Vélodrome en mai 2022.
Les joueurs de Lyon et de Toulon à l'échauffement avant la finale du Challenge Cup, au stade Vélodrome en mai 2022.  - Pascal GUYOT / AFP
Adrien Max

Adrien Max

L'essentiel

  • Le RCT (Rugby Club Toulonnais) reçoit ce samedi soir (21h05) le leader du Top 14, le Stade Toulousain, dans un match délocalisé au stade Vélodrome.
  • Durant les prochains mois, le stade Vélodrome accueillera un autre match du RCT, ainsi que plusieurs affiches de la Coupe du monde de rugby, la finale du Top 14 2024, et peut-être des matchs des Bleus pour le tournoi des VI nations.
  • Cet élan populaire pour le rugby à Marseille, comme en témoignent les plus de 40.000 places vendues pour Toulon - Toulouse, ne se concrétise pas par l’émergence d’un club au plus haut niveau.

«Tout le monde connaît le Vélodrome, c’est un stade mythique. Jouer devant 40.000 personnes, c’est dingue. Pouvoir jouer devant autant de monde, ça va nous donner de l’adrénaline et un sacré engouement ». Le talonneur du Rugby Club Toulonnais, Teddy Baubigny, pourtant natif de la région parisienne, n’a qu’une hâte : celle de jouer au stade Vélodrome ce samedi soir (21h05) pour le choc de la 18e journée de Top 14 entre le RCT et le Stade Toulousain.

« Une opportunité d’aller jouer dans un stade si beau, si grand, et si mythique », pour l’arrière Aymeric Luc, amenée à se répéter puisque les Toulonnais joueront également leur match contre Clermont le 6 mai prochain au stade Vélodrome. L’enceinte fait la part belle au rugby depuis plusieurs saisons, avec les demi-finales du Top 14 organisées à Marseille en 2017, les finales de la Champions Cup et du Challenge Cup en mai dernier, ou le match du XV de France contre l’Afrique du Sud en novembre 2022.

« Une terre de rugby »

Et dès septembre prochain, plusieurs matchs de la Coupe du monde, dont un de l’Angleterre et de la France, deux de l’Afrique du Sud, avant deux des quatre quarts de finale. Ce n’est pas tout, puisque la finale du Top 14 2024 se disputera également au stade Vélodrome à cause de l’indisponibilité du stade de France avant les prochains Jeux de Paris. L’antre de l’Olympique de Marseille pourrait également récupérer des matchs du XV de France du tournoi des VI Nations, pour la même raison. « Pour l’instant il n’y a pas de discussion, mais on a l’enceinte la plus belle de France, on est prêt à accueillir une ou deux affiches du tournoi », annonce Sébastien Jibrayel, adjoint aux sports à la mairie de Marseille.

Tout simplement parce que Marseille et sa région sont « une terre de rugby, on voit que les spectateurs répondent présents lorsqu’on accueille des matchs de Top 14, ou internationaux, avec l’affluence record et un stade Vélodrome à guichets fermés pour la réception de l’Afrique du Sud », souligne l’adjoint. Ce que confirme Stéphane Tollet, président de la section rugby du SMUC, club du 8e arrondissement, la première section de rugby de Marseille qui a fêté ses 100 ans : « Les vocations sont déjà là, notre école de rugby est la plus grande de tout Paca, et Marseille Rugby Méditerranée qui approche la nôtre, est la deuxième de la région », cadre-t-il.

Aucun club de Marseille au plus haut niveau

Une terre de rugby et des vocations à la pelle qui « n’ont pas attendu les grands événements », comme ces matchs organisés au stade Vélodrome, pour se développer. Mais le rugby se heurte trop souvent à un plafond de verre. Le seul club de haut niveau se situe à Aix, avec Provence Rugby, et il n’y en a aucun à Marseille. « C’est quand même dingue, on a un bassin de population de plus d’un million d’habitants, on a plus de 1.500 élèves dans les écoles de rugby, mais on est obligé d’en refuser à cause du manque d’infrastructures », regrette Stéphane Tollet.

Des tentatives ont bien eu lieu, comme en 1990 avec Jean-Pierre Audier, l’ancien président de la section rugby du SMUC, qui ambitionnait de faire monter le club en première division [la plus haute division de l’époque : il n’y avait pas de ProD2 ni de Top14]. Et plus récemment, en 2009, et la signature de feu Jonah Lomu à Marseille Vitrolles avec l’ambition de faire monter le club de fédérale 1. « Mais à chaque fois il y a des raisons politiques, parfois stratégiques », comme autant d’ingrédients à des échecs cuisants, selon le président du SMUC.

Volonté municipale

La nouvelle municipalité élue en 2020, le Printemps Marseillais, a d’ailleurs pris en main ce chantier du rugby à Marseille. « La fibre ovalie dans cette ville aurait dû permettre d’y développer et promouvoir ce sport. Il n’y avait pas assez de politiques de proximité, pas d’accompagnements des clubs, pas d’infrastructures. C’est la première fois que nous dédions un site entièrement au rugby, avec le stade Roger-Couderc dans le 15e arrondissement, avec deux terrains dignes de ce nom. Quelque chose qui aurait dû être fait en 2007, lors de la dernière Coupe du monde organisée en France, mais la mairie de l’époque préférait la politique spectacle plutôt que de se soucier de la promotion de ce sport et des sportifs marseillais », tacle Sébastien Jibrayel.

Avec la « volonté de voir un jour une équipe marseillaise se hisser dans le Top 14 » grâce à « tous ces chantiers lancés » en faveur du rugby. Même si l’élu a bien conscience que ça ne se fera pas « en un jour ». En attendant, Marseille vibre à travers son voisin toulonnais, tout en lui « offrant » une exposition bienvenue.