FOOTBALLLes méthodes « dictatoriales » de Mourinho peuvent-elles réussir au PSG ?

PSG : Les méthodes « quasi dictatoriales » de Mourinho peuvent-elles réussir à Paris ?

FOOTBALLJosé Mourinho, qui peut remporter un deuxième titre en deux ans avec l’AS Roma ce mercredi soir lors de la finale de la Ligue Europa contre le FC Séville, pourrait devenir l’entraîneur du PSG la saison prochaine
L'entraineur de l'AS Rome, José Mourinho, dispute ce mercredi soir la finale de la Ligue Europa contre le FC Séville, avant de filer sur le banc du PSG la saison prochaine ?
L'entraineur de l'AS Rome, José Mourinho, dispute ce mercredi soir la finale de la Ligue Europa contre le FC Séville, avant de filer sur le banc du PSG la saison prochaine ?  - Attila KISBENEDEK/AFP / AFP
Adrien Max

Adrien Max

L'essentiel

  • José Mourinho dispute ce mercredi soir avec l’AS Roma la finale de la Ligue Europa contre le FC Séville.
  • Le Portugais peut gagner un deuxième titre en deux saisons avec le club de la capitale italienne.
  • Depuis ses bons résultats en Italie, et sa proximité avec Luis Campos, des rumeurs l’envoient sur le banc du PSG la saison prochaine.

Un « perfect » sur la scène européenne avec un possible sixième titre en six finales. L’entraîneur de l’AS Roma, José Mourinho peut réaliser l’exploit de remporter un sixième titre lors de la finale de la Ligue Europa face au FC Séville ce mercredi soir à la Puskás Arena de Budapest. Le tout en six finales, depuis la première de Ligue des champions remportée avec le FC Porto en 2003, il y a tout juste 20 ans.

D’excellentes relations avec Luis Campos

Le palmarès d’un homme, qui peut à lui seul faire rougir tout un club comme le Paris Saint-Germain, toujours à la recherche de son premier titre européen depuis l’arrivée du QSI en 2012. Ça tombe bien, des rumeurs persistantes envoient le Mou sur le banc du club parisien la saison prochaine.

Ses excellentes relations avec le directeur sportif Luis Campos, qui lui-même est très proche de son agent Jorge Mendes, en font l’un des favoris pour devenir l’entraîneur parisien. Ce qu’il a pourtant balayé, dans son style devenu légendaire. « S’ils me cherchent, ils ne m’ont pas trouvé parce qu’ils ne m’ont pas parlé », a répondu en riant le « Special One », avant d’évoquer son ancien club madrilène en conférence de presse avant cette finale, plutôt que le PSG.

Un travail incroyable à l’AS Roma

Le Mou a de quoi fanfaronner, il sort de deux saisons « exceptionnelles » à la Roma, dont la première a été couronnée du titre de Ligue Europa Conférence, le premier titre depuis 2008 et une Coupe d’Italie, avant cette nouvelle finale européenne contre Séville. « Il réalise quelque chose d’incroyable, vraiment. Il a changé la mentalité de l’AS Roma et la façon de travailler. En demandant chaque jour 100 % à son équipe et au club. Un travail incroyable », souligne Andrea Di Carlo, journaliste à La Republicca Roma.



Une réussite après une période plus difficile en termes de résultat, en témoigne son passage à Tottenham, comme le rappelle Nicolas Vilas, auteur du livre Derrière le Special One, de la genèse à la gloire : « Il a eu cette capacité de repartir d’un peu plus bas dans un championnat où l’Inter, le Milan AC, la Juve, voire le Napoli peuvent ramener des titres. Il a eu cette humilité, sans un effectif de folie et sans pouvoir recruter comme il le voulait, d’où les rumeurs de départ parce qu’il atteint un plafond de verre, dans un club avec beaucoup de pression et de grosses attentes. Et c’est un peu pareil au PSG, tu peux gagner autant de championnats, tant que tu n’as pas la Ligue des champions, il y a la pression médiatique », liste-t-il.

« Trop de coqs dans une même basse-cour »

Un plafond de verre atteint avec l’AS Roma, qui ne l’envoie pas pour autant automatiquement du côté du PSG, selon le journaliste italien. Une éventuelle qualification en Ligue des champions, en cas de victoire ce mercredi soir, pourrait encore tout changer. « Je ne sais pas vraiment s’il veut partir. Je pense que la finale de la Ligue Europa est importante pour son futur, on doit encore attendre quelques heures. Je sais qu’il considère le PSG comme un club un peu étrange, où il y a trop de coqs dans une même basse-cour. Avec beaucoup de joueurs pas faciles à diriger. Je ne sais pas trop si Mourinho serait le bon entraîneur pour le PSG à ce moment de sa carrière ».

Nicolas Vilas, voit, lui, au contraire, de nombreuses raisons à une arrivée du Mou au PSG. « Je pense que ça l’excite. Campos le connaît depuis des années et il y a le challenge d’aller dans un autre championnat. Et je sais que lui et sa famille aiment la ville ». Mais ferait-il un bon entraîneur au PSG ? « Je me dis que Paris a tout tenté en matière de coach. Et de façon une peu caricaturale, ce serait bien d’avoir un mec qui sache être ferme face au vestiaire du PSG. Avec sa manière quasi dictatoriale, il sait faire en termes de management. Et même s’il est capable de trancher, et de parfois en afficher certains, finalement peu de joueurs disent du mal de lui. Donc je ne veux pas non le résumer à son côté dictatorial », ajoute Nicolas Vilas.

« Ça doit suivre au-dessus »

Son éventuelle réussite au Paris Saint-Germain, en cas d’arrivée, ne se résumerait de toute façon pas forcément à sa capacité à diriger un tel vestiaire de star, il l’a déjà fait au Real Madrid, mais plus dans la liberté qu’il devrait obtenir de la part de sa direction. « Que ce soit au niveau des joueurs ou des entraîneurs, personne n’y arrive. Que tu recrutes un joueur confirmé ou non, on dirait que c’est son cousin qui joue. Et tous les entraîneurs, ou presque, qui sont partis du PSG ont gagné ailleurs. Comme dans tous les clubs, les décisions viennent d’en haut et l’entraîneur n’est qu’un élément de cette pyramide. Il faut que le président suive les postures au niveau des joueurs. Imaginons que Mourinho prenne la décision forte de se séparer d’un joueur. Ça doit suivre au-dessus. Pour moi la différence ne se fera pas au niveau relationnel avec les joueurs, l’immense majorité dit du bien de Mourinho, ce sera avec la direction », avance Nicolas Vilas.

Imaginez le désavouer publiquement Presnel Kimpembe, au hasard, comme il a pu le faire avec son latéral Rick Karsdorp en novembre dernier, après un match nul de son équipe : « Je suis désolé que nos efforts aient été trahis par un joueur avec une attitude non professionnelle. Je me sens trahi par un de mes joueurs, je lui ai dit de trouver une équipe en janvier ». Ou se faire suspendre plusieurs matchs pour des critiques envers Clément Turpin, là aussi au hasard, comme il l’a fait envers l’arbitre Daniele Chiffi, en Italie : « Chiffi est le pire arbitre que j’ai croisé dans ma carrière et j’en ai pourtant vu passer des mauvais ! Il n’a pas eu d’influence sur le résultat, mais cela ne change rien : il est nul, horrible techniquement, et n’a aucune empathie, ne crée pas de relations constructives avec les joueurs. » De quoi donner quelques cheveux blancs à Nasser al-Khelaïfi.

Capacité à se réinventer

Aujourd’hui pagé de 60 ans, le Mou a certes évolué, « un joueur est rattrapé par son corps, mais un entraîneur s’améliore toujours avec le temps, avec l’accumulation de l’expérience », confiait-il récemment, mais il n’a pas fondamentalement changé comme s’en accordent André Di Carlo et Nicolas Vilas : « C’est toujours le Mou, toujours le special one. Sur le terrain comme en dehors. José est toujours le même », estime le premier, quand pour le second « Mourinho, a toujours été pareil, depuis ses débuts avec Benfica, et ses postures très tranchées, jusqu’à aujourd’hui et son franc-parler ».

Une capacité à se réinventer tout en restant le même, qui, selon Luis Fernandez collerait bien aux besoins du club de la capitale. « Il a fait ses preuves là où il a eu l’occasion de s’exprimer. Et il n’entraîne pas des clubs sans moyens, ce que le PSG peut lui offrir. C’est un entraîneur respecté, compétiteur et dont le palmarès parle pour lui. A lui de prendre en main le groupe et de l’amener le plus loin possible à travers l’état d’esprit avec un franc-parler qu’on accepte, ou pas », liste l’ancien entraîneur du PSG. Avec une seule réserve : le projet de jeu. Mais au PSG, on veut gagner, plus que bien jouer.

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