Crise du bioAprès des fermetures en cascade, la Biocoop peut-elle se relever ?

« On sait que 2023 sera compliquée »… Après des fermetures en cascade, la Biocoop peut-elle se relever ?

Crise du bioL’enseigne historique d’alimentation biologique Biocoop est frappée par la crise du secteur et a dû fermer une quarantaine de points de vente l’an dernier
En 2022, une quarantaine de magasins Biocoop ont fermé leurs portes en France. Un chiffre qui dépasse les 240 magasins toutes enseignes confondues.
En 2022, une quarantaine de magasins Biocoop ont fermé leurs portes en France. Un chiffre qui dépasse les 240 magasins toutes enseignes confondues.  - C. Allain/20 Minutes / 20 Minutes
Camille Allain

Camille Allain

L'essentiel

  • Le marché de l’alimentation biologique a essuyé un repli de 7 à 10 % de son chiffre d’affaires en 2022, entraînant de nombreuses fermetures de magasins.
  • Leader du secteur, le réseau coopératif Biocoop accuse le coup et s’attend à un nouvel exercice compliqué.
  • Des administrateurs veulent maintenir leur cahier des charges et veulent compter sur leurs clients fidèles et engagés.

Un exercice 2022 très sombre. Après des années de croissance et l’apothéose des épisodes de confinement de 2020, les enseignes alimentaires bio ont vite déchanté. Chahuté par la baisse du budget de l’alimentaire et par la guerre en Ukraine, le secteur a été boudé par une partie de ses clients. Depuis deux ans, la baisse du chiffre d’affaires des enseignes est évaluée à -7 voire -10 % par an. Les conséquences ont été aussi soudaines que violentes pour les salariés comme pour les clients. Partout en France, des enseignes bio ont fermé leurs portes. Selon les estimations, plus de 240 magasins ont disparu, toutes marques confondues. Enseigne emblématique du secteur, la Biocoop n’a pas été épargnée. En 2022, la coopérative au logo bleu a dû fermer une quarantaine de ses 700 points de vente. Va-t-elle s’en relever ? Ses défenseurs l’espèrent même s’ils s’attendent à une année 2023 compliquée.

Bienvenue à Rennes, métropole dynamique de plus de 200.000 habitants. Ici, on comptait en 2022 treize magasins Scarabée. Née en 1983, cette société coopérative d’intérêt collectif était l’une des pionnières de la bio en France. Elle a largement contribué à la naissance du réseau coopératif Biocoop, qu’elle a intégré dès sa naissance en 1986. Ces dernières années, Scarabée voyait chaque année son chiffre d’affaires augmenter. Pour accompagner la demande croissance, elle a même ouvert quatre nouveaux magasins en moins de deux ans. Mais patatras. Depuis, ils ont tous fermé et la structure a été placée en redressement judiciaire. « Nous avons fermé quatre magasins, mais il n’y en aura pas un de plus », assure Isabelle Baur. Avant de concéder. « On sait que 2023 sera compliquée, mais j’ai confiance. »


L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Et pour mieux rémunérer 20 Minutes, n’hésitez pas à accepter tous les cookies, même pour un jour uniquement, via notre bouton« J’accepte pour aujourd’hui » dans le bandeau ci-dessous.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies


Si la présidente du directoire se veut aussi optimiste, c’est qu’elle a noté « un début de reprise » et des chiffres d’affaires « qui remontent » dans les magasins. Contre toute attente, la bio semble bénéficier d’un improbable allié : l’inflation. « Elle est de plus de 11 % dans le conventionnel. C’est beaucoup plus que sur nos produits bios [+5 %]. L’écart de prix se resserre », assure Isabelle Saur.

Le vrac tient la baraque

Face à la flambée des tarifs, la coopérative s’appuie sur ses produits en vrac proposés à un prix plus attractif. Sur les produits non transformés, la marge est plus faible rendant le tarif plus accessible pour le consommateur. « On a vu notre clientèle changer. Les gens qui venaient de temps en temps ou par curiosité, on ne les voit plus. Ceux qui restent, ce sont surtout des habitués qui ont un côté militant », assure Gwenvael Saout, salarié de Scarabée et délégué CGT. Au moment du plan social, son syndicat a beaucoup critiqué l’absence d’anticipation de la coopérative, arguant que les signes de fléchissement du marché bio étaient visibles. « Il y a aussi eu un effet de mode. Et pour certains, c’est passé. »


Le chiffre d'affaires des magasins bio français a plongé de 7 à 10% en 2022, entraînant des fermetures de nombreux magasins.
Le chiffre d'affaires des magasins bio français a plongé de 7 à 10% en 2022, entraînant des fermetures de nombreux magasins.  - C. Allain/20 Minutes

A la sortie du magasin de Cleunay, à l’ouest de Rennes, Elisa range son panier sur son vélo. Malgré l’inflation, elle continue de venir ici pour faire ses courses. « La Biocoop reste ma principale source d’alimentation. Pour moi, c’est un engagement et je ne veux pas revenir dessus. Mais je comprends que certains s’en détournent. Parce que ça a un coût », explique cette cliente habituée. Ce témoignage dit à lui-seul pourquoi la grande marque du bio peut se montrer confiante pour l’avenir. Contrairement à d’autres enseignes, elle peut compter sur la fidélité de ses clients engagés. « Tout notre projet répond aux attentes de la société. Quand on parle de circuits courts, de souveraineté alimentaire, de réduction des emballages, de restrictions d’eau. Les gens y sont sensibles. Toutes ces choses, nous les prenons déjà en compte depuis toujours à la Biocoop », assure Isabelle Saur.


L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies


La présidente du directoire plaide pour que le réseau coopératif « garde son ADN » et n’abandonne pas ses idéaux, pourtant malmenés par la crise. « C’est le bio de type industriel qui souffre et qui est venu perturber la perception des consommateurs, celui des produits qui viennent de loin, issus de mers de plastiques, avec des fruits et légumes hors saison, pas forcément très bons », a récemment expliqué Pierrick De Ronne à nos confrères de LSA. Comme le président de Biocoop, ils sont nombreux à supplier la coopérative de ne pas changer son cahier des charges et de rester fidèle à ses valeurs. « J’ai vu que certains concurrents allaient décrocher leur étiquette bio pour se diversifier. Je pense que c’est une erreur. Nous devons garder notre cap, rester clairs et lisibles pour nos clients. » Et croiser les doigts pour que 2023 ne soit pas un remake de la sombre année passée.

La hausse du coût de l’énergie maîtrisée

Dans la tourmente de la flambée du prix de l’énergie, l’enseigne Biocoop peut se satisfaire de son choix historique de faire appel à Enercoop dans les trois quarts de ses magasins. Plus chère, la coopérative d’énergie a accepté de geler les prix pour 2023, sauvant l’enseigne d’une catastrophe.