URBANISMEA la Porte de Montreuil, les élus s’écharpent et les habitants désespèrent

Paris : « Les travaux doivent commencer… » A la Porte de Montreuil, les habitants perdent patience

URBANISMELes riverains du quartier de la porte de Montreuil ont récolté près de 1.500 signatures dans une pétition demandant le lancement des travaux
Les travaux de rénovation de la porte de Montreuil s'étaleront entre 2023 et 2029.
Les travaux de rénovation de la porte de Montreuil s'étaleront entre 2023 et 2029. - CAPMAN/SIPA / SIPA
Romarik Le Dourneuf

Romarik Le Dourneuf

L'essentiel

  • Avec le projet alternatif que vont proposer les écologistes de Paris au prochain Conseil de Paris, le réaménagement du quartier de la Porte de Montreuil semble ne jamais aboutir.
  • Face au risque de voir de nouveau repoussé les travaux, les habitants, qui attendent un nouveau quartier depuis 2001, s'organisent pour tenter de pousser les élus à lancer les travaux.
  • Mais avec les réticences d'une partie de la majorité et les recours que pourraient déposer associations et puciers, les riverains risquent de devoir attendre encore longtemps.

«On ne veut pas attendre 20 ans de plus ! » Ce mercredi, le collectif Porte de Montreuil appelle à un rassemblement devant la Recyclerie Emmaüs (20e arrondissement). La raison de leur courroux ? Ils voient poindre un nouveau report des travaux du quartier, annoncés depuis… 2001.

Le grand projet d’aménagement de la Porte de Montreuil voté à la quasi-unanimité du Conseil de Paris en 2019, les habitants du quartier espéraient voir les engins de chantier s’affairer en 2022. Au lieu de cela, ils ont vu l’opération, portée par Nexity et la Ville de Paris, remise en question à la demande du groupe écologiste de Paris. « C’est à ce moment-là qu’on a commencé à se mobiliser, explique Anne-Laurence Vesperini, porte-parole du collectif, on a senti que ça tournait au vinaigre. » Leur instinct ne les a pas trompés.

« Il y en aurait pour des années »

Ce dimanche, les Verts ont présenté une contre-proposition au projet initial chez nos confrères du Parisien. « C’est la goutte qui fait déborder le vase », commente Anne-Laurence Vesperini. Car le projet alternatif, vanté plus écologique et plus en accord avec les objectifs climatiques de la ville ne convainc pas les riverains.


Le collectif Porte de Montreuil veut faire entendre son mécontentement avec ce slogan "Ici les Verts plantent les habitants"
Le collectif Porte de Montreuil veut faire entendre son mécontentement avec ce slogan "Ici les Verts plantent les habitants" - Collectif Porte de Montreuil

Non parce que ces derniers s’opposent à un quartier plus vert ou parce qu’ils sont fans de l’immeuble-pont prévu dans le programme de Nexity, mais parce qu’ils n’y croient que peu, voire pas du tout. Surtout, ils ne veulent plus attendre : « Ils nous vendent un projet réalisable en trois ans, mais ce n’est pas possible. Il y aurait toutes les études à faire, les négociations avec le précédent promoteur pour le dédommagement des frais déjà engagés, de nouveaux votes à appliquer. Rien que pour cela, il y en aurait pour des années. »

Car c’est aussi sur le champ de la rapidité des ouvrages que se dessine cette bataille entre la majorité et… une partie de la majorité.

« Puciers » et ONG opposés au projet

Et si les écologistes concèdent, par la voix d’Emile Meunier, élu et membre de la commission Urbanisme de Paris, joint par 20 Minutes, que le délai avancé est très ambitieux, ils assurent qu’il serait terminé bien avant le projet de Nexity : « Pour le lancer, ils doivent déposer un permis qui fera l’objet de nombreux contentieux puisque plusieurs ONG ont déjà annoncé vouloir déposer des recours à ces constructions. Elles sont prêtes à aller jusqu’au Conseil d’Etat. Cela pourrait prendre des années. »

Autre élément perturbateur dans l’avancée du dossier, le marché aux Puces. Installé depuis près de 150 ans, le projet de Nexity prévoit une délocalisation dans la halle d’un centre commercial. Véritable institution dans le quartier, le marché pourrait ne pas survivre à ce projet. D’abord parce que son nouvel emplacement pourrait lui faire perdre une grande partie de son charme, et ainsi faire fuir les adeptes. Et ensuite parce qu’il ne disposerait pas de places suffisantes pour tous les « Puciers ». Pour le moment, entre un quart et la moitié des commerçants y trouveraient une place. Enfin parce qu’il leur coûterait plus cher pour des espaces réduits (9m² contre 25m² en moyenne). Des conditions qui rebutent la grande majorité des concernés et qui pourraient aussi déposer des recours.

« La ville s’est engagée sur un projet qui ne peut pas voir le jour, ajoute l’élu écologiste, plus on insiste, plus ça retardera les travaux. »

Les habitants se préparent à un long combat

Du côté de la municipalité pourtant, on garantit vouloir accélérer les choses. Jacques Baudrier, adjoint de la Maire de Paris à la construction publique, espère même lancer les « hostilités » dès 2023 : « Nous avons déjà discuté depuis très longtemps sur ce sujet. Et d’un coup, les Verts font volte-face. » Exaspéré par la situation, Jacques Baudrier appelle ses collègues du Conseil de Paris à plus de responsabilité : « Leur projet n’est pas évalué et totalement irréaliste. Tant sur le plan financier que sur le plan de la pollution sonore. Nous devons avancer sur le projet établi, pour le bien des habitants. »

Les élus espèrent trouver un accord d’ici au vote du Plan local d’urbanisme dont la concertation devrait s’achever, en mars, par un vote.



« Nous demandons à la municipalité de respecter ses engagements. L’immeuble-pont ou pas, on s’en fout. Des arbres en plus ? Bien sûr qu’on est pour. Cela fait 20 ans qu’on attend, qu’on traverse ce rond-point sale, pollué, bruyant et dangereux deux fois par jour. Les travaux doivent commencer » Pour cela, ils veulent mobiliser dès ce mercredi et pourraient envisager de passer une nouvelle vitesse pour défendre leur cause : « Nous ne sommes pas une organisation avec des moyens. Nous n’avons pas encore d’avocat, mais nous avons des compétences et nous nous organisons », prévient Anne-Laurence Vesperini.