Pourquoi les rumeurs sur le divorce d’Achraf Hakimi sont diffamatoires et fantaisistes
Fake Off•« S’il n’y a pas de preuves, c’est de la diffamation », explique Claude Dumont Beghi, avocate en droit international et droit de la familleEmilie Jehanno
L'essentiel
- Achraf Hakimi, défenseur du PSG et international marocain, en instance de divorce d’avec son ex-femme, Hiba Abouk, aurait « mis toute sa fortune sous le nom de sa mère il y a longtemps », ce qui empêcherait son ex-femme d’avoir « la moitié de ses biens et de sa fortune ».
- Relayées depuis le 13 avril à partir d’un tweet du compte ivoirien First Mag, ces affirmations sont avancées sans preuves.
- Ces affirmations sont « lourdes de conséquences » pour Claude Dumont Beghi, avocate en droit international et droit de la famille.
La rumeur, avec ses relents de misogynie, a été reprise en boucle sur les réseaux sociaux, louant le « génie » d’Achraf Hakimi. Le défenseur du PSG et international marocain, en instance de divorce d’avec sa femme, Hiba Abouk, aurait « mis toute sa fortune sous le nom de sa mère il y a longtemps », ce qui empêcherait son ex-femme d’avoir « la moitié de ses biens et de sa fortune ». Début mars, le footballeur avait été mis en examen pour viol par le parquet de Nanterre.
Ces affirmations très virales, partagées sans preuve, et surtout sans connaissance ni du pays où le mariage a eu lieu ni du régime sous lequel le couple s’est marié, ont été relayées à partir d’un tweet du compte ivoirien First Mag, publié le 13 avril. Le message a ensuite été repris tel quel, en citant d’autres sites douteux ou comptes qui partagent l’affirmation, toujours sans preuve.
Des affirmations « lourdes de conséquences »
Pour Claude Dumont Beghi, avocate en droit international et droit de la famille, ces affirmations sont graves : « Elles sont lourdes de conséquences parce que si on suit le raisonnement, ça voudrait dire qu’il aurait organisé son insolvabilité, cela met un doute sur sa loyauté, sa bonne foi. S’il n’y a pas de preuves, c’est de la diffamation », insiste-t-elle, ajoutant que si elle était la personne concernée, elle attaquerait en justice soit pour diffamation soit pour intention de nuire.
En droit des familles et du divorce, ces affirmations n’ont pas de sens. Il y a d’abord une inconnue : Achraf Hakimi et Hiba Abouk se sont mariés « en secret » un peu avant la naissance en février 2020 de leur premier enfant, expliquait l’actrice espagnole dans le magazine Hola. Il n’y a pas de certitudes donc sur le régime matrimonial sous lequel ils ont pu se marier. Et c’est un point fondamental en cas de divorce, puisqu’en fonction de ce régime, les règles de partage des biens ne sont pas les mêmes.
L’inconnue du régime matrimonial
Il est possible de supposer que le couple se soit marié en Espagne, pays où ils sont tous les deux nés. Le régime matrimonial y est semblable à celui de la France. « Le principe est que, s’il n’y a pas de contrat de mariage, le régime légal, c’est la communauté des biens, indique Claude Dumont Beghi. Compte tenu de la fortune de monsieur, il a dû se marier sous le régime de la séparation de biens et faire un contrat. »
Partager « la moitié des biens » (des biens communs acquis pendant le mariage), « cela est valable quand on est marié sous le régime de la communauté, c’est-à-dire sans contrat préalable », appuie-t-elle, ce qui est fort improbable ici. Le manque d’informations sur le régime matrimonial et l’affirmation selon laquelle une personne, en procédure de divorce, se retrouve devant un juge sans avoir les éléments du dossier auparavant « montrent que ces affirmations sont gratuites et purement fantaisistes ».
Le juge français peut être compétent
Par ailleurs, « la résidence habituelle était la France pour le couple [– qui habitait à Boulogne-Billancourt depuis le transfert au PSG d’Achraf Hakimi en 2021-] et qu’en l’état, les juridictions françaises dans le cadre du divorce sont compétentes, c’est le règlement Bruxelles II, ter, article 3 [relatif à la compétence, la reconnaissance et l’exécution des décisions en matière matrimoniale et en matière de responsabilité parentale dans l’Union européenne] et l’article 309 du Code civil qui s’appliquent », poursuit l’avocate. Dans une interview au magazine espagnol Instyle en mars 2023, l’actrice a indiqué qu’elle vivait à Paris, mais que Madrid lui manquait et qu’elle aimerait « y revenir bientôt ».
C’est-à-dire que, a priori, c’est le juge français qui est compétent pour appliquer la loi française dans ce dossier. Auquel cas, après trois ans de mariage, « une prestation compensatoire pour compenser les niveaux de vie, induit par cette séparation, en fonction des besoins etc., devra être payée, c’est classique, commente Claude Dumont Beghi. Il n’est pas possible de dire que madame n’aura rien. »