ReportageA Marseille, une association aide les Ukrainiens à remplir leur panier

Marseille : Une association aide chaque semaine des réfugiés ukrainiens à remplir leur panier

ReportageUne association marseillaise délivre tous les jeudis des paniers solidaires aux réfugiés ukrainiens
Des produits à bas prix sont aussi proposés aux réfugiés
Des produits à bas prix sont aussi proposés aux réfugiés - C.Delabroy/20 Minutes / C.Delabroy/20 Minutes
Caroline Delabroy

Caroline Delabroy

L'essentiel

  • L’association Vendredi 13 distribue tous les jeudis des colis solidaires à 8 euros aux réfugiés ukrainiens, qui se sont passé le mot par bouche à oreille.
  • Près de 300 personnes ou familles sont inscrites, parmi lesquelles des gens âgés, des mères célibataires, quelques pères de famille aussi.
  • Depuis Marseille, beaucoup attendent de pouvoir repartir en Ukraine dès que le pays sera sûr.

Ludmila entre tout sourire avec, dans une poche transparente, un petit cœur de Saint-Valentin découpé dans du papier couleur pour toute l’équipe de l’association Vendredi 13. Tous les jeudis, cette femme de 67 ans vient dans ce local de Bon-Secours, dans les quartiers nord de Marseille pour bénéficier d’un panier solidaire complet d’une valeur de 40 euros, proposé au prix de 8 euros. Ses yeux fardés de vert, assortis à la couleur de son pull, racontent les sentiments mêlés. Entre l’inquiétude pour un fils médecin resté à Kiev, la « gratitude » pour l’accueil qu’elle a trouvé à son arrivée en mars dernier, et la vie qui suit son cours malgré tout.

Les ongles peints de rose, la queue-de-cheval tirée haut sur le crâne, Inna reste discrète sur son âge. Sa mère vit toujours à Dnipro, dans le centre de l’Ukraine. Elle a fui le pays en bus via la Pologne avec son fils de 13 ans, aujourd’hui collégien à Marseille. « Le problème, c’est que je n’arrive pas à trouver des cours de français et je veux apprendre la langue pour pouvoir travailler, mon allocation est de 300 euros, ce qui est très peu pour vivre », confie-t-elle via la conversation google trad sur le téléphone. « En Ukraine, j’avais un endroit où vivre, j’avais un travail dans le marketing, une voiture. Je me sentais une personne de valeur là-bas », ajoute-t-elle.

« Beaucoup de femmes seules avec enfants »

Les traits fatigués, Denys, 37 ans, tend à l’équipe son caddie. Ses enfants de 3 et 8 ans sont scolarisés ici et apprennent le français. Lui aussi attend la fin de la guerre pour retourner en Ukraine, où vit toujours sa sœur. « Beaucoup ont l’espoir de rentrer, mais quand, ils ne le savent pas », affirme Bernard Nos, cofondateur de Vendredi 13, qui s’emploie à faire de cette distribution un moment convivial. Une pièce avec des sièges permet de patienter en attendant d’entrer dans le local, à tour de rôle. Derrière des lunettes aux verres fumés, David, salarié de l’association, fait l’interprète en russe : « Je viens de Géorgie, je suis arrivé à Marseille en 2018. Ce qu’ils ont traversé, ce qu’ils ressentent, je l’ai vécu aussi. J’essaie de les aider au mieux. » Il répond aux questions et porte les sacs remplis pour monter les quelques marches à la sortie du local.

Il fait aussi les comptes avant le passage en caisse : un petit coin épicerie permet de compléter le panier avec des produits vendus entre 1 euro et, pour un paquet de couches ou du lait infantile, 5 euros. L’équipe glisse aussi des bonbons dans le sac pour les enfants. « Il y a beaucoup de femmes seules avec des enfants, des personnes âgées, mais aussi des pères de famille et un groupe de sourds-muets, les premiers à être arrivés ici du fait de leur handicap qui ne permet pas d’entendre les alertes à la bombe, témoigne Monique Blanc, cofondatrice de l’association. C’est un public en souffrance mais solidaire entre eux. Ils viennent vers nous par le bouche-à-oreille, et non sur orientation des travailleurs sociaux comme pour les autres distributions. » Elle tient à jour le fichier des 300 familles inscrites à ce jour : un justificatif de l’ADA (allocation pour les demandeurs d’asile) est nécessaire pour bénéficier des colis. L’association a délivré jeudi 42 paniers solidaires, mais le plus souvent c’est plutôt 70. « C’est la fin du mois, relève Bernard Nos. Les finances sont serrées. »