accalmieA quoi faut-il s’attendre avec la baisse des prix alimentaires ?

Inflation : Baisser les prix alimentaires pour « passer l’été dans les meilleures conditions »

accalmieL’engagement des industriels de revoir à la baisse les prix d’une centaine de produits alimentaires est une vraie bonne nouvelle pour les consommateurs
Un ticket de caisse et un caddie à la sortie d'un supermarché à Lens, dans le nord de la France.
Un ticket de caisse et un caddie à la sortie d'un supermarché à Lens, dans le nord de la France. - DENIS CHARLET / AFP
Cécile De Sèze

Cécile De Sèze

L'essentiel

  • Des centaines de produits alimentaires verront leur prix baisser dès le mois de juillet en vertu d’un engagement pris auprès de Bercy par 75 grands industriels de l’agroalimentaire, a promis Bruno Le Maire vendredi.
  • Parmi les produits concernés, Bruno Le Maire a cité les pâtes, la volaille, les céréales, les huiles ou encore l’alimentation animale.
  • Cette baisse peut-elle s’inscrire dans la durée ? Pourquoi a-t-il fallu attendre le mois de juillet ? Comment l’engagement des industriels sera-t-il surveillé ? Eléments de réponses avec Philippe Waechter, directeur de la recherche économique chez Ostrum Asset Management, contacté par 20 Minutes.

Enfin un peu d’air pour les consommateurs. Bruno Le Maire a annoncé vendredi matin un accord passé avec 75 grands industriels de l’agroalimentaire qui s’engagent à faire baisser les prix d’une centaine de produits alimentaires. Une baisse qui sera effective dès le mois de juillet et pourrait s’inscrire dans le temps, selon Philippe Waechter, directeur de la recherche économique chez Ostrum Asset Management, contacté par 20 Minutes.

A quoi s’attendre pour les consommateurs ?

Parmi la centaine de produits qui vont coûter moins cher au passager en caisse, Bruno Le Maire a cité les pâtes, la volaille, les céréales, les huiles ou encore l’alimentation animale, à savoir ceux dont « les prix sur les marchés de gros baissent ». La liste précise lui sera transmise « la semaine prochaine ». Cependant, sont déjà exclus le lait, le bœuf ou le porc.

Il peut toutefois y avoir une émulation entre les différents concurrents pour étendre la baisse à plus de produits au fil du temps. « Si une marque baisse ses prix, les concurrents vont être obligés de faire pareil, il peut y avoir un mécanisme concurrentiel assez fort et on peut s’attendre à un grand changement », assure Philippe Waechter.

Une baisse qui devrait par ailleurs s’inscrire dans la durée pour revenir à des tarifs d’avant la crise ukrainienne. C’est par exemple ce qu’il se passe en Allemagne où le prix du beurre s’est effondré de 30 % depuis le mois de décembre, comme le rapporte le Financial Times.

Pourquoi avoir attendu le mois de juillet ?

La hausse des prix à la consommation a ralenti à 5,1 % en mai sur un an, mais celle des produits alimentaires a atteint 14,1 %. Les prix flambent dans les paniers de supermarchés depuis de nombreux mois. En cause, le fait que les prix alimentaires « ont progressé sur deux éléments essentiels : les céréales et tout ce qui touche aux engrais », explique Philippe Waechter.

Depuis, « les prix se sont résorbés, on est loin des pics de l’année dernière mais le temps que les livraisons se fassent, que les contrats soient modifiés, ça prend du temps forcément, développe-t-il. En regardant les prix de marché, on ne peut pas baisser immédiatement. » C’est aussi l’explication livrée par le ministre de l’Economie selon lequel, « quand les prix de gros baissent, […] il faut parfois trois mois, quatre mois, cinq mois avant que le prix des produits concernés […] baissent également. » Plusieurs grands industriels de l’agroalimentaire se sont ainsi engagés à rouvrir les négociations commerciales avec les supermarchés sur les contrats conclus pour 2023, selon le ministre.

De plus, « pendant très longtemps, aucun industriel ou distributeur ne voulait prendre le pari que les prix allaient baisser car il y avait trop d’incertitudes, désormais ils sont moins frileux », ajoute Philippe Waechter.

En quoi cet accord est-il déterminant ?

Sans l’accord trouvé par Bercy, Philippe Waechter est formel : la baisse aurait pris beaucoup plus de temps. Avec ces négociations, le ministère de l’Economie a créé une « rupture » dans « l’idée de sauvegarder le consommateur pour qu’il puisse passer l’été dans les meilleures conditions », assure le directeur de la recherche économique.

Et afin de s’assurer que les industriels respectent leur engagement, l’Etat « vérifiera » et « sanctionnera ceux qui ne jouent pas le jeu » via des contrôles de la répression des fraudes (DGCCRF), a prévenu Bruno Le Maire. Il a également menacé de dévoiler le nom des distributeurs qui ne se plieraient pas à l’accord ce qui les « incite à s’engager », souligne Philippe Waechter. Le ministre a par ailleurs brandi la menace d'« une taxe sur les marges excessives de ces entreprises », dont le taux serait fixé par le Parlement.

Le prochain objectif qui s’impose pour continuer à aider les consommateurs sera de tenter de « caler le prix de l’essence sur le prix du pétrole », prévient le directeur de la recherche économique. Une question plus complexe car, à la différence de l’agroalimentaire, « les distributeurs sont très puissants et il y a moins de concurrence », conclut-il.

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