Le mythe des neuf vies du chat est si profondément ancré dans l’imaginaire collectif que nous l’avons tous entendu, sans pour autant être capables de dire d’où il peut venir.

Et les causes probables sont nombreuses, quand on y réfléchit : après tout, le chat a depuis l’Antiquité une aura surnaturelle. D’abord considéré comme une divinité chez les Égyptiens, puis comme un monstre chez les Celtes, et enfin comme l’incarnation du Diable sur Terre au Moyen Âge, il a tout d’un être immortel.

Le nombre neuf et la possible origine égyptienne

Le choix du nombre neuf nous donne une piste plausible de l’origine de ce mythe, car ce n’est pas un nombre commun parmi les légendes chrétiennes classiques : nous préférons généralement le nombre trois, associé à la Sainte Trinité, ou le nombre sept, qui est central dès l’Antiquité grecque et latine puis dans le monde judéo-chrétien. Le nombre neuf est en revanche d’une importance capitale dans l’Égypte antique, le panthéon égyptien comptant neuf dieux principaux.

Ces “neuf vies” auraient été attribuées au chat car il faisait preuve d’une agilité, d’une souplesse et d’une rapidité étonnantes lui permettant de se tirer de situations a priori mortelles, qu’il s’agisse d’accidents ou de combats contre des cobras royaux, extrêmement venimeux.

De plus, le chat est capable de survivre à des chutes impressionnantes en tordant son corps afin d’atterrir sur ses quatre pattes, ce qui n’étonnait pas les Égyptiens, déjà convaincus qu’il s’agissait là d’une créature surnaturelle.

L’hypothèse celte et le mythe du Cat Sìth

Si l’idée des nombreuses vies du chat existe dans plusieurs cultures aujourd’hui, le nombre associé n’est cependant pas toujours neuf, le mythe ayant été adapté selon les régions. En Italie, en Grèce, au Brésil et dans certains pays hispanophones, on lui attribue sept vies, tandis que les Turcs et les Arabes lui en attribuent six. Peut-être que le nombre neuf, conservé en France, est un héritage de la tradition celte et de son mythe du Cat Sìth, une créature ressemblant à un grand chat noir orné d’une tache blanche sur la poitrine. Ce chat était, selon la légende, une sorcière capable de se transformer en chat neuf fois. Le mythe du mandragot, un chat monstrueux du Moyen Âge probablement hérité de la tradition celte, garde lui aussi le nombre neuf : il servirait neuf maîtres, conduisant le dernier en enfer.

Quoi qu’il en soit, le mythe existe dans de nombreuses cultures car le chat a gardé sa faculté à se sortir vivant de toutes sortes de situations qui auraient été mortelles pour un humain. Au Moyen Âge, les chats étaient sacrifiés sur le bûcher durant l’Inquisition, mais également jetés de très hauts bâtiments, et certains y survivaient. Cela venait confirmer, pour les fanatiques de l’époque, leur caractère diabolique. En effet, il semblerait que les chats aient plus de facilité à se remettre de leur chute lorsque la hauteur dépasse 21 mètres : atteignant leur vélocité ultime à partir de ce seuil, ils ont le temps de se détendre durant leur chute afin de mieux répartir l’impact de l’atterrissage. Il existe même un cas documenté d’un chat ayant survécu à une chute de 32 étages à New York. Diabolique !

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