FAKE OFFL’Islam interdirait certains métiers comme banquier ou avocat ? C’est faux

Banquier, avocat ou tatoueur… Attention à cette liste de métiers interdits par l’Islam

FAKE OFFIl s’agit d’une mauvaise compréhension et interprétation de la religion, selon un essayiste et imam de France
Une douzaine de métiers ont été listés et présentés comme interdits par l'Islam
Une douzaine de métiers ont été listés et présentés comme interdits par l'Islam - Canva / Canva
Lina Fourneau

L.F.

Travailler dans une banque, être courtier ou être vendeur dans un commerce d’alcool ou de porc… Voici une liste de métiers qui seraient interdits par l’Islam. Une liste longue, très longue, où tous les secteurs semblent prohibés par la religion. S’y ajoutent d’autres fonctions comme avocat, juge, tatoueur, esthéticienne ou coiffeur, artiste, chanteur et même mannequin. Il serait également interdit de travailler dans les assurances ou d’être professeur de danse.


Un exemple de sujet partagé sur un forum
Un exemple de sujet partagé sur un forum - Capture d'écran

Initialement publiée début mai sur Facebook par le compte des « Jeunes influenceurs patriotes », la liste sous forme de vidéo a été partagée plus de 4.000 fois sur le réseau social. D’autres affirmations similaires se retrouvent également sur plusieurs blogs et forums. Mais est-elle bien vraie ? 20 Minutes s’est penché sur la question.

FAKE OFF

Tout d’abord, il est fort à parier que cette liste de métiers est caduque puisque certains métiers listés existent bel et bien dans des pays considérés comme musulmans. Difficile d’imaginer une société par exemple sans avocats, juges, banquiers ou même coiffeurs.

Mais nous ne pouvions pas seulement en rester là. Alors nous avons interrogé Tareq Oubrou, essayiste et imam de France. Existe-t-il réellement des métiers interdits par l’Islam ? « Il existe surtout un principe, celui de l’éthique de la personne en question. Par exemple, il y a des musulmans qui s’interdisent de travailler dans l’armement ou dans des métiers liés à la pollution », avance-t-il. Avant de souligner : « Nous pouvons avoir une même religion et des interprétations différentes de l’éthique ».

« Des idées pas toujours fondées »

Quand on parle d’orthopraxie, c’est-à-dire la pratique des rites et la conduite à respecter, il y a donc différentes pratiques. « Comme le catholicisme, comme le judaïsme », compare Tareq Oubrou. Mais selon lui, il existerait sur les réseaux sociaux « une orthopraxie de masse ». « Ce sont des idées pas toujours fondées, ou des lectures de droit canonique qui viennent d’un autre pays, d’un autre âge, d’une autre culture ».


Prenons le cas d’un commerce qui vendrait de l’alcool. Ethiquement, un musulman s’interdirait d’y travailler car il n’en consomme pas. Mais ici existent plusieurs exceptions selon la nécessité et le contexte. « Si sa situation économique ne lui permet pas par exemple », cite Tareq Oubrou. « Il y a la règle, mais il y a également son application en fonction des personnes, des nécessités et des besoins ». Aussi, une autre interprétation vise à démontrer qu’il est possible de vendre de l’alcool pour un non-musulman, sans en consommer pour autant.

Dans la liste, certains métiers interdits restent douteux, voire improbables. « Le travail dans les banques, c’est du n’importe quoi. Ils vivent dans un monde qui n’a jamais existé », exulte Tareq Oubrou. Suivant cette logique, l’essayiste questionne : « S’il est interdit de travailler dans une banque, pourquoi y mettre son argent ? ». Il appelle ainsi à la cohérence et aussi à une connaissance plus large du droit canonique, surtout de la part de ces comptes qui mésinforment.