reversLula désavoué par le parlement sur la démarcation des terres indigènes

Brésil : Lula désavoué par le parlement sur la démarcation des terres indigènes

reversCe texte établit que les autochtones n’ont droit qu’aux terres qu’ils occupaient au moment de la promulgation de la Constitution de 1988
Des indigènes tiennent un drapeau national brésilien maculé d'encre rouge, lors d'une marche pour protester contre un projet de loi qui modifierait la politique de délimitation des terres indigènes, à Brasilia, mardi 30 mai 2023.
Des indigènes tiennent un drapeau national brésilien maculé d'encre rouge, lors d'une marche pour protester contre un projet de loi qui modifierait la politique de délimitation des terres indigènes, à Brasilia, mardi 30 mai 2023. - Gustavo Moreno/AP/SIPA / SIPA
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

C’est un revers politique pour le président brésilien. Les députés ont voté mardi un projet de loi limitant la démarcation des terres indigènes. Ce texte, approuvé par 283 voix contre 155, établit que les autochtones n’ont droit qu’aux terres qu’ils occupaient au moment de la promulgation de la Constitution de 1988. Une thèse rejetée par les autochtones, qui arguent qu’ils n’occupaient pas certaines terres en 1988 parce qu’ils en avaient été chassés au fil des siècles, notamment pendant la dictature militaire (1964-1985).

Un revers pour Lula

Le projet de loi, qui doit encore être soumis au Sénat avant d’entrer en vigueur, était promu par des députés favorables à l’industrie agroalimentaire et par d’autres groupes d’opposition. Son approbation par la chambre basse constitue un revers pour Luiz Inacio Lula da Silva. Revenu au pouvoir au début de l’année, le président de gauche s’est engagé à faire de la préservation de l’environnement une priorité, après quatre années marquées par une forte hausse de la déforestation sous son prédécesseur d’extrême droite Jair Bolsonaro (2019-2022).



L’approbation du projet « met fin à l’espoir pour l’avenir », a déploré mardi la ministre brésilienne des Peuples indigènes, Sonia Guajajara. « Il s’agit d’un génocide contre les peuples indigènes, mais aussi d’une attaque contre l’environnement », a-t-elle ajouté. Selon les scientifiques, la démarcation des terres indigènes est une barrière essentielle contre la déforestation de l’Amazonie, la plus grande forêt tropicale du monde.

Le Brésil compte au total 764 territoires de peuples indigènes, mais environ un tiers d’entre eux n’ont pas encore été délimités, selon les chiffres de la Fondation nationale des peuples indigènes (FUNAI). En avril, le gouvernement de Lula a reconnu six nouveaux territoires, les premiers depuis cinq ans.

Manifestations

Le vote des députés a déclenché des manifestations au Brésil, et attiré l’attention d’organisations écologistes et de militants internationaux, dont les acteurs américains Leonardo DiCaprio et Mark Ruffalo. « Il y a une guerre contre les peuples indigènes et les forêts. Notre planète est en danger. Lula, sois le héros que ton peuple a élu, empêche [le projet] d’avancer », a tweeté Ruffalo à la veille du débat.

Avant le vote, une centaine d’indigènes ont momentanément bloqué une route à la périphérie de Sao Paulo tôt mardi matin, avant que la police ne les disperse à l’aide de gaz lacrymogènes, selon des images diffusées par la télévision locale. « La Chambre des députés a envoyé un message au pays et au monde : Bolsonaro est parti, mais l’extermination continue (…) Le Sénat a l’obligation de revenir sur les absurdités approuvées », a déclaré l’organisation de défense de l’environnement Observatorio do Clima dans un communiqué.

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