FOOTBALLCoup d’œil et réaction… Le secret des diodes d’entraînement de Camavinga

Real Madrid : Coup d’œil et réaction, le secret derrière les « diodes Camavinga »

FOOTBALLEduardo Camavinga, comme d’autres footballeurs, travaille avec des jeux de lumières pour améliorer sa vision et de jeu et sa réactivité au milieu de terrain (où il préfère jouer)
Camavinga est très friand des diodes lumineuses
Camavinga est très friand des diodes lumineuses - Omar Arnau/Shutterstock/SIPA / SIPA (Montage WP)
William Pereira

William Pereira

Eduardo Camavinga sera-t-il à l’origine d’une petite révolution dans l’entraînement du milieu de terrain moderne ? Dans une interview accordée à RMC Sport au mois d’avril, le milieu/latéral du Real Madrid évoquait ses récents progrès dans la prise d’information et l’anticipation du jeu, ainsi que l’outil censé l’amener vers la perfection dans ces domaines. « Je travaille beaucoup avec des sortes de lumières, où je me mets au centre et les lumières varient de sens. »

Définition floue à moins d’avoir testé la chose. Heureusement, Cama va plus loin dans la description. « Dès qu’il y a une lumière, je vais vers cette lumière ou je fais une passe vers cette lumière comme ça, ça me permet de toujours tourner la tête. » Comme sur un terrain de foot, quoi. Attention tout de même, le balayage du champ de vision à 360° requiert quelques précautions d’ordre ostéopathique, du genre craquer son cou pour éviter le torticolis. « Ça me permet de toujours tourner la tête pour prendre les informations », enchaîne le Français.

Un marché florissant

Si l’outil est en voie de démocratisation dans le football, il est loin d’être nouveau dans les disciplines les plus populaires aux Etats-Unis, où ces diodes ont fait leur nid en NFL, NBA et NHL lors de la décennie précédente. La marque utilisée par Camavinga, Fit Light, affiche ainsi en gros sur son site les logos des Warriors, des Maple Leafs de Toronto, auxquels se sont joints Manchester United et même Ferrari. La version luxe d’un produit qui connaît désormais ses dérivés plus abordables chez des concurrents comme BlazePods et Powereact, une marque française lancée par Fabien Tchenkoua, dont la carrière de footballeur professionnel n’a pas été épargnée par les blessures. Et pas n’importe lesquelles. « Je me suis fait les ligaments croisés. Quand j’ai vu que rien ne serait comme avant, j’ai fini par anticiper sur d’autres projets. »


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Dans son malheur, le désormais entrepreneur a atterri au centre médical de Clairefontaine et noué des liens avec kinés et préparateurs, ses meilleurs clients et relais. « Je me suis fait opérer trois fois du genou, donc les kinés, c’est mes gars, plaisante-t-il. Quand j’ai lancé mon affaire, j’ai pu faire une vidéo de promo pour le produit à Clairefontaine. Et les [kinés] m'ont un peu aidé dans mon projet. j'ai pu ébruiter un peu le truc à, Montpellier, Saint-Etienne, etc. Maintenant, des clubs passent commande en ligne. Il y a les Young Boys de Berne, un club roumain aussi… Ça commence à bouger. » Un peu trop au goût de la concurrence, paraît-il.

Ok, c’est cool, mais à quoi servent les diodes ?

La mode des jeux de réflexes lumineux répond aussi bien au besoin obsessionnel de perfectionnisme dans le sport de très haut niveau qu’à un amour du gadget. « Surtout dans le football » sourit Yacine Ziouche, préparateur physique de Moussa Diaby (entre autres) et sommité du 19e arrondissement parisien, où il nous accueille. « On retrouve beaucoup ça dans la récupération des joueurs, avec la cryothérapie, les pistolets de massage, etc. Ils adorent ça, alors que rien n’est plus efficace qu’une bonne nuit sommeil. »

Au milieu de dizaines d’objets superflus, les diodes comme celles utilisées par Eduardo Camavinga sont plutôt à classer parmi les bons élèves, ne serait-ce que de par leur champ d’utilisation extrêmement vaste. « La plupart du temps, on les utilise dans la prépa physique mais aussi dans la réathlétisation, explique Fabien Tchenkoua. Pour quelqu’un qui s’est fait les croisés et appréhende les changements de direction, l’utilisation de stimuli va lui faire oublier ses blocages grâce au fait de jouer et se concentrer sur les lumières. Et donc de penser à autre chose que la blessure. » Ou quand l’amusement permet de dépasser ses propres limites. Yacine Ziouche :

« C’est une manière d’accrocher, les joueurs, de les garder un peu plus longtemps dans l’entraînement. Ils ont moins l’impression de travailler, donc l’impact sur le système nerveux est moins lourd. Ça ne veut pas dire pour autant que la séance sera plus faible. Au contraire, grâce à ça on va pouvoir les allonger. Je peux aussi les utiliser en pré-workout après l’échauffement, pour venir tout de suite capter le cerveau de l’athlète. Les lumières sollicitent le système nerveux et impliquent tout de suite le joueur et lui permettent d’être très concentré tout au long de la séance. » »

Mieux pour les sports de combat que pour le football

En revanche, si l’utilisation du matériel tel que le conçoit Camavinga semble pertinent aux yeux de notre préparateur physique pour un milieu de terrain, il n’est pas applicable pour chaque poste. « Quand tu es en sentinelle, que tu joues au milieu et que tu dois avoir une vision à 360 ça va être très intéressant. En revanche, pour les défenseurs centraux qui jouent avec une vision à 140 degrés, ça l’est un peu moins. »

Ironiquement, conclut Yacine Ziouche, si le football est un marché rentable pour ce genre de marques, il existe un tas de disciplines où les diodes lumineuses sont encore plus utiles. « Par exemple, dans tous les sports de balle, où le temps de réaction va être mis à l’épreuve. Les sports de combat comme la boxe… Des sports où il est primordial de régir vite face à une interaction extérieure : un coup approche, on réagit. La lumière s’allume, on réagit. » Hors des terrains, les jeux de réflexe ont aussi leur utilité dans la lutte contre le déclin cognitif chez les personnes âgées, dont le temps de réaction est bien moindre que chez un jeune. Surtout si ce dernier s’appelle Eduardo Camavinga.