contestationDe Paris à Nantes, des manifestations émaillées de violences

Réforme des retraites : De Paris à Rennes, plusieurs milliers de manifestants et des « violences urbaines » jeudi soir

contestationDes centaines de casseurs s’en sont pris aux forces de l’ordre avec des tirs de mortiers d’artifices et de cocktails Molotov, pour protester contre la réforme des retraites et le déclenchement de l’article 49.3
Les manifestations contre la réforme ont dégénéré à Nantes, le 16 mars 2023.
Les manifestations contre la réforme ont dégénéré à Nantes, le 16 mars 2023. - Sebastien SALOM-GOMIS/SIPA / sipa
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Chaos urbain. En « colère » ou « révoltés » : plusieurs milliers de manifestants se sont rassemblés dans plusieurs villes de France pour protester, quelques heures après l’annonce par le gouvernement du recours à l’article 49.3 pour réformer les retraites, des manifestations parfois marquées par des tensions et des dégradations.

Dans l’après-midi, des manifestants se sont rassemblés à l’appel du syndicat Solidaires place de la Concorde à Paris, non loin de l’Assemblée nationale où Elisabeth Borne a déclenché l’article 49.3.


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120 interpellations à Paris

Des représentants de plusieurs organisations de jeunesse, syndicats étudiants (Alternative), et organisations politiques (Jeunes insoumis, Jeunes écologistes, NPA Jeunes), à l’initiative de cette manifestation, étaient présents. Ils ont été rejoints par des travailleurs : cheminots, raffineurs notamment, puis par un cortège de plus de 1.600 jeunes parti de la place de la Sorbonne, aux cris de « Emmanuel Macron, président des patrons, on vient te chercher chez toi » et « A bas le 49.3 », a constaté une journaliste de l’AFP.

Selon une source policière, ils étaient « quelques milliers » à Paris, où les forces de l’ordre sont intervenues en début de soirée. Elles sont entrées en action, notamment avec des canons à eau, après une tentative de dégradation du chantier de l’Obélisque, selon la préfecture de police. Plusieurs charges et des jets de gaz lacrymogène ont progressivement évacué les manifestants de la place vers les rues et les quartiers environnants, selon les journalistes de l’AFP.

A 22 heures, la manifestation était dispersée et 120 personnes avaient été interpellées, notamment pour participation à un groupement en vue de commettre des dégradations, a indiqué à l’AFP la préfecture de Police.

Vandalisme et pillage

Des incidents ont aussi éclaté dans d’autres villes, en particulier à Rennes, où la préfecture a évoqué douze interpellations et onze gardes à vue en fin de soirée, après des dégradations multiples et « 45 feux éteints ». La maire socialiste de Rennes, Nathalie Appéré, a évoqué des violences « sidérantes » sur Twitter. « Notre ville est ce soir le théâtre de violences urbaines sidérantes. J’ai activé en début de soirée la cellule de crise municipale », a indiqué la maire, preuve des violences qui secouaient la capitale bretonne et des actes de vandalisme, comme le pillage d’un magasin de vêtements dans une vidéo circulant sur les réseaux sociaux.


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« Pour l’heure, nos équipes techniques ne sont pas en mesure d’intervenir sur le terrain tant que la situation n’est pas stabilisée », a-t-elle ajouté. « Notre ville ne peut être abandonnée à la violence des casseurs », a-t-elle encore dit, rappelant avoir réclamé des renforts policiers.

Vers 19 heures, plusieurs centaines de jeunes s’étaient rassemblés place Sainte-Anne dans le centre historique et avaient commencé à allumer des feux. Des forces de l’ordre ont tenté de les éteindre et ont utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser les protestataires, a constaté un journaliste de l’AFP.

« Des personnes ont été molestées »

Extrêmement mobiles, les manifestants ont dégradé du mobilier urbain, effectué des tirs au mortier d’artifice et s’en sont pris à un hôtel. « Un gérant du Mama Shelter, hôtel de luxe ciblé par les ultras, fait état de 5 victimes au sein de son personnel », selon la préfecture.

« Les vitres de la mairie ont été dégradées », a indiqué la préfecture. « Des personnes ont été molestées. L’Hôtel de ville a été pris pour cible à de nombreuses reprises », a également dit l’édile. Le préfet d’Ille-et-Vilaine a condamné « avec la plus grande fermeté ces actes intolérables ».

Dans la capitale bretonne, une première manifestation, à l’appel de l’intersyndicale, avait réuni environ 600 personnes (chiffre préfecture) devant la préfecture d’Ille-et-Vilaine, et s’était déroulée dans le calme.

Cocktails Molotov et tirs de mortier d’artifice à Nantes

A Nantes, environ 3.500 personnes étaient rassemblées en début de soirée, selon la police, et l’ambiance s’est rapidement détériorée. Des manifestants ont mis le feu à des poubelles et à de nombreux tas d’ordures, non ramassés par les éboueurs en grève, dans le centre-ville. Des jets de cocktails Molotov, des tirs de mortier tendus vers les forces de l’ordre ainsi qu’un assaut des manifestants ont pu être observés par des journalistes de l’AFP.

Les forces de l’ordre ont fait usage de gaz lacrymogène pendant plus d’une heure pour tenter de disperser le cortège. Plus d’une dizaine de vitrines de commerces ont été endommagées, selon un photographe. « 49.3, on n’en veut pas », ont scandé les manifestants, qui ont aussi écrit des tags comme « Brûlons Matignon », « la colère est à son comble », ou encore « Démocratie = cause toujours ».

A Marseille sur la Canebière, où des jeunes masqués ont fracassé la vitrine d’une agence bancaire et un panneau publicitaire tandis que d’autres ont mis le feu à des poubelles aux cris de « à bas l’Etat, les flics et le patronat », a constaté un journaliste de l’AFP.


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« Tout le monde grogne »

Les CRS ont fait usage de gaz lacrymogène également à Amiens, Lille ou encore Grenoble. A Dijon, où 700 personnes se sont rassemblées, certains s’en sont « pris aux forces de l’ordre et ont commis des dégradations », tandis qu’un mannequin à l’effigie du président de la République a été brûlé, selon la préfecture. A Lyon, sur fond de feux de poubelles et de jets de projectiles sur la mairie, la préfecture a fait état de quatre interpellations.

« Le 49.3 ça renforce forcément un peu la détermination », a témoigné auprès de l’AFP Ruben, 20 ans, étudiant en sciences politiques à Paris 1 rencontré place de la Concorde. « On est presque dégoûtés parce qu’on se mobilise depuis des semaines, et derrière, la seule réponse du gouvernement, c’est l’utilisation du 49.3 », a-t-il dénoncé. Engéline Allée, 48 ans, travaille à la RATP. « Elisabeth Borne a déclenché le 49.3. Elle a déclenché une bombe. Ça va mettre les gens encore plus en colère », juge-t-elle estimant que « tout le gouvernement devrait démissionner ».

« Je m’étais dit qu’ils respecteraient un peu la démocratie. A priori je suis très naïve donc j’ai été surprise, je croyais qu’ils n’allaient pas oser user du 49.3 », explique Karen Mantovani, agente d’accueil à la CPAM et déléguée syndicale CGT, rencontrée à Grenoble. « Tout le monde grogne mais ça manque d’action », regrette-t-elle, se disant « révoltée ».

Des manifestations ont également eu lieu à Toulouse, Bordeaux ou encore Besançon. « Il y a de fortes probabilités qu’on durcisse le mouvement », a mis en garde Sandrine Desmettre, déléguée CGT chez Malakoff Humanis qui manifestait à Lille. « On se disait : avec tout le monde qui s’exprime contre cette réforme, un 49.3, (…) ils vont quand même pas oser. Ben si. Maintenant c’est la colère. Il y a vraiment de l’abus ».