AFFRONTEMENTSDes combats pour le contrôle du pouvoir font au moins 56 morts au Soudan

Soudan : Des combats pour le contrôle du pouvoir font au moins 56 morts

AFFRONTEMENTSOpposées à l’armée, les Forces de soutien rapide (FSR) affirment contrôler la résidence présidentielle et l’aéroport de Khartoum
Une épaisse fumée au-dessus de bâtiments à proximité de l'aéroport de Khartoum le 15 avril 2023.
Une épaisse fumée au-dessus de bâtiments à proximité de l'aéroport de Khartoum le 15 avril 2023. - AFP / AFP
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

La violence règne au Soudan. Les combats entre armée et paramilitaires ont fait au moins 56 morts parmi les civils et des « dizaines » parmi les forces de sécurité, a rapporté ce dimanche matin le Comité central des médecins soudanais, une organisation indépendante et prodémocratie. Le Comité dit avoir également dénombré quelque 600 blessés. De nombreuses victimes ne peuvent être transférées vers les hôpitaux en raison de difficultés de déplacement.

Les fenêtres ont tremblé et les immeubles ont été secoués dans de nombreux quartiers de Khartoum pendant les affrontements samedi, et des explosions ont été entendues tôt ce dimanche. Samedi en fin de journée, l’armée a demandé à la population de rester chez elle alors qu’elle poursuivait ses frappes aériennes contre les bases des paramilitaires.

Des appels internationaux au cessez-le-feu

Les Forces de soutien rapide (FSR) - des milliers d’ex-miliciens de la guerre du Darfour devenus supplétifs de l’armée - ont déclaré contrôler la résidence présidentielle, l’aéroport de Khartoum et d’autres infrastructures clés. L’armée dément la prise de l’aéroport mais assure que les FSR y ont « incendié des avions civils, dont un de la Saudi Airlines », ce que la compagnie a confirmé.

Toute la journée de samedi, les appels au cessez-le-feu se sont multipliés : de l’ONU, Washington, Moscou, Paris, Rome, Riyad, l’Union africaine, la Ligue arabe, l’Union européenne et même l’ancien Premier ministre civil Abdallah Hamdok. Mais en vain. La Ligue arabe a d’ailleurs annoncé une réunion d’urgence ce dimanche, à la demande du Caire - où elle siège - et de Riyad, deux grands alliés de l’armée soudanaise, aux prises avec les paramilitaires qui veulent désormais la déloger du pouvoir.

Les paramilitaires inflexibles

Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a pour sa part appelé les deux belligérants : le chef de l’armée, Abdel Fattah al-Burhane, et le patron des FSR, Mohamed Hamdane Daglo, dit « Hemedti », mais aussi le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi pour réclamer « un arrêt immédiat de la violence ».

Les paramilitaires, eux, se disent inflexibles. Ils « ne s’arrêteront pas avant d’avoir pris le contrôle de l’ensemble des bases militaires », a menacé sur la chaîne al-Jazeera le commandant Hemedti. Le général Burhane, lui, n’est pas apparu depuis le matin, mais assure par communiqué avoir été « surpris à neuf heures du matin » par une attaque de son QG par les FSR, son ancien meilleur allié que l’armée qualifie désormais de « milice soutenue par l’étranger ».

Un avis de recherche contre Hemedti

L’armée, elle, a publié sur sa page Facebook un « avis de recherche » contre Hemedti. « Ce criminel en fuite est recherché par la justice », lit-on sur le montage photo, alors qu’un autre communiqué annonce la dissolution des FSR, appelant tous ces hommes à se rendre.

Lors du putsch en octobre 2021, Hemedti et Burhane avaient fait front commun pour évincer les civils du pouvoir. Mais au fil du temps, Hemedti n’a cessé de dénoncer le coup d’Etat. Récemment même, il s’est rangé du côté des civils - donc contre l’armée dans les négociations politiques - bloquant les discussions et donc toute solution de sortie de crise.