FOOTBALL« C’est l’ADN du club »… Les petits secrets de la formation de l’AS Monaco

AS Monaco : « C’est l’ADN du club »… Plongée dans les petits secrets de la formation monégasque

FOOTBALLEliesse Ben Seghir et Edan Diop, buteurs contre Strasbourg (4-3) la semaine dernière, sont les deux dernières pépites sorties du centre de formation de l'ASM
Edan Diop est félicité par ses coéquipiers après son but contre Strasbourg (4-3) quelques minutes après son entrée de jeu.
Edan Diop est félicité par ses coéquipiers après son but contre Strasbourg (4-3) quelques minutes après son entrée de jeu.  - Valery HACHE / AFP / AFP
Adrien Max

Adrien Max

L'essentiel

  • Eliesse Ben Seghir et Edan Diop, 18 ans chacun, ont offert la victoire à l’AS Monaco dimanche dernier contre Strasbourg (4-3).
  • Philippe Clément, l’entraîneur du club du Rocher, n’hésite pas à faire jouer ses jeunes joueurs issus du centre de formation.
  • L’AS Monaco est d’ailleurs l’un des clubs de France qui lancent le plus de joueurs de son centre de formation, avec Lyon et Rennes.

Les jeunes de l’AS Monaco vont-ils permettre à leur club formateur d’accrocher le podium de Ligue 1 ? Habitué aux fins de saisons en boulet de canon, le club du Rocher pourra compter ce dimanche à Nantes (17h05) sur ses jeunes pépites, Eliesse Ben Seghir et Edan Diop, buteurs le week-end dernier pour renverser le match contre Strasbourg en l’espace de quatre minutes à peine (4-3).

Eliesse Ben Seghir enchaîne les titularisations depuis sa première apparition le 28 décembre dernier, marquée par un doublé face à l’AJ Auxerre (2-3). Mais l’éclosion d’Edan Diop est beaucoup plus récente, avec une première convocation dans le groupe pro le 19 février, et seulement une petite heure de jeu dans les jambes avant son entrée décisive dimanche dernier, contre Strasbourg.

« La Diagonale », une marque de fabrique de Monaco

Les deux jeunes joueurs sont issus du centre de formation de l’AS Monaco, une marque de fabrique du club depuis de très longues années comme en témoignent les carrières de Thierry Henry, David Trezeguet ou Kylian Mbappé, tous formés sur le rocher. « C’est une immense fierté pour moi et tous les employés de La Diagonale [le nom du centre de formation de l’AS Monaco], c’est un travail de tous, se réjouit Pascal De Maesschalck, le directeur du centre de formation. Il n’y a pas de secret, le club a toujours formé des joueurs, c’est une histoire très profonde, et l’ADN du club. Encore plus aujourd’hui avec notre président qui a réinstallé une culture toujours présente. On construit une équipe avec des jeunes prêts à jouer. »

L’AS Monaco figure à la troisième place du classement des moyennes d’âge des joueurs titulaires, avec 25,3 ans et 63 jours en moyenne, derrière Reims (24 ans et 275 jours), mais devant Lorient (25 ans et 142 jours), selon un classement réalisé à mi-saison par la LFP. Elle est depuis redescendue puisque Ben Seghir et Diop n’avaient pas encore été titularisés au moment du classement. Pour la part des joueurs formés au club utilisés cette saison, l’AS Monaco occupe la 8e place du classement avec 8.6 %, loin derrière l’OL et ses 52.1 %. Mais parmi les huit premiers, seul l’AS Monaco peut encore prétendre au podium, n’en déplaise à l’OL.


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Parfaite communication entre les entraîneurs

Pour Pascal De Maesschalck, le secret de la réussite du centre de formation de l’AS Monaco passe par une étroite collaboration entre les entraîneurs des différentes catégories, pour garantir un meilleur suivi. « Il faut une parfaite communication entre eux. Il y a de la fluidité entre les U17 et les U19, par exemple. Quand Manu Do Santos [l’entraîneur des U17] estime qu’un joueur est prêt, il va voir Frédéric Barilaro [l’entraîneur des U19] pour lui dire. Et quand Fred estime qu’un joueur est prêt, il vient me voir et me dit qu’il faut le faire monter en groupe pro », détaille le boss de la formation.

Le recrutement de Philippe Clement, connu pour son appétence à lancer des joueurs du centre de formation, est le dernier maillon de cette chaîne. « Quand il est venu nous voir fin octobre pour savoir ce qu’on pensait d’Eliesse, on lui a dit qu’il était prêt à s’entraîner avec eux. Et au retour de la trêve, il avait du temps de jeu », illustre Pascal De Maesschalck.

« On l’a dit plusieurs fois mais les jeunes sont au cœur du projet du club, et pas seulement ceux de notre Academy, on en fait venir d’ailleurs aussi. Ils sont très importants pour nous, assurait Philippe Clément à l’issue de la victoire contre Strasbourg. Si on ne leur donne pas leur chance quand ils le méritent, ils ne peuvent pas grandir et donner autant. Eliesse a fait des choses bien depuis des mois, Edan, lui, c’est depuis quelques semaines. Maintenant, ce sera à eux de confirmer car il n’y a aucune garantie. Je ne choisis pas un joueur parce qu’il a 18 ans ou 38 ans mais pour ce qu’il montre. »

« Des parcours différents, la beauté de la formation »

Mais attention, aussi, à ne pas aller trop vite. C’est là que l’expérience de Frédéric Barilaro, au club depuis « une éternité », entre en jeu. Il prévient : « Il ne faut pas se tromper, quand un joueur monte trop vite, ça peut être difficile de rester en haut ». Eliesse Ben Seghir (2005) et son compère Edan Diop (2004) n’ont pas eu le même développement, alors que Diop est pourtant un peu plus âgé.

« Ils ont deux parcours différents, c’est aussi ce qui fait la beauté de la formation. Eliesse, on a perçu tout de suite que c’était un garçon talentueux. Il est décisif depuis qu’il est là, et il jouait déjà avec les U19 à l’âge des U17. Qu’il soit aussi vite en pro, on ne peut jamais savoir. Mais des joueurs talentueux qu’on accompagne, on sait qu’un jour ou l’autre ils seront professionnels », se remémore l’entraîneur des U19.

« Edan, par contre, a dû faire face à un développement et une maturité plus tardive. Il s’entraînait aussi avec les U19 à l’âge des U17, mais il était petit et jouait plus bas. Il n’avait pas la capacité athlétique pour jouer plus haut même s’il avait beaucoup de qualité, surtout en matière de justesse. Puis il a énormément grandi ces deux dernières années, et ça a été un peu difficile. Sa course était désarticulée. Et à partir de janvier 2022 il a commencé à s’imposer chez les U19. Là on a découvert des qualités qu’on n’avait pas trop vues, comme son côté décisif », confie Frédéric Barilaro.

Pas d’enflammade

Comme lorsqu’il avait le jeune Kylian Mbappé sous ses ordres, « Fred » veille à ne pas s’enflammer. « On leur souhaite le meilleur, bien sûr, mais on ne leur prédit jamais telle ou telle carrière. Même pour Mbappé, c’était plutôt ses proches qui lui prédisaient un avenir radieux. Mais c’est tellement difficile. Edan et Eliesse ont la tête bien en place, et c’est le plus important », rappelle-t-il.

Parce que le travail réalisé au centre de formation peut s’envoler d’un coup ou presque, trop souvent à cause de l’entourage. « Le problème c’est qu’ils veulent tout avoir tout de suite, notre rôle est compliqué de ce coté là. Nous, on connaît le métier, certains joueurs mettront plus de temps que d’autres. Mais si les proches leur rabâchent qu’ils sont prêts… », regrette l’expérimenté coach.


Recrutement dès l’âge de 12 ans

Un travail qui a débuté bien en amont, dès le recrutement de joueurs de 12 à 19 ans. « A 12 ans, on doit être prêt à évaluer un joueur et savoir s’il a les qualités pour jouer dans notre académie. C’est difficile parce qu’ils sont tellement jeunes. On recrute pour nos équipes amateurs entre 13 et 19 ans, et on a aussi d’autres pistes pour des joueurs aspirants qui viennent renforcer notre centre de formation », détaille le directeur du centre de formation.

La politique mise en place par l’AS Monaco, par son président et la direction du club, avec des entraîneurs expérimentés, un staff technique complet articulé autour de kinés, de préparateurs physiques, sans oublier la scolarité, sont autant d’atouts pour convaincre un jeune joueur de les rejoindre. « La meilleure publicité reste la performance de nos joueurs du centre de formation, il suffit de regarder le match de dimanche », rappelle Pascal De Maesschalck.

Eliesse a par exemple fait le choix de l’AS Monaco, quand son aîné de deux ans, Salim, a lui opté pour l’Olympique de Marseille. Il est depuis prêté à Valenciennes en Ligue 2, histoire d’avoir un peu de temps de jeu contrairement à Marseille, qui se situe à la dernière place du classement de l’Observatoire du Football CIES, avec un 0 pointé en termes de temps de jeu pour les joueurs formés au club.

Passage au groupe Elite

Pascal De Maesschalck tient aussi à rappeler la récente décision de la direction de retirer l'équipe réserve des championnats amateurs, pour se concentrer sur un groupe Elite. Offrant, là aussi, plus de latitude et de diversité aux entraîneurs, comme aux joueurs. « Quand tu as la possibilité de jouer le mercredi ou le jeudi, les joueurs du centre sont de facto disponible pour le groupe pro le week-end. Là tu peux développer des joueurs, plus que des équipes et c’est ce que nous voulons au centre de formation. Il y a aussi une grande variété d’adversaires comme Saint-Etienne, Rennes ou Marseille en France, ou Chelsea, Braga ou Berlin en Europe, ce qui permet à nos joueurs d’être capable d’analyser un match et de s’y adapter en fonction du jeu proposé », liste-t-il.

Frédéric Barilaro, « plus à l’ancienne », est un peu moins convaincu même si lui aussi souligne la diversité tactique offerte par le passage en groupe Elite : « On a toujours formé des joueurs, et groupe Elite ou pas, Eliesse Ben Seghir serait quand même avec les pros aujourd’hui ».

Si les deux membres du centre de formation ne voient pas forcément de jeunes joueurs monter en équipe pro d’ici la fin de saison - « compliqué à huit journées de la fin du championnat » -, la génération 2004-2005 devrait faire une percée dans l’effectif pro la saison prochaine. Avec quelques noms déjà à retenir : « L’attaquant Malamine Efekele, ou les milieux Mamadou Coulibaly et Mayssam Benama », liste Frédéric Barilaro. Vous êtes prévenus.

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