EnquêteDes jeunes femmes droguées lors d’une soirée entre élèves journalistes

Lille : Plusieurs jeunes femmes droguées lors d’une soirée entre élèves journalistes

EnquêteAu cours d’une soirée privée, organisée après le tournoi de football des écoles de journalisme, un certain nombre de participantes ont présenté des symptômes « pouvant laisser croire qu’elles avaient été droguées »
Un verre muni d'un couvercle Anti-Drogue (illustration).
Un verre muni d'un couvercle Anti-Drogue (illustration). - SYSPEO/SIPA / Sipa
Mikaël Libert

Mikaël Libert

L'essentiel

  • Plusieurs jeunes femmes ayant participé à une soirée privée en boîte ont présenté des symptômes d’une possible intoxication au GHB.
  • Cette soirée était organisée par le BDE de l’école de journaliste de Lille (ESJ) à l’issue du tournoi de football inter-écoles de journalisme.
  • Un signalement a été effectué auprès des services de police de Lille.

Samedi dernier, se déroulait à Faches-Thumesnil, près de Lille, l’édition 2023 du tournoi de football inter écoles de journalisme (TFIEJ). L’événement, organisé par le bureau des étudiants (BDE) de l’ESJ de Lille, a tout de même rassemblé un millier d’étudiants provenant de 14 écoles de tout le territoire. C’est lors de la soirée privée qui a clôturé cette journée que plusieurs jeunes femmes ont été droguées à leur insu a dénoncé, mardi, l’organisation du TFIEJ.

Tout semblait avoir été prévu dans les moindres détails par les membres du BDE de l’ESJ de Lille, lesquels préparaient depuis longtemps cet événement. Côté tournoi, rien à dire, les équipes ont eu leur lot de joie et de tristesse au gré des matchs. Et pour terminer la journée en beauté, le millier de participants s’est retrouvé dans une discothèque lilloise pour décompresser. La soirée était privée et le BDE de l’ESJ a « travaillé pendant plusieurs mois sur la mise en place d’un dispositif de lutte contre les violences sexistes et sexuelles (VSS) ». Non seulement pendant le tournoi, mais aussi, et surtout, pendant la soirée.

Tous les symptômes d’une intoxication au GHB

Pour entrer dans la boîte privatisée, il fallait disposer d’un bracelet, contrôlé par les agents de sécurité de l’établissement. Faute de bracelet, il fallait pouvoir attester de son identité. A l’intérieur de la boîte, des « référentes vss » effectuaient des rondes périodiquement jusqu’en fin de soirée. Mais cela n’a pas suffi.



Dès le lendemain soir, l’organisateur a reçu des témoignages inquiétants de la part d’étudiantes ayant participé à la soirée. Elles décrivaient « des symptômes pouvant laisser penser qu’elles avaient été droguées », affirme le BDE dans un communiqué. « Tremblements, perte de mémoire, fatigue, vomissement », certaines présentaient même des « traces de piqûres ». Autant d’indices qui évoquent une intoxication au GHB, la drogue du violeur qui a fait beaucoup parler d’elle dans la vie nocturne lilloise.

A partir de ces témoignages, dont le BDE refuse de révéler le nombre exact, un signalement a été effectué auprès des services de police de Lille. « Six étudiantes bretonnes qui ont passé le week-end à Lille et qui se sont rendues en discothèque dans la nuit de samedi à dimanche ont déposé plainte au commissariat de Lannion pour administration de substances nuisibles », a déclaré à 20 Minutes la procureure de Lille, Carole Etienne. Elle précise que « les services de police lillois n’ont pas été avisés ce week-end ». Pour les six plaignantes, le parquet de Saint-Brieuc a transmis la procédure d’enquête à celui de Lille qui poursuit les investigations.

S’il s’agit effectivement de GHB, tout le problème des enquêteurs sera de prouver l’administration de cette drogue qui a la particularité de disparaître très rapidement de l’organisme. En mai dernier, si la direction de la police du Nord reconnaissait « quelques dépôts de plainte » pour des suspicions d’intoxication au GHB, le parquet, lui, affirmait qu’aucun dossier n’était arrivé jusqu’à la procureure.