LE CHANGEMENT, C’ETAIT AVANT ? (5/9)Treize millions de Français courent… La folie du running continue

Confinement, trois ans après : Treize millions de Français courent… La folie du running continue

LE CHANGEMENT, C’ETAIT AVANT ? (5/9)En annonçant le confinement le 16 mars 2020, Emmanuel Macron a plongé la France dans une période inédite au cours de laquelle sont nés espoirs, projets et fantasmes dont nous faisons le bilan dans cette série
Le running séduit aujourd'hui environ 13 millions de Français.
Le running séduit aujourd'hui environ 13 millions de Français. - Living Fitness / Flickr
Thibaut Gagnepain

Thibaut Gagnepain

L'essentiel

  • Le 17 mars 2020, la France entrait en confinement pour faire face au coronavirus. Cette période hors norme a été l’occasion de s’interroger sur nos modes de vie et de réfléchir à une nouvelle société post-confinement.
  • Trois ans plus tard, 20 Minutes fait le bilan des promesses d’un monde plus juste, plus vert et tout simplement plus agréable à vivre.
  • Dans ce cinquième épisode, nous nous penchons sur l’appétence des Français pour le running. Cette pratique à laquelle beaucoup s’étaient (re) mis pendant les confinements. Ont-ils continué à courir ou pas ?

Une case à cocher et c’est parti ! Aussi bien au premier confinement qu’aux deux suivants, l’activité physique a fait partie des motifs dérogatoires pour sortir de chez soi. Dans un rayon d’un kilomètre dans un premier temps, de dix ensuite. De quoi redonner envie à certains de ressortir leurs baskets…

Combien ont-ils été à se mettre au running pendant ces moments si particuliers ? L’Union Sport et cycle les estime à 1,4 million, sur les 13 millions de Français que compte la discipline. Mieux, 73 % des néopratiquants ont poursuivi en 2022 leurs efforts, toujours selon la même étude, seule du genre.



Olivier Mimran en fait partie. Comme beaucoup d’autres, ce journaliste à 20 Minutes s’est lancé en mars 2020 « pour m’occuper surtout », sourit-il. Des débuts pas simples, même pour ce sportif touche-à-tout (foot, tennis) qui s’était calmé avec la cinquantaine. « Au bout de dix minutes, j’étais au bout de ma vie ! » Mais l’habitant de Vendôme (Loir-et-Cher) avait trouvé un autre intérêt : le grand air. « Après deux kilomètres, tu es en pleine campagne… »

Depuis, il a « intensifié la chose » pour porter les entraînements à « 3 ou 4 par semaine ». Route, forêt, chemins, le néorunner dit ne jamais s’ennuyer. Il ne voit même que des avantages à aller courir : « Ça m’a permis de retrouver une santé cardiorespiratoire et de me dépasser. Je n’ai jamais été aussi en forme de ma vie, je suis fit et je mange ce que je veux ! »

Le rayon running en forte croissance

Ces bienfaits physiques font partie des atouts du running, confirme le docteur Denys Barrault. L’ancien médecin-chef de l’Institut national du sport et de l’éducation physique (INSEP) observe également une hausse du nombre de pratiquants, sans arriver à les chiffrer précisément. Mais les consultations pour des problèmes de « tendinites aux tendons d’Achille, aux genoux, hanches » se sont multipliées ces dernières années. « Pour les éviter, l’essentiel est d’avoir de bonnes chaussures, légères et surtout amortissantes. »

C’est là justement un autre indicateur de la bonne place du running dans le cœur des Français : ils y consacrent de l’argent. « Le chiffre d’affaires du rayon a explosé depuis 2020 », indique Samih Khalef, le vice-président de la commission dédiée à l’Union sport et cycle et également country director France chez Asics. « Toutes les marques de sport restent sur deux années avec une croissance d’environ 20 % au total et en particulier sur le running. Les gens sont allés s’équiper. »

Le trail, nouvelle passion

Dans sa boutique « Endurance shop » à Strasbourg, Florian ne peut qu’être d’accord. « On a de plus en plus de nouveaux clients, tous les jours », indique-t-il avant d’évoquer la tendance actuelle. Celle qui mène au trail. « Une bonne partie s’y mette car ça les change et ils me disent souvent que les paysages sont plus sympas. » Olivier Mimran appuie : « Quand on y a goûté, difficile de retourner sur la route », juge celui qui a même poussé jusqu’à s’inscrire - et finir ! - « une course à la montagne ».

Celles-ci se développent actuellement un peu partout sur le territoire. Pourquoi ? « Car certes elles attirent avec un aspect plus ludique mais aussi parce qu’il faut moins de bénévoles que sur les routes », répond Eric Thomas, personnage bien connu de la course à pied à Metz. Où il a lancé, en 2007, « les foulées de Tom ». Soit un entraînement ouvert à tous le mercredi soir, sans la moindre inscription.

« Maintenant, on est au moins 250 à chaque fois et on a même été 450 ! », apprécie-t-il en se rappelant des débuts à attendre sous la pluie « quelques courageux ». « Je ne sais pas si l’engouement pour le running date du début du Covid-19 car ça progressait déjà beaucoup avant », note encore le patron de Run Grenn Scy-Chazelles. « Ce qui plaît, c’est que ça ne coûte pas cher et que c’est facile. On peut s’y mettre quand on veut et où on veut.  »

La pratique aurait même encore de beaux jours devant elle à en croire Samih Khalef. « On pense que les Jeux olympiques de Paris vont encore donner un coup de boost. » Les Français, néorunner ou pas depuis le confinement, n’ont pas fini de courir…