PlanètePourquoi il est « déconseillé » de couper vos haies de mars à juillet

Pourquoi il est « totalement déconseillé » de couper vos haies au printemps et en été

PlanèteLes haies sont un véritable écosystème abritant la faune sauvage. La LPO Alsace explique pourquoi il est déconseillé de les tailler
Il est vivement déconseillé de tailler sa haie entre le 15 mars et le 31 juillet, période de reproduction de la faune sauvage
Il est vivement déconseillé de tailler sa haie entre le 15 mars et le 31 juillet, période de reproduction de la faune sauvage - T.G Gagnepain / 20 Minutes
Gilles Varela

Gilles Varela

L'essentiel

  • Il est vivement déconseillé de tailler sa haie entre le 15 mars et le 31 juillet, période de reproduction de la faune sauvage. Cela est même interdit par un arrêt préfectoral dans les campagnes, sur le domaine public.
  • Si les particuliers ne sont pas directement concernés par ces arrêtés, la LPO Alsace rappelle l’importance de la biodiversité des haies.
  • Refuge, garde-manger, lieu de reproduction, les haies permettent aussi de limiter l’érosion des sols, de faciliter le drainage et le filtrage des eaux de pluies. Elles sont en soi un véritable écosystème qu’il faut protéger.

Avec les beaux jours qui pointent leur nez, la tentation est grande de prendre son sécateur pour aller tailler sa haie, débroussailler le fond du jardin, « faire propre », « comme dit » en Alsace. Mauvaise idée. Cela est même interdit par arrêté préfectoral dans les champs, en campagne, le long des routes, sur le domaine public, du 15 mars et jusqu’au 31 juillet en Alsace mais aussi dans d’autres départements de l’Hexagone, selon les préfectures. Les enjeux de biodiversité y sont tels que tous travaux d’entretien, d’arrachage, d’élagage doivent être suspendus, afin de permettre à la faune sauvage de mener à bien sa saison de reproduction.

Si les jardins des particuliers ne sont pas concernés par cet arrêté, il ne faut en revanche « absolument pas tailler sa haie en ce moment, c’est totalement déconseillé », assure Cathy Zell de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) Alsace. Celles-ci permettent, entre autres, à de très nombreuses espèces animales, d’abriter leurs nids, de fournir une nourriture abondante et d’être « un refuge contre les prédateurs, surtout quand il y a des ronces ». Des arrêtés cependant pas toujours respectés et qui tentent de réparer les dégâts faits dans les années 1950-1960, avec des destructions massives de haies, notamment en milieu rural. D’où ces immenses parcelles où, à perte de vue, pas un arbre ou arbuste ne ponctue le paysage.

« Petits écureuils scalpés »

Championne de la biodiversité, la haie des villes comme la haie des champs est en effet un véritable écosystème en soi. « Surtout au printemps et en été, car elles accueillent de nombreuses espèces », souligne Cathy Zell. Ecureuils, levrauts, insectes en tout genre, merles, rossignols, chardonnerets… Certaines espèces ne nichent d’ailleurs nulle part ailleurs que dans les haies comme la fauvette grisette, la linotte mélodieuse, le troglodyte migon ou l’alouette lulu. Une faune sauvage, dont certaines espèces sont parfois en déclin, voire menacées.

« Faire propre » dans son jardin serait donc, en ce moment de l’année, « catastrophique », selon la LPO. Car au sortir de l’hiver, les animaux ont une urgence de reproduction. Les mammifères occupent souvent la base de la haie. Plus haut, certains oiseaux ont déjà trouvé ou repéré des endroits pour construire leur nid. « Si l’on intervient à ce moment-là, on peut avoir vraiment des destructions directes. On le voit très bien au centre de soin, où l’on nous apporte déjà des petits écureuils, des levrauts, scalpés par des sécateurs, des débroussailleuses, des tondeuses… C’est notre lot quotidien à partir du moment où les gens sortent dans leur jardin aux beaux jours. Quand on a un doute, mieux vaut ne rien faire ! Et le mieux est de ne pas jardiner du tout une petite parcelle du terrain pour accueillir la faune sauvage », souligne Cathy Zell.


Site de reproduction, garde-manger, refuge, avoir une haie chez soi peut aussi aller au-delà de la simple volonté d’occulter la vue avec ses voisins. « Au lieu de thuyas qui n’ont aucun intérêt pour la faune sauvage, il est possible de s’orienter vers des charmes, du fusain, des pruniers, des framboisiers, des haies locales et diversifiées, de tailles différentes, qui apportent des fleurs, des fruits, des graines », souligne la LPO Alsace. Et si les idées ou les connaissances vous manquent, celle-ci donne aussi tout un tas de conseil à travers son programme Refuge LPO.

Une bataille des haies, qui va au-delà des simples jardins. « On travaille aussi avec les agriculteurs, les viticulteurs, les communes, pour les réintroduire, à travers le programme Trame verte et bleue pour recréer des linéaires de haies, qui servent de corridors pour que les mammifères puissent se déplacer et aller à la rencontre d’autres animaux et qu’il n’y ait pas d’appauvrissement génétique », détaille Cathy Zell. Brise-vent, ombre, maintien de la terre grâce à ses racines, limitation de l’érosion, etc., les vertus de la haie sont innombrables. Les sécateurs peuvent bien attendre août pour entrer en action.

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