FOOTBALLComment Randal Kolo Muani est devenu un killer depuis la finale du Mondial

Ligue des champions : Comment Randal Kolo Muani est devenu un killer depuis la finale de la Coupe du monde

FOOTBALLAprès avoir failli donner le titre aux Bleus en finale du Mondial, l’attaquant de Francfort, qui affronte Naples en huitième de finale de Ligue des champions ce mardi, affiche des stats incroyables en club
Randal Kolo Muani réalise une début d'année 2023 stratosphérique.
Randal Kolo Muani réalise une début d'année 2023 stratosphérique. - Action Press//SIPA / SIPA
Antoine Huot de Saint Albin

Antoine Huot de Saint Albin

L'essentiel

  • Avec l’Eintracht Francfort, Randal Kolo Muani affronte Naples, ce mardi, en huitièmes de finale de la Ligue des champions.
  • Après être passé proche de donner le titre mondial à l’équipe de France en décembre, l’ancien attaquant de Nantes réalise un début d’année stratosphérique avec le club allemand.
  • Une chanson à son nom dans le stade, les louanges du coach, les plus gros clubs qui pointent leur nez… 2023 sera Kolo Muani ou ne sera pas.

Il n’y a plus qu’à choisir le réalisateur, Martin Scorsese ou Damien Chazelle si vous nous demandez notre avis, mais le scénario est prêt. Et le twist de fin, déjà connu. L’histoire de ce petit gars de région parisienne, appelé en équipe nationale à la dernière minute, qui rate l’occasion de donner le titre de champion du monde à son pays, mais qui revient quatre ans plus tard, soulever le trophée Jules-Rimet après son quadruplé en finale. Ce script est inspiré d’une histoire vraie (si, si, vous verrez), celle de Randal Kolo Muani.

Son nom est, malheureusement, associé à cette action dans les dernières minutes de la finale de la Coupe du monde, où après avoir redonné vie à des Bleus qui étaient jusqu’alors en réanimation, Randal Kolo Muani a buté sur Emiliano Martinez. La suite, tout le monde la connaît : les tirs au but, la défaite, Martinez qui fait le malin, la France qui pleure, Deschamps qui est prolongé, NLG qui creuse sa tombe… « [Cette action], je l’ai encore en travers de la gorge et je l’aurai à vie, expliquait RKM sur beIN Sports début février. Je pense que ce but que j’ai raté va me donner de la force. C’est ça qui va me pousser tout le temps à marquer et à me surpasser. »

Le double double from downtown

Et, contrairement à l’émission politique de France 2 où les deux groupes nominaux étaient bien éloignés, Kolo Muani a fait sienne l’expression « des paroles et des actes ». Depuis le début de l’année 2023, l’attaquant de l’Eintracht Francfort, qui affronte Naples en huitièmes de finale de la Ligue des champions ce mardi, a marqué sept buts et réalisé deux passes décisives en sept rencontres. Au total, depuis le début de la saison, l’ancien Nantais en est à dix buts et dix passes décisives. Depuis que les données sont collectées par l’Eintracht, en 2004-2005, c’est la première fois qu’un joueur du SGE réalise un double double, comme on dit au basket. Et il reste presque une demi-saison.


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« Je pense que Randal est encore plus fort qu’avant la Coupe du monde, nous explique Christopher Michel, journaliste spécialiste de l’Eintracht pour le site Sport1. Il marque plus de buts, il tente plus sa chance, il s’est amélioré d’un point de vue technique. C’est impressionnant la façon dont il est devenu un joueur complet. Avant la Coupe du monde, il était un très bon joueur de Bundesliga. Maintenant, c’est devenu un top joueur international. »

« L’un des meilleurs joueurs de Bundesliga »

A tel point qu’il est devenu, selon les supporteurs de Francfort, comme Stefan (28 ans) et Oscar (17 ans) « l’un des meilleurs joueurs de l’histoire du club et du championnat ». « Je pense que son occasion ratée en prolongation l’a rendu plus fort et meilleur devant le but, raconte le premier, créateur de la chaîne YouTube HSPLP. Comme lorsqu’il marque face à Darmstadt [en Coupe d’Allemagne], où il montre tout ce dont il est capable. » Un appel en profondeur depuis la ligne médiane, une course rapide, une temporisation pour fixer le gardien, un intérieur du pied à la Henry, petit filet.

« Je pense qu’il a appris énormément de choses en côtoyant des joueurs world class comme Mbappé ou Griezmann, reprend le journaliste. Ils l’ont aidé à devenir un meilleur joueur. On ne sait pas ce qu’il serait devenu s’il avait marqué face à l’Argentine, mais je pense que ça l’a motivé encore plus, qu’il ne veut plus jamais se retrouver dans cette situation et subir le même échec. » Le constat est partagé par Pierre Aristouy, entraîneur de la réserve du FC Nantes, qui a formé Kolo Muani :

« La Coupe du monde lui a fait franchir un cap. On apprend de tout au football. Tous les moments passés sur un terrain vous servent, vous permettent de vous améliorer. S’il se retrouve dans pareille situation [que celle de la finale du Mondial] en championnat, il sera sûrement beaucoup plus armé mentalement et tranquille dans sa tête pour évaluer la situation. » »

Le formateur, qui a des étoiles dans les yeux au moment de disserter sur son protégé, n’est pas surpris par la dimension prise par l’attaquant. Mais plus par la rapidité avec laquelle tout cela s’est fait : « C’est quelqu’un qui ne se pose pas vraiment de questions. Les qualités et le potentiel, il les avait. Après, le potentiel peut être gâché par des éléments limitateurs, comme l’appréhension, le stress. Mais lui, il est dégagé de tout ça. Il a toujours eu cette personnalité, cette nonchalance qui, à l’époque quand il ne jouait pas, pouvait apparaître comme un défaut, mais qui se révèle aujourd’hui comme un atout incroyable. »



Il est devenu plus complet

Comme lorsqu’il faut entrer en finale de Coupe du monde, au moment où tout un peuple commençait déjà à ranger le champagne et les cotillons. Ou comme lorsqu’il dribble tranquillement Dayot Upamecano pour égaliser contre le Bayern. « Bien sûr que ça aurait été génial qu’il marque en finale, mais ça l’a motivé à travailler sur lui-même pour devenir encore plus complet, assure Christopher Michel. Il a fait de gros progrès depuis la finale, et ça montre sa mentalité. »

Restent tout de même quelques petits points à améliorer en vue de claquer le quadruplé en finale de la Coupe du monde en 2026 :

  • « Il n’a presque pas de faiblesses, mais il doit encore travailler son jeu de tête, qui n’est pas brillant, et un peu sa technique », selon Christopher Michel.
  • « Parfois, il a tendance à ne pas savoir quand tirer ou attendre ses partenaires », d’après Oscar.
  • « Ne pas en rajouter sur le terrain après des tacles. Parfois, j’ai l’impression qu’il essaie d’imiter Neymar », estime Stefan.

Mais, contrairement au Brésilien du PSG, le Bondynois (oui, lui aussi) est adoré par le public du Deutsche Bank Park, et encore plus depuis la Coupe du monde. Randal Kolo Muani a même une chanson dédiée dès qu’il marque. Autant dire, qu’en ce moment, l’air reste bien en tête. « Mais, plus il marquera de buts, plus ça sera difficile pour Francfort de le garder, tempère Christopher Michel. Mais si un club veut l’acheter, Markus Krösche, le directeur sportif, a fixé le prix à 100 millions d’euros, et je pense que peu de clubs vont pouvoir payer cette somme. » C'est oublier que Manchester United a mis le même prix pour recruter Antony. Et la toupie brésilienne ne fait plus du tout tourner les têtes.