TENSIONSUne responsable syndicale bientôt expulsée de Tunisie pour « ingérence » ?

Tunisie : Le président ordonne l’expulsion d’une responsable syndicale européenne pour « ingérence »

TENSIONSPlusieurs milliers de syndicalistes avaient manifesté samedi, notamment à Sfax dans le centre-est de la Tunisie, pour protester contre l’arrestation de l’un de leurs responsables, ainsi que contre la dégradation de la situation économique
Le président tunisien Kais Saied.
Le président tunisien Kais Saied.  - Mosa'ab Elshamy/AP/SIPA / SIPA
20 Minutes avec AFP

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Le président tunisien Kais Saied a ordonné samedi l’expulsion de la plus haute responsable syndicale de l’Union européenne pour des déclarations qualifiées par Tunis d' « ingérence flagrante » dans les affaires intérieures du pays, selon la présidence. « Sur ordre du président Kais Saied, les autorités tunisiennes ont ordonné le départ d’Esther Lynch », la secrétaire générale de la Confédération européenne des syndicats, a indiqué la présidence dans un communiqué.

Esther Lynch « a pris part à une manifestation organisée par l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) et a tenu des propos qui constituent une ingérence flagrante dans les affaires intérieures de la Tunisie », selon le communiqué. Les autorités lui donnent 24 heures pour quitter la Tunisie où elle est désormais considérée comme « persona non grata », selon la même source.



« Ne touchez pas à nos syndicats, libérez nos dirigeants »

Plus tôt dans la journée, la responsable syndicale européenne avait pris part à une manifestation organisée à l’appel de la puissante centrale syndicale UGTT dans la ville portuaire de Sfax. Il s’agissait d’une des nombreuses manifestations organisées simultanément dans plusieurs villes du pays pour protester contre l’arrestation d’un important responsable syndical local et contre la dégradation de la situation économique.

Venue apporter la « solidarité de la part de 45 millions de travailleurs en Europe », Esther Lynch s’est adressée à la foule réunie dans ce bastion historique du syndicalisme tunisien. « Nous disons aux gouvernements : ne touchez pas à nos syndicats, libérez nos dirigeants », a-t-elle lancé. Le gouvernement tunisien doit « s’asseoir et négocier avec l’UGTT pour trouver une solution » afin d’améliorer la situation politique et économique actuelle, a-t-elle ajouté. Les manifestants protestaient notamment contre l’arrestation fin janvier d’Anis Kaabi, responsable pour la branche autoroutes de l’UGTT.