CHANGEMENT CLIMATIQUEL’immobilier se porte bien en bord de mer malgré la montée des eaux

Immobilier : Le littoral attire toujours autant malgré la montée des eaux et l’érosion côtière

CHANGEMENT CLIMATIQUE« Les atouts offerts par la mer sont tellement grands qu’il y a des gens qui trouveront toujours un intérêt à faire l’acquisition de ces biens », explique une chercheuse
Une falaise en bord de mer en Bretagne. (Illustration)
Une falaise en bord de mer en Bretagne. (Illustration) - jackmac34 / Pixabay / jackmac34 / Pixabay
20 Minutes avec agences

20 Minutes avec agences

Le changement climatique ne plombe aucunement le prix des maisons en bord de mer. Selon la géographe Eugénie Cazaux, l’attrait pour le littoral reste plus fort que le risque de submersion, même pour des biens immobiliers menacés à court terme.

La chercheuse de l’Université de Bretagne occidentale (UBO) a commencé à s’intéresser au sujet en 2015-2016. La problématique de l’érosion côtière avait pris un caractère imminent avec le cas de l’immeuble Le Signal à Soulac-sur-Mer (Gironde), menacé par l’avancée de la mer. Le bâtiment a été évacué en janvier 2014 et détruit en février 2023.

Comparer immobilier et environnement

« J’avais appris que des gens avaient continué à acheter au prix du marché dans cette résidence jusqu’en 2011-2012 », raconte Eugénie Cazaux. « Les atouts offerts par la mer sont tellement grands qu’il y a des gens qui trouveront toujours un intérêt à faire l’acquisition de ces biens, quel que soit le degré d’exposition aux risques côtiers. »

Pour vérifier cette intuition, la géographe a exploité la base de données nationale des transactions foncières immobilières entre 2010 et 2016. Elle a ensuite comparé ces données aux cartes de risques d’érosion et de submersion marine et a interrogé des agents immobiliers, des élus et des responsables de collectivités locales sur le sujet.

« On s’en fiche, on prend quand même »

La chercheuse a ainsi découvert plusieurs « profils d’acquéreurs » prêts à acheter « des biens immobiliers menacés à très court terme par l’érosion » : investisseurs spécialisés dans la location saisonnière, retraités soucieux de vivre en bord de mer, acheteurs aisés fonctionnant au coup de cœur… Les acheteurs expérimentent un « biais d’optimisme » qui les pousse à « mettre à distance le risque ».



« Aujourd’hui, le problème, c’est pas de vendre, c’est de trouver le produit », confirme un agent immobilier du Morbihan. « On a une bonne partie de la clientèle qui achète en connaissance de cause. Ils disent : ça sera inondé dans 30 ou 40 ans, on s’en fiche, on prend quand même. »

La problématique des indemnisations

Même le passage de la tempête Xynthia en février 2010 n’a pas eu d’influence sur les prix de l’immobilier dans les zones touchées de Charente-Maritime. Certains quartiers frappés par la tempête ont même gagné en attractivité depuis la catastrophe, grâce aux travaux de reconstruction.

La persistance de prix immobiliers élevés dans des zones menacées par le réchauffement climatique pose la question des éventuelles indemnisations futures. En cas de submersion marine, le régime « Catastrophe naturelle » payé par chaque Français sur son assurance habitation prend en charge les réparations. Des fonds publics peuvent aussi être engagés. Autant de sommes qui peuvent être amenées à augmenter drastiquement au vu du marché actuel.