SolidaritéDe plus en plus d’adolescents de moins de 14 ans sollicitent SOS Amitié

« Avant le Covid-19, les moins de 14 ans appelaient une dizaine de fois par an, là c’est plus de 2.000 », alerte SOS Amitié

SolidaritéLe dernier baromètre de la célèbre ligne d’écoute livre un constat alarmant sur le mal-être des Français, et notamment des plus jeunes
Les adolescents sont de plus en plus nombreux à appeler SOS Amitié (Illustration).
Les adolescents sont de plus en plus nombreux à appeler SOS Amitié (Illustration). - ISOPIX/SIPA / SIPA
Nicolas Bonzom

Nicolas Bonzom

L'essentiel

  • Les appels sur la ligne d’écoute de SOS Amitié ont bondi de 25 à 30 % pendant la crise du Covid-19. Et depuis, les coups de fil n’ont pas diminué, à l’association.
  • La structure s’alarme, notamment, dans son dernier baromètre, que de plus en plus de jeunes de moins de 14 ans les contactent : de 2020 à 2022, le nombre de pré-adolescents ayant sollicité la ligne d’écoute a augmenté de 40 %.
  • « Avant la crise du Covid-19, c’était quelques dizaines d’appels par an, confie Ghislaine Desseigne, la présidente de SOS Amitié France. Aujourd’hui, c’est un peu plus de 2.000. Sur 600.000 appels, on peut se dire que ce n’est pas si énorme… Mais, malheureusement, cela veut dire quelque chose. »

«On raccroche, ça sonne. On raccroche, ça sonne. » Jean-Noël Pintard, le président de SOS Amitié à Montpellier (Hérault), ne peut que constater, depuis de très nombreuses années, à quel point les situations de mal-être sont très, très nombreuses. Trop, même, pour que les bénévoles puissent répondre à toutes les sollicitations de personnes en souffrance, sur la célèbre ligne d’écoute. « Nous sommes saturés, depuis très longtemps, 24 heures sur 24 », confie-t-il. Et le désarroi des Français ne va pas en s’arrangeant, si l’on en croit les résultats du baromètre de l’association, dévoilé à Montpellier (Hérault).

Selon cette étude, en 2022, sur les 3,3 millions de coups de fil reçus dans les 59 lieux d’écoute de SOS Amitié en France, les 1.900 bénévoles ont pu décrocher 600.000 fois. Sans compter les longues discussions par mail ou sur le tchat de l’association. Des sollicitations en forte hausse, ces dernières années. « Le nombre d’appels a augmenté pendant la crise du Covid-19 de 25 à 30 %, explique Ghislaine Desseigne, la présidente de SOS Amitié France. Et, depuis, ces appels, nous ne les avons pas perdus. »



De plus en plus d’adolescents sollicitent SOS Amitié

Les confinements successifs ont engendré, chez ceux qui appelaient la ligne d’écoute, de l’angoisse, une peur de l’avenir et, pour bon nombre d’entre eux, un sentiment d’isolement. Et quand la vie a repris, le mal-être n’a pas diminué, de l’autre côté du combiné. Les bénévoles de SOS Amitié font face, depuis, à de très nombreuses situations de dépression, de précarité ou même de « tensions, entre les gens », poursuit Ghislaine Desseigne. Et parfois, ceux qui appellent SOS Amitié évoquent des pensées suicidaires : leur nombre a augmenté en 2022 de 44 %, selon l’association, par rapport à 2021.

Dans son baromètre, la structure s’alarme, aussi, que de plus en plus de jeunes de moins de 14 ans les contactent : de 2020 à 2022, le nombre de pré-adolescents ayant sollicité la ligne d’écoute a augmenté de 40 %. Un bond considérable, à l’heure des réseaux sociaux. « Avant le Covid-19, c’était quelques dizaines d’appels par an, poursuit la présidente de SOS Amitié France. Aujourd’hui, c’est un peu plus de 2.000. Sur 600.000, on peut se dire que ce n’est pas si énorme… Mais, malheureusement, cela veut dire quelque chose. »

« La première question que les adolescents posent, c’est "Est-ce que vous êtes un robot ?" »

Souvent en rupture avec leurs parents et avec l’école, ces jeunes, incapables de se projeter dans l’avenir ou touchés par des problèmes de harcèlement, recherchent « un adulte à qui parler, poursuit Jean-Noël Pintard. Mais pas un adulte qui les réprimande, mais un adulte bienveillant, qu’ils n’ont peut-être pas, autour d’eux ». D’ailleurs, souvent, sur le tchat, « la première question qu’ils posent, c’est "Est-ce que vous êtes un robot ?". Et la deuxième, c’est "Est-ce que vous êtes un adulte ?", ajoute Ghislaine Desseigne. On sent qu’ils sont à la recherche de repères, d’un échange avec un adulte. C’est frappant. »

Pour poursuivre le travail d’écoute qu’elle mène depuis 60 ans, SOS Amitié a besoin de bénévoles. Car pour l’instant, elle ne peut prendre qu’un appel sur cinq.

Informations sur l’association SOS Amitié, ici.