La belle affaireHausse des bénéfices et pactole pour les actionnaires des groupes du CAC40

Superprofits : Hausse des bénéfices et pactole pour les actionnaires des groupes du CAC40 en 2022

La belle affaireLe chiffre d’affaires de ces entreprises atteint 1.729 milliards d’euros, en hausse de 19 % sur un an, grâce aux ventes gonflées par l’inflation
Comme les bénéfices, les reversements aux actionnaires progressent aussi.
Comme les bénéfices, les reversements aux actionnaires progressent aussi. - LIONEL BONAVENTURE / AFP / AFP
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

A l’heure où les ménages français croulent sous les factures et l’inflation, les entreprises françaises du CAC40 se portent très bien : en 2022, grâce aux records du luxe et de l’énergie, elles ont généré 142 milliards d’euros de bénéfices cumulés. C’est un peu moins que le sommet de 2021, mais augurant néanmoins d’une année faste pour les actionnaires.

Le chiffre d’affaires de ces entreprises atteint 1.729 milliards d’euros, selon un décompte de l’AFP, en hausse de 19 % sur un an, grâce aux ventes gonflées par l’inflation pour de nombreux groupes. Le bénéfice net recule de 9 % par rapport aux près de 156 milliards de 2021, année marquée par le résultat hors norme de près de 25 milliards de Vivendi en raison d’une cession. En 2022, le géant de médias est même passé dans le rouge, affichant avec 1 milliard d’euros la pire perte du CAC40.

Le plus gros profit revient à CMA-CGM

Le calcul de l’AFP ne prend pas en compte deux groupes, Pernod Ricard et Alstom, qui ont des exercices comptables décalés. Le recul agrégé masque néanmoins des records tous azimuts, à commencer par l’énergie et son fleuron TotalEnergies, qui affiche avec 19,5 milliards d’euros le plus gros profit de l’indice, devant le constructeur automobile Stellantis avec 16,8 milliards d’euros.

Le plus gros profit d’une entreprise française en 2022 est cependant celui de CMA-CGM, troisième armateur mondial, non coté en Bourse, avec 24,9 milliards de dollars. Au total, le secteur de l’énergie réalise 23,2 milliards d’euros de bénéfice (+14 %) malgré d’importantes charges liées à la guerre en Ukraine.

Hors effets comptables, les bénéfices bondissent davantage, reflétant l’année exceptionnelle alimentée par la hausse des prix de l’énergie, dans le sillage de la reprise post-Covid et de la guerre en Ukraine. La guerre a également laissé des traces sur les industriels comme ArcelorMittal, avec un milliard de dollars de provisions pour couvrir ses pertes ukrainiennes.

Renault affiche la deuxième perte nette du CAC, de 338 millions d’euros, après une charge de 2,3 milliards causée par la vente d’Avtovaz, fabricant russe des Lada.

A l’inverse, le luxe (LVMH, Kering, Hermès, L’Oréal) a vu ses profits enfler de 23 %, soit 4,5 milliards d’euros de plus sur un an et une progression de 80 % comparé à 2019 -- profitant de pouvoir répercuter la hausse des coûts de production sur les prix de vente.

Les plus fortes hausses de bénéfice reviennent à Orange (+820 % comparé à 2021, année plombée par une dépréciation) et au fabricant de semi-conducteurs STMicroelectronics (+118 %), qui a profité de la « forte demande » mondiale pour la denrée rare des puces électroniques.



Le pactole des actionnaires

Comme les bénéfices, les reversements aux actionnaires progressent, sous une pluie de critiques reprochant aux entreprises de ne pas verser autant aux salariés, ni d’en faire assez pour le climat. Aucun groupe du CAC40 n’a annoncé baisser son dividende alors que ceux-ci avaient déjà atteint un record en 2022, en France (56,5 milliards d’euros) et dans le monde (1.560 milliards de dollars).

LVMH, qui a payé 5 milliards d’euros d’impôts sur les sociétés dans le monde, devrait verser au total quelque 6 milliards d’euros à ses actionnaires, dont près de 3 milliards reviennent à la famille du PDG Bernard Arnault, et distribuer 400 millions d’euros à ses quelque 39.000 salariés français.


notre dossier sur le cac40

Société générale veut redistribuer 90 % de son bénéfice aux actionnaires, avec une hausse du dividende, malgré la chute de son résultat sous l’effet de la cession de sa filiale russe Rosbank. TotalEnergies va investir 16 milliards de dollars, dont 4 dans des « énergies bas carbone », et payer près de 9 milliards d’euros de dividendes.