Erosion côtièreL’impressionnant rythme de l’érosion côtière sur le bassin d’Arcachon

Bassin d’Arcachon : A La Teste-de-Buch, les promeneurs sous la menace du « risque d’ensevelissement »

Erosion côtièreLa plage du Petit Nice, à La Teste, a reculé de douze mètres en 48 heures fin février, obligeant le préfet à prendre un arrêté de fermeture qui court jusqu’à nouvel ordre
Erosion de la dune au niveau de la plage du petit Nice, à La Teste-de-Buch (Gironde)
Erosion de la dune au niveau de la plage du petit Nice, à La Teste-de-Buch (Gironde) - Caroline Fourcade/ONF / 20 Minutes
Mickaël Bosredon

Mickaël Bosredon

L'essentiel

  • Le 24 février dernier, le préfet prenait un arrêté de fermeture de la plage du Petit Nice, à La Teste-de-Buch (Gironde), après un recul du trait de côte de douze mètres en quarante-huit heures.
  • « Sur ce secteur du bassin d’Arcachon, nous connaissons des reculs cumulés supérieurs à 30 mètres tous les ans, quand la moyenne annuelle sur une côte sableuse est de deux à trois mètres par an », analyse un technicien territorial de l’ONF.
  • Si le phénomène enregistré cette année ne peut pas être qualifié d’exceptionnel, il reste néanmoins brutal et représente surtout un véritable danger pour les promeneurs.

Un « effondrement » du littoral, qui a transformé en quarante-huit heures une dune en pente douce, en une véritable falaise. Le 24 février dernier, le préfet de la Gironde prenait un arrêté de fermeture de la plage du Petit Nice, à La Teste-de-Buch sur le bassin d’Arcachon, après un recul du trait de côte de douze mètres en quarante-huit heures.

L’arrêté de fermeture « continue de courir jusqu’à nouvel ordre », a indiqué mardi à 20 Minutes le sous-préfet d’Arcachon, Ronan Léaustic. L’ONF (Office national des forêts), qui gère cette partie de la dune en raison de la proximité de la forêt, « était déjà inquiet depuis quelques jours car il y avait des phénomènes qui grignotaient la côte, se souvient Ronan Léaustic, puis ça s’est accéléré d’un coup, nous obligeant à prendre cet arrêté car la situation était devenue extrêmement dangereuse. »

Seul le « plan-plage » du Petit Nice reste ouvert

Conséquence : c’est l’ensemble des plages de La Teste-de-Buch qui sont désormais interdites, puisque les deux autres (la Salie et la Lagune) étaient restées fermées depuis l’incendie du mois de juillet. Seul le « plan-plage » (aire en recul de la plage où on trouve restaurants et tables de pique-nique) du Petit Nice reste ouvert.


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« Il y a un vrai risque d’ensevelissement des gens qui se rendraient à la plage, prévient Caroline Fourcade, responsable de l’unité territoriale de l’ONF. Le phénomène risque d’être prégnant jusqu’à fin avril, ajoute-t-elle, puisque l’on va continuer à avoir de grands coefficients de marée, et des conditions météo marine venteuses avec une houle souvent supérieure à cinq mètres, ce qui va entretenir ce front d’érosion. »

Un recul d’une centaine de mètres entre 2010 et 2014

Ce phénomène peut-il pour autant être qualifié d’exceptionnel ? Oui, disent certains, car douze mètres en quarante-huit heures cela reste assez remarquable, et non, selon d’autres, car il y a régulièrement des événements de ce type sur cette partie de la côte du bassin d’Arcachon.

« L’année dernière, le secteur de la Lagune a reculé de 48 mètres sur l’ensemble de l’hiver, et 38 mètres l’année précédente, et on a déjà connu un recul de 36 mètres en une nuit, rappelle Cédric Bouchet, technicien forestier territorial ONF. Sur ce secteur du bassin d’Arcachon, nous connaissons des reculs cumulés supérieurs à 30 mètres tous les ans, quand la moyenne annuelle sur une côte sableuse est de deux à trois mètres par an. Mais c’est très localisé, et ça change régulièrement de secteur. Le Petit Nice avait reculé d’une centaine de mètres entre 2010 et 2014, après ça a été le secteur de la Lagune… »

Un phénomène d’estuaire

Pourquoi cette partie du bassin d’Arcachon, est-elle si exposée aux phénomènes d’érosion chaque hiver ? « C’est dû aux passes du bassin, et au positionnement des bancs de sable qui bougent sans cesse, explique Cédric Bouchet. Il y a un phénomène d’estuaire qui génère des courants latéraux et des bancs de sable [comme le banc d’Arguin] qui, en fonction de leur position, créent des contraintes et dirigent les flux marins vers la côte, ce qui accentue le phénomène d’érosion, chose qu’il n’y a pas sur une côte classique. Dès qu’il y a un phénomène d’estuaire il y a un phénomène d’érosion plus important. »

Difficile en revanche de dire si le phénomène s’accélère en raison du dérèglement climatique. « La côte a toujours été mobile, analyse le technicien de l’ONF, mais il faudra surveiller les éventuelles conséquences du réchauffement climatique sur ces secteurs-là. Une montée des eaux n’aurait pas d’impact, par contre s’il y a une récurrence plus fréquente des tempêtes, les milieux ne seraient pas adaptés pour absorber autant d’énergie. On l’a vu durant l’hiver 2013-2014, où il y a eu une succession de plus d’une dizaine de tempêtes, engendrant une érosion continue sur tout le littoral. »

« Un pin partirait à l’eau comme le reste »

En attendant, les autorités s’adaptent, profitant d’un répit sur tel secteur pour réensabler, en engageant des travaux de renforcement de la dune. En démontant certaines structures, qui restent volontairement légères sur cette partie du bassin. Le poste de secours du Petit Nice a ainsi déjà été déplacé deux fois depuis 2010.


« On ne peut pas vraiment contrer un phénomène d’érosion marine, explique encore Cédric Bouchet. J’entends parfois qu’il faudrait planter des pins pour fixer la dune, mais cette technique fonctionne contre de l’érosion éolienne, pas de l’érosion marine. Un pin partirait à l’eau comme le reste. »

L’ONF va aussi « profiter » des grands incendies de l’été dernier, pour remodeler le paysage. « Les milieux forestiers ont été entièrement brûlés, c’est l’occasion de laisser la dune se reconstituer, lui donner davantage de place sur 150 à 180 mètres du trait de côte, et éviter d’avoir de la forêt et directement une falaise », poursuit le technicien.