« Sensationnalisme »France TV condamnée pour la diffusion d’images de l’agression de Colonna

Mort d’Yvan Colonna : France Télévisions condamnée pour la diffusion d’images de l’agression en prison

« Sensationnalisme »Si Yvan Colonna n’était pas « identifiable » sur les images, « la force d’évocation » des clichés, aidée par le montage du sujet, « n’en est pas moins réelle »
Des manifestants tiennent un portrait d'Yvan Colonna à Bastia le 13 mars 2022 lors d'un rassemblement en hommage au militant indépendantiste.
Des manifestants tiennent un portrait d'Yvan Colonna à Bastia le 13 mars 2022 lors d'un rassemblement en hommage au militant indépendantiste.  - Pascal POCHARD-CASABIANCA / AFP
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

C’était une « recherche évidente de sensationnalisme », fustige le tribunal correctionnel de Paris. La cour a condamné France Télévisions à 1.500 euros d’amende avec sursis pour la diffusion dans le journal télévisé de France 3 Corse de clichés de l’agression d’Yvan Colonna, en prison en mars 2022.

Le reportage avait été diffusé quinze jours après son agression à la prison d’Arles - où il purgeait une peine de prison à perpétuité pour l’assassinat du préfet Claude Erignac - par Franck Elong Abé, un détenu condamné dans un dossier terroriste. Le reportage y montrait des captures d’écran issues de la vidéosurveillance de la prison, de manière « brute et non contextualisée », a estimé le tribunal dans sa décision.

Un reportage rapidement retiré

Si Yvan Colonna n’était pas « identifiable » sur les images, « la force d’évocation » des clichés, aidée par le montage du sujet, « n’en est pas moins réelle », dit aussi la décision, qui juge que le reportage n’a pas « d’apport » en termes d’informations. Le reportage avait été mis en ligne sur le site de France 3 mais avait été retiré au bout d’une trentaine de minutes. France Télévisions, via sa patronne Delphine Ernotte, le directeur de la rédaction de France 3 Corse et les deux autrices du sujet ont comparu le 15 mars pour « publications d’actes de procédure pénale avant leur lecture en audience publique » ou complicité de ce délit.

France Télévisions et les deux journalistes autrices du sujet ont été condamnés à 1.500 euros d’amende avec sursis. Elles devront aussi payer un total de 9.000 euros de dommages et intérêts aux proches du militant corse qui s’étaient portés partie civile. Le directeur de la rédaction de France 3 Corse a lui été relaxé.

Me Marie-Laure Barré, avocate de la veuve et de l’un des fils de la victime, a salué cette condamnation, rappelant que le « visionnage de ces images avait été d’une grande violence » pour ses clients.