smileQuel risque à ne se passer ni fil dentaire ni brossette entre les dents ?

Hygiène bucco-dentaire : Que risque-t-on à ne se passer ni fil dentaire ni brossette entre les dents ?

smileCe lundi a lieu la Journée mondiale de la santé bucco-dentaire
En France, à peine plus de 10 % e la population utiliserait du fil dentaire, selon l'UFSBD.
En France, à peine plus de 10 % e la population utiliserait du fil dentaire, selon l'UFSBD. - WIDMANN PETER/TPH/SIPA / SIPA
Anissa Boumediene

Anissa Boumediene

L'essentiel

  • Selon l’OMS, 45 % de la population mondiale souffrirait d’affections bucco-dentaires.
  • Des soucis souvent dus à un manque de soins ou une mauvaise hygiène dentaire.
  • A l’occasion ce lundi de la Journée mondiale de la santé bucco-dentaire, « 20 Minutes » s’intéresse au nettoyage interdentaire, largement boudé par les Français, et pourtant essentiel pour une bouche en bonne santé.

«Brosse-toi les dents. Pipi. Et au lit ! » Dès le plus jeune âge, le rituel du brossage de dents s’instaure dans notre routine quotidienne. Un geste élémentaire pour l’hygiène et la santé de tous, surtout à une époque où bonbons et sodas sucrés sont largement consommés et s’attaquent à nos quenottes, menaçant de les ronger à coups de caries.

Pour contrer ces attaques, notre brosse à dents est notre meilleure alliée. Mais se brosser les dents suffit-il pour une bouche en pleine santé ? A l’occasion ce lundi de la Journée mondiale de la santé bucco-dentaire, 20 Minutes s’intéresse à vos espaces interdentaires. Une zone souvent zappée au moment du brossage, et qui peut avoir des répercussions importantes sur la santé bucco-dentaire dentaire. (Au point de faire tomber vos dents ?)

Un nettoyage boudé par les Français

Selon vous, est-il important de nettoyer ses espaces interdentaires ? Pour beaucoup, la question ne se pose même pas, et très peu ont l’équipement nécessaire pour le faire. En France, « à peine plus de 10 % de la population utilise le fil dentaire, alors que les pays anglo-saxons l’ont adopté depuis de nombreuses années », alerte l’Union française pour la santé bucco-dentaire (UFSBD). « Mais en France, ces gestes sont peu pratiqués parce que ce n’est pas vraiment enseigné aux gens, donc ce n’est pas dans leurs habitudes, confirme le Dr Christophe Lequart », chirurgien-dentiste et porte-parole national de l’UFSBD.

Ce n’est pourtant pas compliqué, Vivian, aka Julia Roberts dans Pretty Woman, avait déjà compris il y a plus de trente ans l’importance du nettoyage interdentaire. Rappelez-vous, quand elle sort son fil dentaire de son sac pour retirer les grains de fraises qu’elle a entre les dents : « Il ne faut pas négliger ses gencives ». Ni ses dents, pour lesquelles un simple brossage ne suffit pas. « Avec votre brosse à dents, vous ne brossez que trois des cinq faces des dents : côté joue, côté langue et le dessus, soit seulement 60 % de vos dents, explique le Dr Lequart. Insuffisant donc pour déloger la plaque dentaire coincée entre les dents ». Et si vous n’êtes pas coutumier de cette pratique, faites le test en vous passant du fil dentaire entre les dents avoir les avoir brossées, vous verrez qu’il y avait encore du monde dans votre bouche !

Des effets délétères sur les dents et les gencives

En pratique, quels risques y a-t-il pour la santé bucco-dentaire à zapper ce nettoyage interdentaire ? Vous n’allez pas aimer la suite. « D’abord, il y a un risque de carie », plante le Dr Lequart. Car si vous avez tendance à ouvrir grand la bouche devant le miroir pour vérifier ou inspecter les molaires de vos enfants pour vérifier que leurs bonbons favoris n’y font pas de ravages, vous ne regardez que la partie émergée de l’iceberg.

« On pense à la face masticatoire, or les caries ont un siège initial plutôt localisé dans les espaces interdentaires, là où stagne la plaque dentaire, indique le chirurgien-dentiste. Ces caries-là ne se verront pas au stade initial, et sans nettoyage interdentaire ni contrôle du dentiste, elles ne sont visibles qu’à un stade avancé, une fois la dent très abîmée ». »

Autre risque majeur : « le développement de maladies parodontales », poursuit-il. Des maladies qui « touchent les tissus de soutien des dents : gencives, os et ligaments. Elles se manifestent souvent par des douleurs, saignement et/ou gonflement des gencives », décrit l’UFSBD. Comment ? « La plaque dentaire augmente le risque d’inflammation des gencives, ce qui peut déclencher une gingivite et, si elle n’est pas traitée, une parodontite, donc un déchaussement dentaire ».

Et les chiffres sont loin d’être anecdotiques. « Les maladies parodontales figurent au onzième rang des maladies les plus répandues dans le monde », ajoute-t-elle. Et selon un récent rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), « 45 % de la population mondiale souffre d’affections bucco-dentaires », et « les maladies parodontales graves – une cause majeure de perte totale de dents – touchent un milliard de personnes dans le monde ».


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Fil ou brossette à chaque brossage

De quoi réfléchir, et réviser sa routine d’hygiène bucco-dentaire. On le sait, pour ce qui est du brossage des dents, c’est au moins deux fois par jour, deux minutes, matin et soir. « Si on se les brosse le midi aussi, c’est encore mieux, souligne le Dr Lequart. Et au quotidien, il faut associer à chaque brossage un nettoyage interdentaire », insiste-t-il. Et là, on choisit l’option avec laquelle on se sent à l’aise : « soit du fil dentaire, soit des brossettes interdentaires.

De manière générale, les patients préfèrent les brossettes, plus faciles à manier, observe le Dr Lequart. Auparavant, on recommandait le fil en cas d’espaces interdentaires très serrés et les brossettes en cas d’espaces plus larges, mais aujourd’hui, il existe des brossettes de diamètre extrêmement fin, à partir de 0,6 millimètre. Ainsi que du fil dentaire monté sur lyre, qui facilite son utilisation ».

La technique pour le fil dentaire, « c’est de l’entourer autour des doigts, de passer le point de contact entre les deux dents avec un petit mouvement de va-et-vient, et de descendre le fil au jusqu’à la gencive et longer la surface dentaire, sans mouvement de va-et-vient à ce moment-là pour ne pas risquer de cisailler la gencive.

Ensuite, on remonte le fil de la gencive vers le haut de la dent, conseille le Dr Lequart. Quant aux brossettes, un mouvement de va-et-vient et c’est bon. Le plus important est de choisir le bon diamètre, selon la règle des 3 F : la brossette doit frotter, mais ne doit pas flotter, et ne pas forcer. Il ne faut pas hésiter à demander conseil à son dentiste sur le bon diamètre à choisir ».

Et dans les pharmacies, « on est là pour renseigner les clients, mais s’agissant des produits d’hygiène interdentaire, ils savent en général très précisément ce qu’ils veulent, parce qu’ils viennent sur les conseils de leur dentiste, confie une pharmacienne du centre de Paris, qui propose un large choix. Ils sont souvent habitués à un produit et attachés à une marque : une fois qu’ils ont trouvé ce qui leur convient, ils ne veulent pas autre chose ».

Le bon moment

Mais une fois équipé, encore faut-il trouver le bon timing. Si fil et brossettes doivent être utilisés à chaque fois qu’on se brosse les dents, « il faut les utiliser AVANT le brossage, insiste le Dr Lequart. En se brossant les dents après le nettoyage interdentaire, le dentifrice, qui contient des produits actifs notamment le fluor utile pour prévenir la formation des caries, va pouvoir déployer son action protectrice. C’est précisément pour cela que normalement, après le brossage, on n’est pas censé se rincer la bouche », mais simplement cracher. « Si on passe le fil ou la brossette après le brossage, on élimine le fluor des espaces dentaires, or c’est le fluor, ici en application topique sur les dents, qui renforce leur émail ».

Un réflexe à adopter dès le plus jeune âge. « Le nettoyage interdentaire, dans l’idéal, doit être pratiqué dès que deux dents se touchent, donc dès l’enfance, prescrit le Dr Lequart. c’est d’autant plus important que les enfants consomment beaucoup d’aliments et boissons sucrés, et sont à risque de développer des caries. Pour les plus petits, comme avec le brossage, c’est aux parents d’assurer le nettoyage interdentaire, avec du fil ou un jet hydropulseur, recommande le chirurgien-dentiste. Mais dès que l’enfant sait bien se brosser les dents tout seul, il peut tenter de nettoyer ses espaces interdentaires ».