PODCAST« Affaires sensibles » et les secrets autour de l’enlèvement de Mia

France Inter : « Affaires sensibles » dévoile les secrets autour de l’affaire Mia

PODCASTDurant la semaine du 27 février, l’émission de Fabrice Drouelle revient, à travers une fiction, sur l’enlèvement de la petite Mia en 2021
Des micros aux couleurs de France Inter.
Des micros aux couleurs de France Inter. - Joël SAGET / AFP / AFP
Lina Fourneau

Lina Fourneau

L'essentiel

  • Dès lundi 27 février, les fans de l’émission Affaires sensibles de Fabrice Drouelle sur France Inter pourront découvrir une nouvelle fiction.
  • Ecrite par Vincent Hazard et réalisée par Cédric Aussir, « Opération Lima » s’intéresse à l’enquête ayant suivi l’enlèvement de la petite Mia, 8 ans, en avril 2021.
  • 20 Minutes s’est entretenu avec le scénariste qui évoque une enquête hors normes dans une société bouleversée par le confinement et les dérives du complotisme.

C’était le 13 avril 2021. La France subissait son troisième confinement et, ce jour-là, une alerte enlèvement créait la zizanie sur l’ensemble du territoire. Aux Poulières, un village des Vosges – territoire déjà meurtri par la mort près de quarante ans plus tôt de Grégory Villemin – la petite Mia, 8 ans, était enlevée par deux hommes chez sa grand-mère. Bernée par les faux inspecteurs des services sociaux, cette dernière a donné l’alerte. Cinq jours plus tard, la petite fille a été retrouvée avec sa mère, complice de l’enlèvement, dans un squat en Suisse.



Ce fait divers aussi effroyable que mystérieux est encore aujourd’hui entouré de zones d’ombre. C’est une des raisons qui a poussé le scénariste Vincent Hazard à s’y intéresser à travers une nouvelle fiction, diffusée dès ce lundi 27 février dans l’émission Affaires sensibles sur France Inter. A travers six épisodes de trente minutes, répartis tout au long de la semaine, la fiction Opération Lima raconte la traque des ravisseurs sur cinq jours. Mais pas seulement.

« De véritables pieds nickelés »

A travers ce récit, le scénariste Vincent Hazard s’attarde sur des éléments importants de l’enquête – sans doute trop ignorés à l’époque par les médias. « Au départ, j’ai eu l’idée de cette affaire car j’avais un peu loupé l’enquête et il me semblait que c’est parce qu’elle avait été résolue assez vite. Mais, en relisant les articles, il me semble surtout que ça avait parfois été très traité d’un point de vue trop sensationnaliste. On parlait d’un commando de barbouzes alors que, en fait, ils étaient bien plus incompétents », nous confie Vincent Hazard. Lors de l’écoute, on découvre en effet que les ravisseurs n’avaient rien de personnages terrifiants. « De véritables pieds nickelés », ajoute le scénariste du podcast. Tout l’enlèvement est en réalité improvisé, sans aucune réelle maîtrise de la situation.

Mais il résonne surtout dans ce récit l’écho d’une période postconfinement où de nombreuses incertitudes se sont installées dans la société. Les ravisseurs sont en fait des marginaux aux horizons différents qui se laissent tenter par les discours complotistes de politiques parfois opportunistes. « Ce n’est pas des gens inhumains, mais ils se retrouvent embrigadés dans quelque chose », décrit Vincent Hazard.

Le faux gourou

C’est d’ailleurs un des éléments marquants de cette fiction : l’engrenage qui pousse vers le complotisme. Parmi les personnes impliquées dans l’affaire, il n’y a pas une seule lutte, mais toutes les causes se mélangent. Le coronavirus et la gestion de la crise sanitaire, le confinement, les vaccins, l’aide à l’enfance et les réseaux de pédophilie. « On peut voir qu’il y a réellement eu un point de bascule avec le confinement, ça a été une sorte de centrifugeuse. Ils se sont tous monté la tête, notamment sur Internet », souligne le scénariste.

Un autre personnage revient également dans le récit podcast : Rémy Daillet. En 2021, l’homme vivant en Malaisie avait été décrit comme l’instigateur de l’enlèvement de la petite Mia. « C’est intéressant parce que, quand on regarde de près, on se rend compte qu’il tirait juste les ficelles », résume Vincent Hazard. Mais il est loin d’être un gourou qui aurait une emprise psychologique, s’il est au sommet de ce petit monde, il ne les a pas aidés à préparer l’enlèvement. L’auditeur d’Affaires sensibles découvrira ainsi que la petite Mia n’était qu’un pion dans le plan de Rémy Daillet. Lui, visait plus haut : le renversement du gouvernement. Mais la découverte de l’identité des ravisseurs mettra finalement fin à ses projets, laissant ses réseaux s’effondrer.

Ne pas tomber dans le faux

Outre le contexte de l’époque parfaitement restitué, le temps est également très important dans la construction de cette nouvelle fiction. Les six épisodes se déroulent en seulement cinq jours de traque où se mélangent flash-back médiatiques, portraits des ravisseurs, des complices et de la famille. Tout du long, l’auditeur est véritablement tenu en haleine grâce aux nombreuses fausses pistes qui nous tiennent jusqu’au bout.

Pour Vincent Hazard, le défi était surtout de ne pas tomber dans le fantasme des fictions qui parfois vont trop loin dans ce qu’elles racontent. Le scénariste souhaitait avant tout respecter le temps de l’enquête, les accusés étant encore en attente de jugement. « Il y a des fictions qui, à mon avis, prennent trop de libertés par rapport au sujet, et ça dénature. C’est une espèce de pacte moral que l’auteur passe avec la réalité et les gens qui sont incriminés », conclut Vincent Hazard.