100 ans après sa création, la fascination pour les 24H du Mans reste intacte

histoire Berceau de l’automobile depuis le XIXe siècle, la ville a réussi à imposer sa course parmi l’un des plus grands défis auto au monde

Anaïs Cherif
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244.200 spectateurs ont assisté aux 24 Heures du Mans 2022, remportées par l'écurie Toyota Gazoo Racing.
244.200 spectateurs ont assisté aux 24 Heures du Mans 2022, remportées par l'écurie Toyota Gazoo Racing. — Michel JAMIN (ACO)

Une ligne droite emblématique, 38 virages… En cent ans d’existence, le circuit des 24 Heures du Mans est devenu un mythe. Et ce n’est pas l’édition 2023 qui prouvera le contraire : tous les billets de l’épreuve mancelle sont écoulés depuis longtemps. Historiquement, le succès de cette course atypique a tout à voir avec le passé industriel de la ville. « Le Mans a vu naître la première automobile de l’Histoire, inventée en 1873 par un industriel de la Sarthe, Amédée Bollée, raconte le directeur du musée des 24 Heures du Mans, Fabrice Bourrigaud. Cela entraînera la création de l’Automobile club de l’Ouest (ACO) dès 1906. » S’ensuivra une rencontre décisive lors du salon de l’Automobile de 1922 à Paris, entre le secrétaire général de l’ACO, Georges Durand, le journaliste sportif Charles Faroux, et l’industriel Émile Coquille.

« L’idée a été d’imaginer une compétition automobile qui puisse permettre de mettre à l’épreuve les machines, et donc d’offrir aux équipementiers la possibilité de démontrer leur savoir-faire », affirme Bruno Vandestick, speaker officiel de la course depuis 1993. « La durée symbolique des 24 heures s’impose. Cela permet de rouler de jour, comme de nuit, et donc, de mettre à l’épreuve tous les éléments d’une voiture », abonde Fabrice Bourrigaud. Un format de course inédit, alors que la mode de l’époque est aux courses de rapidité. Il permettra à de nombreuses inventions de prendre vie sur le circuit, comme les phares antibrouillard ou les freins à disques. « Pour un constructeur, si vous passez le banc d’essai des 24 Heures, alors votre technologie se retrouvera dans les voitures de demain », poursuit-il.

Un circuit “de légende” sur d’anciennes terres de chasse

La première édition se tient en mai 1923, avec déjà, des constructeurs étrangers, comme Bentley. L’ADN international de la course est scellé. « Le circuit a été élaboré au sud du Mans sur des terres de chasse disponibles. Il n’y avait aucun bâti et des terrains plats, permettant de voir les voitures de loin pour compter les passages… Il n’y avait pas encore les caméras à l’époque ! », s’amuse le directeur du Musée. Si le circuit d’origine a été raccourci, passant de 17 à 13,6 kilomètres aujourd’hui, il est quasi inchangéchangé. « Cela renforce la légende ! Par exemple, la ligne droite de 6 kilomètres, baptisée “ligne des Hunaudières”, a connu les plus grandes pointes de vitesse et le public n’y a pas accès. Cela attise la curiosité par sa démesure », estime Fabrice Bourrigaud.



Un constat partagé par Bruno Vandestick, tenu de maintenir le public en haleine. « Le succès vient de son concept : c’était la bonne idée, au bon moment. Ce qui explique qu’un siècle plus tard, la fascination du public reste la même. » Et de poursuivre : « Même aujourd’hui, cela reste un défi sportif. La course demande une préparation physique et beaucoup de mental. Les pilotes sont des athlètes. Sans oublier que c’est une course où il faut savoir communiquer avec les membres de son équipe. On gagne Le Mans en équipe. »