cyclismeLes enjeux d’une troisième semaine qui s’annonce explosive sur le Giro

Tour d’Italie : Les enjeux d’une troisième semaine qui s’annonce explosive

cyclismeLe parcours très dense des six derniers jours de course annonce une belle bataille, alors que les favoris sont pour l'instant restés sur la réserve
Thibaut Pinot en tête lors de la 13e étape du Tour d'Italie, le 19 mai 2023.
Thibaut Pinot en tête lors de la 13e étape du Tour d'Italie, le 19 mai 2023.  - Jean-Christophe Bott/AP/SIPA / SIPA
Nicolas Camus

Nicolas Camus

L'essentiel

  • Au lendemain d’une deuxième journée de repos, le Tour d’Italie ouvre ce mardi une dernière semaine qui s’annonce bouillonnante avec des étapes de montagne particulièrement ardues et des favoris qui se tiennent en une poignée de secondes.
  • Le Français Bruno Armirail espère de son côté conserver son maillot rose de leader du général une journée de plus, avant de seconder ensuite Thibaut Pinot dans sa quête de victoire d’étape (voire plus si affinités).
  • Petit résumé des enjeux des six étapes restantes, alors cette 106e édition du Giro nous a déjà réservé de sacrées péripéties.

De la pluie, des chutes à gogo, des vilains virus, Thibaut Pinot qui clashe Jonathan Vaughters sur Twitter avec la bénédiction de Lance Armstrong, un Français en rose pour la première fois au 21e siècle et maintenant une succession de cols dantesques pour achever les survivants… La troisième et dernière semaine de ce Giro de dingos démarre ce mardi, et on a déjà posé les RTT pour ne rien manquer du spectacle. Pour partir sur de bonnes bases, on se fait un petit point sur les enjeux des six étapes restantes.

Combien de rescapés à Rome ?

Les deux premiers tiers de ce Tour d’Italie n’ont été qu’une hécatombe sans fin. Le Covid, les petits virus dus aux conditions météo aussi exécrables que changeantes et les nombreuses gamelles ont opéré un tri drastique. Quarante-quatre coureurs sur les 176 au départ ont déjà abandonné, et personne ne peut se croire à l’abri d’ici à dimanche prochain tellement la course part dans tous les sens. « Dans ce Giro, il s’agit de survivre, résumait la semaine dernière Primoz Roglic. Comme disait Rocky: la question n'est pas de savoir à quel point tu peux frapper fort, mais à quel point tu es capable d'encaisser et d'aller quand même de l'avant. »


Les coureurs dans le froid lors de la 13e étape du Tour d'Italie, le 19 mai 2023.
Les coureurs dans le froid lors de la 13e étape du Tour d'Italie, le 19 mai 2023.  - Fabio Ferrari/LaPresse/Shutterst/SIPA

Quand le Slovène, pas vraiment réputé pour être le plus marrant du peloton, sort un truc comme ça, c’est qu’on a passé un stade dans le grand n’importe quoi. Ce 106e Giro restera d’ailleurs comme celui où les coureurs ont menacé de faire grève si une étape n’était pas raccourcie. C’était vendredi, lors du premier grand rendez-vous en haute montagne, finalement concentré sur 74 km au lieu de 199. « Une bonne décision si on veut rallier Rome avec au moins 50 coureurs », a réagi Geraint Thomas du haut de ses 36 ans. Le Britannique n’est pas le seul vétéran à se demander ce qu’il fait encore sur un vélo. Maxime Bouet (36 ans), Ignatas Konovalovas (37 ans) et Luis Léon Sanchez (39 ans), qui en ont vu d’autres, ont reconnu vivre le grand Tour le plus pénible de leur carrière. « De très loin », même, selon le Français d’Arkéa-Samsic.

A priori, la météo s'annonce plus clémente pour cette dernière semaine. Enfin, dans la mesure du possible à plus de 2.000 mètres d'altitude.

Les étapes à ne pas manquer

On n’est pas loin de dire toutes, en fait. Ce mardi déjà, ça repart très fort avec cinq cols au menu, pour plus de 5.000 mètres de dénivelé. Les coureurs s’échaufferont sur le difficile Passo di Santa Barbara (12 km à 8 % de moyenne), avant de faire les montagnes russes toute la journée jusqu’à la redoutable et mythique montée finale vers Monte Bondone. Vingt bornes de souffrance avec des passages à 15%, miam. Ce sera pas mal non plus jeudi avec quatre ascensions un poil moins compliquées, qui pourraient parfaitement convenir à une échappée au long cours.

Mais vous ne devez choisir qu’une étape, on vous conseille la 19e, vendredi, entre Longarone et les Tre Cime. Un peu plus de 180 km de bonheur (sur son canapé) à travers les Dolomites, avec cinq ascensions qui s’enchaînent sans répit. Mention spéciale pour l’explosif Passo Giau (9,9 km à 9,3%), idéalement placé à 40 bornes de l’arrivée pour lancer les grandes manœuvres. Si ça ne suffit pas, le final vers les Trois Cimes de Lavaredo, avec ses portions à 18%, a une bonne gueule d’enfer sur terre.

Séance de rattrapage samedi avec un chrono majuscule. Les coureurs arriveront lancés par 11 km de plat sur un vrai mur, le Monte Lussari. En détail, pour les puristes : Cinq premiers km à 15 % en moyenne, avec un pic à plus de 20 %, un petit replat, une rampe dans le dernier kilomètre avec des pentes jusqu’à 22 %, une légère descente et 150 derniers mètres à 16 % alors que ça brûle déjà de partout. Mieux vaut réserver son brancard en haut, il n’y en aura pas pour tout le monde.

Bruno Armirail en rose encore longtemps ?

Le premier maillot rose francese depuis Jaja en 1999 ne fait pas de plan sur la comète. L’habituel équipier au sein de la Groupama-FDJ profite d’un peu de lumière, sans oublier pourquoi il est là : aider son leader Thibaut Pinot. « Ce n’est pas une pression, que du bonus, a-t-il confié ce lundi lors de la journée de repos. Si je peux garder le maillot demain soir [mardi], ce serait super. Mon rôle est de le conserver le plus longtemps possible, et une fois que je l’aurais perdu, ce sera tout pour Thibaut. »


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Son coéquipier est pour l’instant 11e du général à 4’23, et un peu de 3 minutes du podium. Deuxième de la fameuse 13e étape vendredi, il rumine encore un peu selon Armirail mais il ne va « pas trop mal », ce qui est déjà une bonne nouvelle au vu des conditions des deux premières semaines. Pour sa dernière danse sur ce Tour d’Italie qu’il aime tant, Pinot chasse la victoire d’étape et le classement général. Sans ordre de préférence, promis. « On peut jouer les deux, gagner une étape et en profiter pour se rapprocher au général, assure Amirail en souriant. Ce sera vraiment les deux objectifs, on verra comment, soit par une échappée soit à la pédale. » En tout cas, ces quelques jours teintés de rose ont gonflé le moral des troupes. « Ce maillot transcende l’équipe, observe son porteur. C’est quand même beau de l’avoir. »

Qui est le mieux placé pour la victoire finale (hormis Tibopino, s’entend) ?

La bataille entre favoris a été davantage une course par élimination, pour le moment, avec les défections de Remco Evenepoel pour cause de test positif au Covid et de Tao Geoghegan Hart sur chute. Pour le reste, rien à se mettre sous la dent, hormis l’accélération de Joao Almeida et Primoz Roglic dimanche sur la route de Bergame. Restons positifs, ça ne peut que s’emballer cette semaine, surtout au vu du tracé. « Moi aussi je suis un peu déçu par le scénario, a reconnu ce lundi Geraint Thomas. C’est une course d’attente pour le moment, mais ça va finir par exploser et j’espère que je serai du bon côté. »

Le Britannique, vainqueur du Tour de France 2018, dispose d’un très léger avantage pour l’instant, deuxième du général avec deux secondes d’avance sur le Slovène et 22 sur le Portugais. « Ils sont les plus proches, mais tout le monde dans le top 10 est une menace, surtout sur ce Giro et avec cette dernière semaine très difficile », a-t-il commenté. Il est vrai qu’une déconvenue est vite arrivée, le Tour d’Italie nous le rappelle chaque année. L’an dernier, Richard Carapaz avait explosé en vol lors de la 20e étape, maillot rose sur le dos. Pour notre part, on met une petite pièce sur Primoz Roglic, intrinsèquement le plus costaud et qui dispose encore d’une équipe au complet à ses côtés pour l’aider à garder ses forces en haute montagne. Pas un maigre privilège.