CONCERTATIONLes maires s’opposent à la consigne sur les bouteilles en plastique

Consigne sur les bouteilles en plastique : Les maires s’opposent à une mesure qu’ils jugent « antiécologique »

CONCERTATIONLes associations d’élus considèrent que cette mesure déstabiliserait le système public de collecte des déchets sans améliorer la collecte du plastique
Des bouteilles en plastique dans un centre de tri en Indonésie (illustration).
Des bouteilles en plastique dans un centre de tri en Indonésie (illustration). - Adi Pranata/Pacific Press/Shutte / SIPA
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Les associations d’élus sont vent debout contre la mise en place d’une consigne sur les bouteilles en plastique. Elles ont en effet réitéré mardi leur opposition car « la consigne ne permet pas de réduire les déchets ».

A la veille d’une réunion nationale de concertation, les maires et représentants d’intercommunalités, chargées de la gestion des déchets ménagers, ont dénoncé une mesure selon eux « antiécologique, sous couvert de vernis vert », qui déstabiliserait le système public de collecte des déchets sans améliorer la collecte du plastique.

Crainte d’un passage par la voie réglementaire

Le gouvernement a relancé en janvier un débat sur la mise en place de ces consignes, une initiative précédemment retirée lors du vote de la loi antigaspillage pour une économie circulaire (Agec) en 2020. La concertation, qui prévoit six réunions nationales et une par région, doit s’achever en juin, mais les maires redoutent que le gouvernement ne passe par la voie réglementaire pour faire son choix.

Les objectifs européens de taux de collecte des bouteilles plastiques sont de 90 % en 2029. Mais la France plafonne en dessous de 60 %, ces emballages n’étant ni collectés, ni triés dans la plupart des poubelles de rue ou sur les lieux de travail.

Les bouteilles plastiques représentent « 350.000 t, soit moins de 1 % des déchets ménagers, qui totalisent 39 millions de tonnes, et font partie des déchets plastiques les mieux valorisés, avec un taux de recyclage de 70 % contre 23 % pour les autres déchets plastiques », a rappelé Jean-François Vigier, maire UDI de Bures-sur-Yvette (Essonne).

« C’est une arnaque intellectuelle qui consiste à employer le mot "consigne", perçu positivement dans l’opinion, pour une opération qui n’en est pas une puisque la bouteille ne sera pas remployée mais détruite pour être recyclée, c’est-à-dire qu’elle va finir exactement au même endroit que lorsqu’on la jette dans le bac jaune de collecte sélective », a pour sa part expliqué Jean-François Debat, maire PS de Bourg-en-Bresse (Ain).

Environ 30 millions d’euros pour un centre de tri

Pour le consommateur, l’opération semble être un jeu à somme nulle puisqu’il paierait 20 centimes de plus sa bouteille et se verrait ensuite restituer l’argent avancé après l’avoir fait « déconsigner » dans un automate. Mais « toutes les bouteilles ne seront pas forcément rapportées », selon Jean-François Vigier, qui évalue à 400 millions d’euros le bénéfice qu’en tireraient les industriels de la boisson et à 320 millions le manque à gagner pour les collectivités. Ces dernières ont en outre investi dans de coûteuses machines : environ 30 millions d’euros pour un centre de tri.

Pour atteindre les objectifs européens, les maires formulent 14 propositions, dont la promotion de la consommation d’eau du robinet pour diviser par deux le nombre de bouteilles plastiques en 2030, l’augmentation de la fréquence des collectes ou la mise en place d’une collecte sélective de tous les emballages consommés hors domicile.