FrançaisFaire « bonne chère » ou « bonne chair », quelle différence ?

Définition : Faire « bonne chère » ou « bonne chair », quelle différence ?

FrançaisDit-on « faire bonne chère » ou « faire bonne chair » ? La confusion est fréquente, mais il n’y a qu’une seule bonne réponse. Voici laquelle et pourquoi
Illustration d'un repas.
Illustration d'un repas. - Free-Photos / Pixabay
Frédéric Henry pour 20 Minutes

Frédéric Henry pour 20 Minutes

L'essentiel

  • «Faire bonne chère » signifie « faire un festin ».
  • Cette orthographe vient du latin « cara ».
  • Il est toujours fautif d’écrire « bonne chair ».

Vous l’avez sans doute lu ici ou là, à propos d’un réveillon ou d’un repas de mariage : vos proches ont « fait bonne chair ». Si cette orthographe paraît logique, elle est totalement erronée. Pour comprendre l’origine d’un terme, il convient de décortiquer son étymologie. Voyons ici pourquoi c’est « chère » et non « chair ».

Ma chère, veuillez faire bonne figure

Sans surprise, un mot latin se cache derrière tout ça. Pour comprendre la locution « faire bonne chère », il faut revenir au terme « cara », c’est-à-dire « visage » ou « figure » dans la langue de César. Et l’expression « faire bonne figure », vous la connaissez : il s’agit d’être aimable et de se montrer sous un jour favorable. Au Moyen Âge, il s’agissait aussi d’accueillir ses invités avec un sourire (ce qui, vous en conviendrez, est la moindre des choses). « Faire bonne chère » est donc devenu synonyme de « partager un bon moment ». De là à parler de festin, il n’y a qu’un pas : un bon repas est, après tout, l’une des meilleures façons d’engendrer la convivialité.

Une expression 100 % végane

C’est ainsi que « faire bonne chère » a trouvé son sens actuel : manger bien et beaucoup. Et c’est vrai : traditionnellement, les festins français sont synonymes d’orgies de viande. Mais alors, on n’écrit jamais « faire bonne chair » ? Non, jamais. Mais selon certains linguistes, l’homonymie entre « chère » et « chair » a probablement contribué à ce glissement sémantique. Ce dernier remonterait d’ailleurs au lendemain de la guerre de Cent Ans, qui avait affamé les populations. En tout cas, que les végétariens festoient en toute sérénité : de nos jours, rien n’interdit de faire bonne chère… sans chair animale.