POISSONSLa sécheresse plombe la pêche à la truite sauvage, en Loire-Atlantique

Sécheresse : Interdite en Loire-Atlantique, la pêche à la truite sauvage se mue en « recherche de survivants »

POISSONSCe samedi, c’est l’ouverture de la pêche à la truite. Mais « la fête est troublée » en Loire-Atlantique, après deux étés très secs
La pêche à la truite ouvre officiellement ce samedi et pour six mois
La pêche à la truite ouvre officiellement ce samedi et pour six mois - I. Gaizka/ AFP / AFP
Julie Urbach

Julie Urbach

L'essentiel

  • Ce samedi, des milliers et milliers de passionnés vont profiter de l’ouverture de la pêche à la truite en France.
  • Mais en Loire-Atlantique, la sécheresse de ces deux derniers étés a causé « beaucoup de casse » dans le Gesvres et l’Erdre, où la pêche est pour la première fois interdite.

C’est une date que tous les amateurs ont entourée depuis bien longtemps dans leur agenda. Ce samedi, une demi-heure avant le lever du soleil (soit vers 6h45), la pêche de loisirs à la truite sera officiellement ouverte. Alors qu’un million et demi de détenteurs de la carte de pêche devraient s’en donner à cœur joie le long des cours d’eau de France, la sécheresse qui inquiète dans certaines régions vient carrément « troubler la fête » en Loire-Atlantique. Les étés successifs, très secs, y ont en effet causé « beaucoup de casse » notamment chez les truites fario, espèce sauvage déjà peu nombreuse dans le secteur, mais très recherchée par les pêcheurs.

Le long du Gesvres et de l’Erdre, les deux rivières classées « première catégorie » qui les accueillent naturellement, inutile de les chercher. Pour la première fois de l’histoire, la pêche y est totalement interdite. Et c’est la fédération départementale de pêche elle-même, en accord avec la principale association de pratiquants, qui a demandé au préfet de prendre cette décision. « Nous nous amputons nous-même dans le but de préserver l’espèce, reconnaît Laurent Thibault, porte-parole de la fédération départementale. Il y a déjà eu un déclin net et franc l’an dernier, avec la baisse du niveau de l’eau et des températures trop élevées. Cet été, on marchait sur des cailloux alors on redoute le pire. »

« Nous verrons si la sécheresse a eu raison de l’espèce »

Au mois de mai, il ne s’agira donc pas de prélever du poisson, ni de les compter comme chaque année, mais bien de « rechercher les survivants ». « On espère que quelques géniteurs subsistent, notamment dans les fosses où les températures sont restées correctes, poursuit Laurent Thibault. D’habitude, on vient soutenir les populations avec des alevins mais cette fois on laisse comme ça, histoire de ne pas tronquer les chiffres. Nous verrons si la sécheresse a eu raison de l’espèce. » En attendant, les pêcheurs qui le souhaitent pourront tout de même s’adonner à leur loisir préféré, mais l’expérience devrait manquer d’authenticité pour les puristes. En effet, comme il est souvent d’usage, des truites ont été récemment lâchées dans plusieurs étangs ou cours d’eau moins fréquentés mais alimentés en eau, pour créer tout de même l’événement, notamment à destination des plus jeunes.


Une situation qui, si elle perdure, ne devrait cependant pas signifier la fin de la pêche à la truite. En Loire-Atlantique, le rempoissonnement est une option envisagée grâce à des boîtes qui contiennent des œufs fécondés à positionner directement dans les cours d’eau. Et au niveau de la fédération nationale de la pêche (FNPF), on se veut « raisonnablement optimiste » quant à l’état de la ressource à l’échelle nationale. « La truite s’adapte, il y a encore des poissons dans les rivières, mais il est urgent de protéger leur habitat en changeant de modèle agricole, en préservant nos zones humides », estime Jean-Paul Doron, vice-président de la FNPF. Dans plusieurs autres départements, des pisciculteurs ont récemment fait part de leurs difficultés. Mais les passionnés ne devraient pas à avoir à ranger leurs cannes de sitôt.