« On n’avait jamais vu ça »… Un conducteur mis en examen après un accident mortel sur le métro à Paris

C’est un terrible accident qui a conduit un conducteur de métro en garde à vue, et suscité l’ire de ses collègues. Samedi 22 avril, une femme de 45 ans est décédée après avoir été happée par un métro de la ligne 6. Le conducteur qui conduisait le métro ce jour-là a été mis en examen pour homicide involontaire dans les transports ferroviaires ce vendredi, indique une source judiciaire à 20 Minutes. Les dépistages d’alcool et de stupéfiants se sont avérés négatifs pour cet employé de la RATP depuis quinze ans, selon le parquet de Paris. Le parquet avait requis l'interdiction de conduire, mais le chauffeur n'a pas été placé sous contrôle judiciaire, ajoute le parquet.

FO - RATP a appelé au droit de retrait des conducteurs jeudi soir. Ce vendredi matin à 10 h 30, la ligne 6 était « totalement interrompue », selon la RATP, et la ligne 9 est « perturbée », alors que le droit de retrait a été généralisé à l’ensemble du réseau.

Rassemblement sur le parvis du Palais de justice

« Depuis la création de la RATP, jamais un conducteur de métro n’a passé la nuit en garde à vue pour avoir exercé son métier, on n’avait jamais vu ça, s’insurge Jean-Christophe Delprat, secrétaire fédéral à FO logistique et transport, auprès de 20 Minutes. Il faut qu’on nous explique en quoi notre collègue a pu mettre en danger la vie des gens, nous on ne voit qu’un manque d’investissement, ce sont des vieux trains sur la ligne 6 ! Nous n’avons pas à passer la nuit en prison. »

Un rassemblement est organisé ce matin sur le parvis du Palais de justice. A 10 h 30, « une petite centaine de personnes [étaient] présentes », selon FO, venues demander la libération de leur collègue, toujours en garde à vue à cette heure.

La CGT demande une révision des systèmes de contrôle

« C'est la première fois que nous rencontrons une telle situation, nous avons peur que cela fasse jurisprudence car c'est une situation que l'on peut rencontrer très fréquemment », s'étonne Christophe Cabos, conducteur de métro et délégué syndical CGT. En réaction, le syndicaliste attend de la RATP une révision de tous les systèmes de contrôle de visu des quais du métro parisien, et plus : « Si le train a pu démarrer, c'est que la « boucle », le signal sonore indiquant que les portes sont fermées, a sonné, et que le deuxième contrôle, une lumière dans la loge du conducteur, indiquant qu'il n'y a pas de réouverture s'est allumée, l'autorisant à remettre le train en mouvement. »

Christophe Cabos confirme toutefois que les caoutchoucs des portes, qui protègent les mains des usagers, sont suffisamment souples pour ne pas sentir un manteau fin coincé à la fermeture.

Le trafic a été rétabli sur les lignes 5 et 7 après des perturbations matinales.

Deux sans abri décédés

La quadragénaire est décédée samedi à la station Bel-Air, happée par une rame après que sa veste est restée coincée dans les portes automatiques. Quelques jours plus tard, dans la nuit de mercredi à jeudi, un homme et une femme sans abri sont décédés après avoir été percutés par une rame de métro à Paris.

Pour ces deux décès, le parquet de Paris a indiqué avoir ouvert une enquête « en recherche des causes de la mort, confiée au commissariat du 14e arrondissement ». Pour l’accident sur la ligne 6, le Bureau des Enquêtes Accidents des Transports Terrestres a également ouvert une enquête, indique le parquet.