loyauté (ou pas)L’extrême droite française reconnaît sa « naïveté » face à Poutine

Guerre en Ukraine : L’extrême droite française reconnaît sa « naïveté » face à Vladimir Poutine

loyauté (ou pas)En février 2022, l’invasion russe de l’Ukraine avait plongé dans l’embarras les grands mouvements d’extrême droite en Europe
Le président du Rassemblement national (RN) et député européen Jordan Bardella lors d'une conférence de presse , le 13 janvier 2023.
Le président du Rassemblement national (RN) et député européen Jordan Bardella lors d'une conférence de presse , le 13 janvier 2023. - Alain ROBERT / SIPA
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

D’une position longtemps bienveillante à l’endroit de la Russie à l’aveu d’une « naïveté collective » face aux ambitions de Vladimir Poutine, l’extrême droite française et sa chef de file Marine Le Pen ont fait évoluer leur discours sur la question ukrainienne.

En février 2022, l’invasion russe de l’Ukraine avait plongé dans l’embarras les grands mouvements d’extrême droite en Europe, qui oscillaient entre loyauté idéologique envers Vladimir Poutine et solidarité avec Kiev, tout en pointant la responsabilité, à leurs yeux, de l’Occident dans le conflit. Jeudi, à la veille de l’anniversaire du déclenchement de la guerre, le président du Rassemblement national (RN) Jordan Bardella a reconnu, dans le quotidien L’Opinion, « une naïveté collective à l’égard de la volonté expansionniste de Vladimir Poutine ».

Marine Le Pen n’a pas caché un intérêt pour Vladimir Poutine

Deux semaines plus tôt, l’eurodéputé s’était levé dans l’hémicycle de Bruxelles pour applaudir le président ukrainien Volodymyr Zelensky contre l’avis d’autres parlementaires RN. Le député européen Thierry Mariani, l’un des plus russophiles des élus français, avait séché la séance. Marine Le Pen a elle-même surpris en se rendant à un dîner organisé par la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, à l’occasion de la venue à Paris de son homologue ukrainien.

Chantre d’une « résolution diplomatique du conflit », Marine Le Pen a constamment fustigé la livraison d’armes françaises aux troupes ukrainiennes, notamment les canons Caesar. Des fournitures d’armement que Jordan Bardella ne conteste plus désormais en bloc.

L’heure est désormais à la discrétion sur la question. « Les gens se lassent… », fait observer Renaud Labaye, secrétaire général du groupe RN à l’Assemblée nationale et proche de Marine Le Pen. Si cette dernière est « montée au front quand Emmanuel Macron s’est montré un peu va-t-en-guerre, on n’est pas arrivé à un degré où ça mériterait de mettre un stop au président de la République », poursuit-il.



Les stratèges du Rassemblement national ont également constaté que leur pari d’il y a un an d’une défiance dans l’opinion vis-à-vis de l’aide française apportée à l’Ukraine s’est révélé perdant. Selon un sondage Ipsos paru mardi, 56 % des Français sont « en faveur d’un soutien continu de la France à l’Ukraine jusqu’à ce que toutes les forces russes se soient retirées du territoire revendiqué par l’Ukraine » (23 % contre), un soutien qui tombe à 42 % chez les sympathisants du RN, mais toujours supérieur aux 39 % qui y sont opposés.