Réseaux sociauxHakpok #MeToo libère la parole des cibles du harcèlement scolaire en Corée

Corée du Sud : Hakpok #MeToo libère la parole des victimes de harcèlement scolaire

Réseaux sociauxHakpok signifie « violence en milieu scolaire » en coréen
Une classe en Corée du Sud. (Illustration)
Une classe en Corée du Sud. (Illustration) - Lee Young Ho / SIPA
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Les cas de harcèlement scolaire se multiplient en France. La Corée du Sud est gangrenée par ce phénomène. Aujourd’hui, les victimes investissent les réseaux sociaux pour dénoncer publiquement leurs bourreaux et réclamer un changement en profondeur de la législation. Ce phénomène sociétal a été baptisé Hakpok #MeToo (hakpok signifie « violence en milieu scolaire » en coréen).

Pyo Ye-rim a choisi de parler haut et fort. Cette coiffeuse de 26 ans a vécu l’enfer durant sa scolarité : des élèves plaçaient des punaises dans ses chaussures, plongeaient sa tête dans la cuvette des toilettes ou encore la frappaient au ventre. C’est seule que Pyo Ye-rim dit avoir souffert de ces violences scolaires, ignorées des années durant par des enseignants qui l’invitaient à « être plus gentille » avec ses harceleurs.

Contrainte à la déscolarisation

La jeune femme avait alors été contrainte de se déscolariser et suivre une formation professionnelle, renonçant à ses projets d’études supérieures. « Il n’y avait qu’une chose que je souhaitais… que quelqu’un m’aide », raconte-t-elle à l’AFP. Personne ne lui a porté assistance, la conduisant à « s’échapper et tenter de survivre seule ».

Selon les experts, le harcèlement scolaire est courant dans ce pays obsédé par l’éducation et où les enfants étudient jusqu’à 16 heures par jour dans des écoles ou instituts privés. Les autorités ont engagé des actions pour l’éradiquer mais selon les militants, il reste encore souvent impuni au moment des faits et la prescription complique le dépôt de plainte des victimes se signalant des années après.

La série Netflix « The Glory » a relancé le débat

Pyo Ye-rim dit avoir longtemps souffert d’insomnie et de dépression après sa scolarité. Elle a finalement choisi de sortir du silence et d’accuser publiquement ses anciens oppresseurs. Depuis, l’un d’eux a perdu son emploi. La jeune femme milite pour une véritable évolution de la législation. Elle souhaite l’abandon de la prescription pour les faits de violence scolaire et un changement de la loi sur la diffamation pour protéger davantage les victimes.

La série Netflix « The Glory », qui narre la vengeance minutieusement planifiée d’une ancienne victime de violences scolaires, a relancé le débat sur le harcèlement en Corée du Sud. Preuve paradoxale de l’ampleur du phénomène, son réalisateur, Ahn Gil-ho, a lui-même été accusé de harcèlement commis durant son adolescence et contraint à présenter ses excuses.