Zone interditeLa Google car n’est pas la bienvenue dans certains quartiers sensibles

La Google car n’est pas la bienvenue dans certains quartiers sensibles

Zone interditeDans certaines cités de France, ni les policiers, ni la Google car ne sont les bienvenus comme le démontrent des photos, consultables sur Google Street View, datant de 2020
La Google car a photographié un « check-point » installé par des trafiquants de drogue à l'une des entrées d'une cité du quartier Saint-Jérôme, dans le 13e arrondissement de Marseille.
La Google car a photographié un « check-point » installé par des trafiquants de drogue à l'une des entrées d'une cité du quartier Saint-Jérôme, dans le 13e arrondissement de Marseille. - Google Street View / Google Street View
Mikaël Libert

Mikaël Libert

L'essentiel

  • A Marseille, une Google car a été prise à partie par des trafiquants de drogue alors qu’elle circulait dans une cité.
  • Les images, qui datent de 2020, ont été compilées et publiées dans une vidéo sur TikTok, cumulant plus de 1,4 million de vues.
  • Utilisées parfois par les forces de l’ordre dans le cadre de leurs enquêtes, ces images de Google Street View ont déjà permis à la justice de prononcer des condamnations.

Non-droit à l’image. Les conducteurs de Google car n’ont rien à envier aux forces de l’ordre concernant l’accomplissement de leur travail dans certains quartiers des grandes métropoles françaises. Sur TikTok, un internaute a raconté les mésaventures de l’une des voitures du géant américain, poursuivie par des dealers alors qu’elle sillonnait les rues d’une cité marseillaise. Une péripétie qui n’est pas un cas isolé comme 20 Minutes a pu le constater en se baladant à son tour, via Google Street view, dans plusieurs quartiers connus pour abriter des trafics de stupéfiants.

Google Street View, c’est quand même un outil vachement sympa, notamment pour découvrir le monde sans laisser derrière soi une empreinte carbone digne d’une antique centrale à charbon. Les fanas d’urbex utilisent aussi la plateforme pour repérer des sites à visiter comme d’autres le font pour dénicher des perles capturées au hasard par les caméras des Google cars. Mais on sait aussi que les forces de l’ordre peuvent avoir recours à Street View afin de repérer des endroits difficiles d’accès. Un usage qui ne plaît pas vraiment aux délinquants, notamment aux trafiquants de stupéfiants. C’est ce mécontentement qu’un chauffeur de Google a capturé en 2020, alors qu’il cartographiait la cité Saint-Jérôme, dans le 13e arrondissement de Marseille. Baptisée « L’aventure de la voiture Google maps dans une cité marseillaise », une vidéo d'@alex159336, publiée sur TikTok, compile une suite de photos montrant la Google car aux prises avec des dealers ou des guetteurs.

« On ne nous demande pas d’éviter certains endroits »

Dans cette vidéo, qui compte plus de 1,4 million de vues, le tiktoker raconte cette mésaventure comme une histoire, depuis l’entrée de la voiture dans la cité jusqu’à ce qu’elle parvienne à s’échapper. En fait, ces photos ont été prises en plusieurs fois, entre juillet et décembre 2020. Sans doute parce que le chauffeur n’est pas parvenu à mener à bien sa mission le même jour.

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Contacté par 20 Minutes pour en avoir le cœur net, Google n’a pas donné suite. Il était notamment question de savoir si les chauffeurs employés pour effectuer cette tâche recevaient des consignes particulières en fonction des endroits qu’ils devaient sillonner. Un ancien chauffeur d’un concurrent de Street View a effectivement vu cette vidéo : « On ne nous demande pas d’éviter certains endroits, dans notre cas, c’est nous qui décidons en fonction de la situation, nous assure-t-il. Ce qu’il faut retenir c’est que nous ne nous mettons pas en danger, si ça arrive, la sécurité prime. »

Une voiture attaquée avec des pierres

Mais ce concurrent de Google Street View n’a pas l’ambition d’être aussi exhaustif que le géant du net, lequel se doit de « tout cartographier pour les futures hypothétiques voitures autonomes », explique l’ancien chauffeur. Tout, mais pas régulièrement. On voit, par exemple, que la date des photos s’éloigne dans le temps au fur et à mesure que l’on s’enfonce au cœur de certaines cités sensibles. Si la Google car parcourt parfois les labyrinthes de rues entourant des barres d’immeubles, elle ne pénètre toutefois pas partout. Toujours à Marseille, l’intérieur de la cité des Marronniers n’est pas répertorié sur Street Siew. Idem pour la cité surnommée « Boute-en-Train », dans le quartier des Puces à Saint-Ouen, en Seine-Saint-Denis.

Outre la mésaventure marseillaise de la Google car, en 2020, un autre chauffeur a sans doute eu une belle frayeur quelques années plus tôt, dans le nord de la France. En 2013, dans le quartier des « Trois ponts », à Roubaix, la très reconnaissable voiture a été prise à partie par trois jeunes. Dès qu’ils ont repéré l’engin, ils se sont rués dans sa direction, ramassant des pierres pour la faire partir. Parce que, comme nous le disions plus haut, les images de Street View sont scrutées par les forces de police.

Un jeune homme en a d’ailleurs fait les frais, en août 2020, à Nantes, comme le racontait Actu.fr. Soupçonné de participer à un trafic de drogue dans le quartier Bellevue et d’avoir caillassé des policiers, l’individu n’avait pas pu être identifié grâce aux caméras de la ville, lesquelles avaient été dégradées. En revanche, il avait pu l’être à l’aide de Street View.