TENNISPouille transcendé par « la magie » du court numéro 14 à Roland-Garros

Roland-Garros : Lucas Pouille transcendé par « la magie » du court numéro 14, avec « Marseillaise » et soutien incessant

TENNISLargué au-delà de la 600e place au classement ATP, le Nordiste de 29 ans est en train d’écrire une superbe page de sa nouvelle histoire, depuis une semaine sur l’inspirant court numéro 14 de Roland-Garros
Lucas Pouille a tenu à rester encore une trentaine de minutes sur le court numéro 14 pour communier avec les supporteurs, dimanche après son succès face à Jurij Rodionov.
Lucas Pouille a tenu à rester encore une trentaine de minutes sur le court numéro 14 pour communier avec les supporteurs, dimanche après son succès face à Jurij Rodionov. - Jean-Francois Badias/AP/SIPA / SIPA
Jérémy Laugier

Jérémy Laugier

L'essentiel

  • Après avoir franchi les trois tours de qualification, Lucas Pouille a parfaitement géré son entrée en lice dans le tableau final, en surclassant dimanche le lucky loser autrichien Jurij Rodionov.
  • Pour parvenir à ce net succès (6-2, 6-4, 6-3), le Nordiste de 29 ans a notamment bénéficié de « l’hallucinante » ambiance sur le petit court numéro 14, hype absolue de ce début de Roland-Garros.
  • Après avoir connu des heures sombres et une dégringolade au 675e rang mondial, avant son arrivée Porte d’Auteuil, Lucas Pouille intègre le deuxième tour d’un tableau final de Grand Chelem. Une première depuis l’US Open 2019.

A Roland-Garros,

A ce rythme-là, le jeune court numéro 14 de la Porte d’Auteuil pourrait porter dans les prochaines années le nom de Lucas Pouille. C’est simple, les deux plus gros tubes de ce début de Roland-Garros 2023 vont systématiquement de pair, avec à la clé un cocktail explosif à quatre reprises en sept jours. Depuis le premier tour des qualifications, pour lequel il avait été invité par les organisateurs, le Nordiste de 29 ans a élu domicile sur ce terrain numéro 14 ne pouvant en théorie accueillir que 2.158 spectateurs. Dans les faits, ils étaient plus de 2.500 dimanche soir à prendre place de partout, y compris dans les escaliers, au cœur de ce petit chaudron idéal pour les joueurs tricolores.

Au moment de retrouver l’Autrichien Jurij Rodionov, qu’il avait difficilement battu jeudi en qualif (1-6, 7-5, 6-0), Luca Pouille s’est ainsi nourri d’une ferveur qu’il qualifie « d’irréelle » pour se transcender. Des premières balles agressives, des passings d’une violence et d’une précision inouïes, et une malice à toute épreuve dans les échanges les plus accrochés. L’ancien membre du Top 10 de l’ATP en 2018 s’est hissé durant près de deux heures à un niveau inattendu pour l’emporter facilement 6-2, 6-4, 6-3. Et selon ses dires, le court numéro 14 a joué un rôle clé dans son récital.

« J’ai l’impression que chaque jour, c’est de plus en plus fou pour moi ici. L’énergie autour de moi est incroyable, du premier au dernier point. Depuis le premier tour des qualifs, les gens me poussent comme jamais je ne l’ai été à Roland. Jouer sur ce court où les gens sont proches de nous et peuvent davantage vivre les émotions que sur un très grand court, ça crée quelque chose d’incroyable. » »

Oui oui, le 675e joueur mondial entraîne des files d'attente d'une centaine de personnes.
Oui oui, le 675e joueur mondial entraîne des files d'attente d'une centaine de personnes.  - Jérémy Laugier/20 Minutes

« Allez, la deuxième semaine maintenant Lucas »

Après avoir vécu toute la rencontre sur ce fameux court si inspirant pour notre barbu, on vous raconte en six points pourquoi ce premier tour du tableau final a priori quelconque, entre le 134e… et le 675e joueur mondial, s’est illico transformé en dinguerie sans nom.

  • On a constaté dimanche soir une file d’attente de plus d’une centaine de personnes espérant toutes voir des spectateurs laisser leur place au fur et à mesure de cette rencontre archi bondée.
  • Les chants ont été aussi variés que les coups offensifs déployés par Lucas Pouille dimanche. « Let’s go Lucas, let’s go », Seven Nation Army, le On les a chicotés rendu célèbre par le RC Lens, tout y est passé.
  • C’était un véritable cauchemar pour les nerfs de Jurij Rodionov, pris en grippe par tout le court numéro 14 dès qu’il daignait s’adresser à l’arbitre ou suspecter une balle out.
  • L’arbitre de la rencontre a justement eu la vie à peine plus facile. Elle a passé sa soirée à lancer aux spectateurs des « Chuuuuuuut » entre les points, tel une mère de famille gênée de voir ses intenables bambins retourner un wagon Ouigo.
  • Même les mots d’encouragement pour Pouille étaient pour le moins insolites : « On va se le faire Lucas », « C’est pour toi Roland-Garros cette année Lucas », « Allez, la deuxième semaine maintenant Lucas ».
  • Enfin, le climax de la soirée est venu d’une Marseillaise de folie lancée à deux reprises par les spectateurs, dont une fois juste après le match, avec un Lucas Pouille y participant ému, main sur le cœur.

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Un moment fort de sa carrière, qui vaudrait presque à ses yeux la Marseillaise de la Coupe Davis 2017 remportée contre la Belgique à Lille (devant 27.000 supporteurs, soit dix fois plus que dimanche). « J’ai eu envie de partager ce moment avec les spectateurs, dès qu’ils se sont mis à la chanter », explique celui avait disparu des radars de l’ATP depuis plusieurs saisons. La faute à des blessures et à une dépression pleinement révélée en mars dans L’Equipe, qui l’ont conduit à envisager arrêter définitivement le tennis de haut niveau.

« Redonner aux gens tout ce qu’ils m’apportent »

Tombeur vedette de Daniil Medvedev lors de l’édition 2018 de Roland-Garros, Lucas Pouille passe pour la première fois un tour de Grand Chelem depuis l’US Open 2019. « C’était contre qui déjà ? Je ne me souviens plus de cette victoire [face à l’Allemand Philipp Kohlschreiber donc], sourit le Nordiste. Le temps a paru très long. Si on m’avait dit ça en 2019, année où j’atteins la demi-finale à Melbourne, je ne l’aurais pas cru. »

Ce rendez-vous Lucas Pouille-Jurij Rodionov du 28 mai fera date dans l'histoire du court numéro 14, et même dans celle de tout Roland-Garros en fait.
Ce rendez-vous Lucas Pouille-Jurij Rodionov du 28 mai fera date dans l'histoire du court numéro 14, et même dans celle de tout Roland-Garros en fait. - Jérémy Laugier/20 Minutes

Avant cette spectaculaire renaissance sur le court numéro 14 de Roland-Garros depuis une semaine, il avait pourtant bien dû se résoudre à enchaîner les obscurs tournois Challengers, avec inévitablement « quelques zéros en moins » dans ses revenus. Des Challengers où il devra encore multiplier les perfs dans les prochaines semaines pour grappiller peu à peu un classement ATP plus conforme avec ce niveau qu’il a confirmé dimanche. Dans ce long parcours de fourmi, on sent bien l’idée d’une parenthèse jouissive à souhait pour lui à Roland. Ce qu’il décrit avec passion et fraîcheur, après avoir passé une trentaine de minutes à enchaîner selfies et dédicaces avec l’intégralité de ses fans, à son domicile printanier du court numéro 14.

« C’est pour ça que je profite de chaque instant, de tous ces moments de communion avec le public. Les gens se donnent tous à 1.000 %, ils sont hallucinants. Je n’ai pas arrêté de les entendre dire "On a attendu toute la journée pour te voir, on est là pour toi". Ça fait chaud au cœur, et quand le match se termine, j’ai envie de rester sur le court le plus longtemps possible pour passer du temps avec eux, les remercier, chanter avec eux. J’essaie de leur redonner tout ce qu’ils m’apportent sur le terrain depuis le début de ce Roland-Garros. C’est aussi grâce à eux que j’arrive à avoir cette énergie et à jouer à ce niveau-là. Sur un autre tournoi, ça n’aurait probablement pas été le cas. C’est la magie de Roland. » »

Et plus précisément la magie du numéro 14, où Lucas Pouille espère retourner mercredi pour y défier Benoît Paire ou Cameron Norrie, qui s’affrontent ce lundi. « Quand j’ai cette attitude et cette détermination sur le terrain, je suis dur à battre », insiste-t-il. Et même quasiment injouable dans la Bombonera de la Porte d’Auteuil.