EXPLORATION SPATIALELa sonde Juice s’apprête à s’envoler vers Jupiter et ses lunes glacées

La sonde Juice s’apprête à s’envoler vers Jupiter et ses lunes glacées

EXPLORATION SPATIALELa sonde de l’agence spatiale européenne va notamment analyser Ganymède, une lune de Jupiter susceptible de pouvoir abriter la vie
La sonde Juice de l'ESA, ici à Toulouse le 20 janvier 2023, doit s'envoler en direction de Jupiter, jeudi 13 avril 2023.
La sonde Juice de l'ESA, ici à Toulouse le 20 janvier 2023, doit s'envoler en direction de Jupiter, jeudi 13 avril 2023. - Charly TRIBALLEAU / AFP / AFP
20 Minutes avec agences

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Le voyage va durer huit ans. La sonde spatiale Juice s’apprête à s’envoler pour Jupiter et ses lunes glacées. L’objectif : trouver des environnements extraterrestres favorables à la vie. Mission phare de l’agence spatiale européenne (ESA), Juice (Jupiter Icy Moons explorer) doit décoller jeudi depuis Kourou, en Guyane française, à bord d’une fusée Ariane 5.

La sonde de plus de six tonnes conçue par Airbus, avec ses dix instruments scientifiques, sera propulsée à 1.500 km d’altitude avant d’être envoyée en orbite, a indiqué Véronique Loisel, cheffe de projet pour Arianespace, lors d’une conférence de presse. Démarrera alors l’odyssée de Juice, qui atteindra sa destination finale en 2031, à quelque 628 millions de kilomètres de la Terre.

Un périple long et difficile

Le voyage sera long et sinueux car la sonde n’a pas assez de puissance pour atteindre Jupiter par une trajectoire directe. L’engin spatial devra en passer par de complexes manœuvres d’assistance gravitationnelle, qui consistent à utiliser la force d’attraction d’autres planètes, à la manière d’une catapulte. Par un survol Lune-Terre d’abord, puis de Vénus (2025), puis à nouveau de la Terre (2029), avant de prendre son élan vers le mastodonte du système solaire et ses lunes glacées découvertes par Galilée il y a 400 ans.

Entre les +250 degrés lors du survol de Vénus et les -230 degrés aux alentours de Jupiter, la sonde affrontera « un grand écart de températures », relève Carole Larigauderie, cheffe du projet Juice pour le Centre national d’études spatiales (CNES). D’où une couverture à isolation multicouches qui maintiendra ses instruments à une température stable. Un autre défi sera de garder de la puissance alors que la lumière du Soleil y est 25 fois plus faible que sur Terre. Juice est donc équipée de panneaux solaires de 85 m² afin de recueillir « un maximum de photons ».



Trouver des environnements habitables

Une fois sur place, le vaisseau et ses 2 milliards de kilomètres au compteur devra s’insérer dans l’orbite de Jupiter, au terme d’un périlleux freinage. Il inspectera le système jovien, à savoir la planète géante et ses principaux satellites que sont la volcanique Io et ses trois comparses glacées, Europe, Ganymède et Callisto. Un terrain déjà défriché par d’autres sondes, dont Galileo et Juno.

« C’est un système solaire miniature dont l’étude permettra de mieux comprendre comment s’est formé notre système solaire », selon Olivier Witasse, responsable scientifique du projet Juice pour l’ESA. Météo, champs magnétiques, connexion des lunes entre elles… autant d’informations qui vont aider la mission dans sa quête principale : trouver des environnements habitables, c’est-à-dire propices à des formes de vie.

Ganymède, candidate à la vie ?

En 2034, Juice devrait s’insérer dans l’orbite de Ganymède, la plus grosse lune du système solaire et la seule à posséder un champ magnétique intrinsèque qui la protège des radiations. Comme Europe, Ganymède est une candidate idéale pour la quête d’habitabilité. « Ça ne veut pas dire qu’on va y trouver de la vie, mais on veut savoir si la vie pourrait y exister », précise Francis Rocard, planétologue au CNES.

Sous leur croûte de glace, les deux lunes abritent de vastes océans d’eau liquide, principale condition pour l’émergence du vivant. Les instruments embarqués (caméra optique, spectromètre imageur, radar, altimètre, magnétomètre…) devraient permettre de caractériser cet océan pour savoir s’il est susceptible d’abriter des formes de vie. Lesquelles ? « On n’en a aucune idée », répond Francis Rocard, mais en extrapolant de ce qu’on sait de la vie terrienne dans des milieux extrêmes, les scientifiques pensent à des micro-organismes primitifs comme des bactéries.

Les données récoltées seront complétées par celles de la sonde de la Nasa Europa Clipper, qui partira inspecter Europe en 2024.

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