TRANSPORTValérie Pécresse menace de ne pas ouvrir les nouvelles lignes de métro

Métro du Grand Paris : Pécresse choisit la concurrence, mais menace de ne rien ouvrir

TRANSPORTC’est l’entreprise Keolis qui a remporté l’exploitation des futures lignes 16 et 17 du Grand Paris Express
Valérie Pécresse, présidente d'Île-de-France Mobilités, attend une aide financière de l'Etat. (Illustration)
Valérie Pécresse, présidente d'Île-de-France Mobilités, attend une aide financière de l'Etat. (Illustration) - M.LIBERT / 20 Minutes / 20 Minutes
20 Minutes avec AFP

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Ile-de-France Mobilités (IDFM) a choisi la concurrence en confiant les futures lignes 16 et 17 du métro du Grand Paris à Keolis face à la RATP, mais sa présidente Valérie Pécresse menace toujours de ne pas ouvrir de nouvelles lignes si elle n’obtient pas les moyens de financer leur exploitation.

Keolis, filiale à 70 % de la SNCF qui se présente comme « le premier exploitant mondial de métros automatiques », fera tourner ces deux lignes à leur ouverture fin 2026.

Un contrat de sept ans

Actuellement en construction à travers la Seine-Saint-Denis, le Val-d’Oise et la Seine-et-Marne, les lignes 16 et 17 comprennent un tronc commun entre Saint-Denis Pleyel et Le Bourget, la 16 se dirigeant ensuite vers Clichy-Montfermeil et Noisy-Champs, et la 17 vers le Parc des Expositions de Villepinte, l’aéroport Charles-de-Gaulle et Le Mesnil-Amelot.

Le contrat d’une durée de sept ans avec trois années de prolongation optionnelles, approuvé mardi par le conseil d’administration d’IDFM, concerne l’exploitation des premiers tronçons jusqu’à Clichy-Montfermeil et l’aéroport du Bourget, avec des tranches conditionnelles pour les extensions jusqu’à Noisy-Champs et le Parc des Expositions de Villepinte, prévues en 2028.

Le dernier prolongement de la ligne 17 de Parc des Expositions à l’aéroport de Roissy et au Mesnil-Amelot, annoncé pour 2030, fera le cas échéant l’objet d’un avenant, selon un porte-parole d’IDFM.

La RATP garde la main sur le réseau historique

« Nous avons fait le choix de privilégier (…) une amplitude d’exploitation qui va au-delà du réseau historique », a relevé Valérie Pécresse devant des journalistes.

« On est en travers de départements populaires avec beaucoup de travailleurs de première ligne qui ont besoin de rejoindre le réseau historique qui lui ouvre à 5h30 du matin et donc fera démarrer les lignes à 5 heures », a-t-elle indiqué.

Si la RATP garde le monopole des lignes existantes du métro parisien jusqu’à fin 2039, l’exploitation des futures infrastructures est déjà ouverte à la concurrence et fait l’objet d’appels d’offres.

Un contrat à 300 millions d’euros

La RATP, qui était candidate, alliée avec Alstom et le singapourien ComfortDelGro, restera quoi qu’il en soit gestionnaire de l’infrastructure du métro du Grand Paris, selon la répartition des tâches prévue par la loi. A cet égard, Valérie Pécresse a regretté que l’autorité régionale des transports n’ait pas récupéré l’infrastructure.

« Je fais confiance à la RATP à l’esprit de service public qui est celui chevillé au corps de l’ensemble de ses ingénieurs pour réussir cette quadrature du cercle, de gérer une infrastructure donnée à exploiter à un concurrent », a-t-elle persiflé.

Au total, le montant de ce contrat, financé par IDFM, avoisine les 300 millions d’euros.

Valérie Pécresse attend une réponse de l’Etat

A cet égard, Valérie Pécresse a rappelé que l’institution qu’elle préside n’avait pas le moindre sou pour financer le fonctionnement des nouvelles infrastructures actuellement en chantier en Ile-de-France.

IDFM aura besoin de 1,4 milliard d’euros supplémentaires par an quand le métro du Grand Paris sera achevé au début des années 2030. Et dès l’an prochain, il lui faut trouver 800 millions (dont 200 millions pour financer les transports des Jeux olympiques). Or, l’Etat n’a pas répondu à ses appels, s’est plainte l’élue (LR). « Pour l’instant aucun son, aucune image. »

« Ce que nous voulons, c’est une réponse globale jusqu’en 2030 pour pouvoir voir venir sereinement, et pouvoir ouvrir sereinement ces lignes. Si nous ne sommes pas en mesure d’en financer l’exploitation, je n’ouvrirai pas les lignes en 2024 », a-t-elle menacé. « Ou alors c’est la RATP et la SNCF qui prendront à leur charge l’ouverture de ces lignes. »

Des idées de recettes

Parmi les recettes évoquées pour faire fonctionner le réseau, Valérie Pécresse cite une hausse du versement mobilité (une taxe sur la masse salariale des entreprises), une augmentation de la taxe de séjour sur les nuitées hôtelières, une taxe sur les billets d’avion, une écotaxe ou une participation de la Métropole du Grand Paris. Elle dit vouloir trouver des ressources franciliennes, mais a besoin du feu vert de l’Etat.



L’ouverture à la concurrence, elle, se poursuit. IDFM doit attribuer le 18 juillet l’exploitation de la ligne « 15 Sud », un arc de cercle au sud de Paris entre Pont de Sèvres et Noisy-Champs qui doit ouvrir fin 2025.