ConsommationLactalis refuse de baisser les prix de ses produits dans les supermarchés

Inflation : Lactalis refuse de baisser les prix de ses produits dans les supermarchés

ConsommationLe leader français de l’agroalimentaire met en avant la hausse des coûts de production, la baisse de ses marges ou encore le soutien aux producteurs laitiers
Le siège social de Lactalis.
Le siège social de Lactalis. - GILE MICHEL/SIPA / SIPA
20 Minutes avec agence

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Dominique Schelcher, président-directeur général de Système U, a appelé mardi sur le plateau de BFMTV à de nouvelles négociations avec les industriels sur les prix des produits. Le patron a d’ailleurs menacé de supprimer certaines marques de ses rayons, si celles-ci ne jouent pas le jeu en baissant les prix. Invité au micro de RMC ce vendredi matin, Christophe Piednoël, directeur général de la communication de Lactalis, a indiqué que son groupe ne pourrait pas réduire les prix avant la fin de l’année, au moins.

« On aimerait baisser nos produits. C’est notre intérêt, on en vendrait plus. Mais les indicateurs économiques ne nous le permettent pas », a ainsi expliqué Christophe Piednoël face à Apolline de Malherbe. Il pointe une augmentation du coût de l’énergie de 60 %, des salaires en hausse de 10 % et des marges réduites à 1,36 %.

Renégocier, c’est non

Alors que le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, sollicite lui aussi des renégociations entre industriels et acteurs de la grande distribution, Christophe Piednoël reste ferme : « On va venir à la table des négociations pour expliquer qu’on maintient le prix du lait ». Tout en renvoyant la balle au gouvernement : « On est conscient de la situation des Français. On a été très favorable, par exemple, au chèque alimentaire, qui ne s’est pas mis en place. On pense qu’il faut aider les plus modestes ».

Le groupe Lactalis, propriétaire de marques populaires comme Président, Lactel ou Galbani, auraient vu ses coûts de production bondir de 20 % en 2022, annonce à Capital Thierry Clément, en charge de la direction générale des opérations. « On adorerait répondre à l’appel de Bruno Le Maire mais, là, c’est impossible, assure-t-il. Nous venons tout juste de signer nos tarifs pour 2023. On avait demandé 12 à 15 % de hausse et nous n’avons même pas obtenu 10 % ».

« On a fait le choix de soutenir les éleveurs »

Et pour justifier ce refus catégorique de renégocier, Lactalis met également en avant la protection des éleveurs. La baisse des prix se ferait au détriment des producteurs laitiers, estime le leader du secteur. « Nous, on a fait le choix de soutenir les éleveurs. On a augmenté le prix du lait de 30 % l’année dernière. Est-ce qu’on veut fragiliser notre agriculture pour faire baisser les prix ? », interroge Christophe Piednoël sur RMC.

« Il faut arrêter de nous montrer du doigt et de nous traiter de méchants industriels qui se gavent. Il n’y a qu’à regarder nos résultats », s’agace Thierry Clément pour Capital. Pourtant, Lactalis a annoncé jeudi avoir dépassé 28 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2022, détrônant Danone comme leader français de l’agroalimentaire. Son chiffre d’affaires a plus que quintuplé depuis 2000 et le groupe a racheté plus de 100 sociétés.

Une rentabilité en baisse

Mais si l’activité de Lactalis a fortement progressé l’an dernier (+ 28,4%), tirée notamment par l’augmentation du prix de vente de ses produits, sa rentabilité s’est réduite, avec un bénéfice net de 384 millions d’euros (-14 % sur un an). Faute d’avoir pu répercuter entièrement « la forte inflation de nos coûts » (lait, emballages, énergie…), a souligné le patron Emmanuel Besnier lors d’une conférence de presse.



« Une fois que la crise conjoncturelle sera derrière nous avec une baisse de l’inflation, il faudra continuer à redonner de la valeur aux produits. Mais ça se fera sur le long terme, donc les évolutions de prix seront moins brutales pour les Français », prévient Thierry Clément. Les clients devront donc encore patienter…