L’ARGENT, NERF DE LA GUERREPourquoi la hausse du budget des armées ne fait pas l’unanimité

Budget des armées : Pourquoi la hausse ne fait pas l’unanimité

L’ARGENT, NERF DE LA GUERRELes députés débattent à partir de ce lundi de la hausse du budget des armées, mais certains choix du gouvernement crispent l’opposition
Défilé de militaires sur les Champs-Elysées le 12 juillet 2011, pour la répétition du défilé du 14 juillet.
Défilé de militaires sur les Champs-Elysées le 12 juillet 2011, pour la répétition du défilé du 14 juillet. - F. DUFOUR / AFP / AFP
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

De l’argent pour des canons. Les députés débattent à partir de ce lundi de la hausse du budget des armées dans le cadre de la nouvelle loi de programmation militaire (LPM), proposée par le gouvernement. Avec 413 milliards sur sept ans (2024-2030), l’enveloppe mise sur la table est en nette hausse par rapport à celle adoptée sous le précédent quinquennat (295 milliards pour 2019-2025). « Il n’y a rien de trop », considère le ministre des Armées Sébastien Lecornu, qui défendra dès ce lundi et pendant deux semaines, la copie de l’exécutif.

Que souhaite le gouvernement ?

L’objectif affiché est de moderniser l’armée, notamment sa dissuasion nucléaire. A elle seule, elle devrait consommer 13 % des crédits. C’est le « montant de l’assurance-vie », qui permet parallèlement d’avoir moins de forces conventionnelles, juge Thomas Gassilloud, président de la commission de la Défense.

Pour le reste, la cible de 275.000 militaires et civils (hors réservistes) est inchangée mais les crédits passent de 87 à 98 milliards d’euros sur la période pour améliorer les rémunérations et les inciter à rester dans l’armée. Les équipements (avions, blindés…) représentent 268 milliards d’euros, et le budget consacré à leur entretien grimpe de 40 % (49 milliards d’euros), tout comme celui de l’entraînement des forces (65 milliards).



La LPM entend aussi remédier à des faiblesses mises en lumière par le conflit en Ukraine, notamment pour augmenter les stocks de munitions (16 milliards d’euros, +45 %) ou les dispositifs de défense sol-air (5 milliards). L’accent est également mis sur les « nouveaux champs de conflictualité », comme l’espace (6 milliards, +40 %) ou le cyber (4 milliards, +300 %). Deux fois plus d’argent sera consacré aux drones (5 milliards d’euros), 5 milliards au renseignement et deux milliards aux forces spéciales.

Enfin la LPM prévoit la construction du nouveau porte-avions à propulsion nucléaire français, censé remplacer le Charles-de-Gaulle pour 413 milliards d’euros. Le chantier débutera entre fin 2025 et début 2026 avec les premiers essais en mer en 2036-37.

Pourquoi ça coince ?

Les oppositions pointent des « effets d’annonce ». Pour Anna Pic (PS), cette LPM est davantage une « continuité » qu’un effort historique, et « 100 milliards » d’euros découlent déjà de la précédente. Les socialistes comptent également démontrer que l’objectif des 2 % de PIB consacrés à la défense, engagement de la France en tant que membre de l’Otan, ne sera pas atteint. Et surtout, les oppositions reprochent au gouvernement le fait que les efforts budgétaires les plus importants sont prévus après la fin du quinquennat. Plusieurs amendements de tous bords proposeront d’imposer davantage d’efforts d’ici 2027.

Par ailleurs, les choix opérés par la LPM vont entraîner un décalage de livraisons de plusieurs équipements majeurs (blindés Scorpion, avions Rafale, frégates de défense et d’intervention…), ce qui inquiète dans l’opposition. « Si nous sommes attaqués, nous devons avoir les moyens de nous protéger », or, « en faisant le choix du nucléaire et en faisant le choix d’un porte-avions, le ministre de la Défense prévoit de retarder la modernisation de nos hélicoptères, de nos tanks, prévoit qu’il y ait moins de frégates alors que nous en avons besoin pour les territoires d’Outre-mer », a ainsi dénoncé Fabien Roussel, le patron du PCF sur France Inter.

Les écologistes, eux, s’opposeront au projet d’un futur porte-avions et les Insoumis soulèveront, entre autres, la question de l’Otan et présenteront un contre-projet global ce lundi. Les débats s’annoncent tendus alors même que le gouvernement a choisi la procédure accélérée sur ce texte (une lecture devant l’Assemblée et le Sénat) avec pour objectif de faire adopter définitivement le texte avant le 14 juillet.