JUSTICEJean-Marc Morandini de nouveau devant un tribunal pour « harcèlement sexuel

Jean-Marc Morandini de nouveau devant un tribunal pour « harcèlement sexuel »

JUSTICEL’animateur aurait encouragé de jeunes comédiens, âgés au moment des faits de 19 à 26 ans, à s’exhiber nus pour les castings d’une série intitulée « Les Faucons »
Jean-Marc Morandini, le 6 janvier 2016.
Jean-Marc Morandini, le 6 janvier 2016. - SIPA / SIPA
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Il avait déjà été condamné à un an de prison avec sursis pour « corruption de mineurs » en décembre. L’animateur de télévision Jean-Marc Morandini, 57 ans va retrouver mardi le chemin du tribunal pour y être jugé, cette fois-ci, pour « harcèlement sexuel » à l’encontre d’un jeune comédien.

Sa société de production, « Ne zappez pas ! production » (NZPP) dont l’animateur est l’unique gérant est poursuivie de son côté pour le « travail dissimulé » de cinq plaignants. Le procès devant le tribunal judiciaire de Paris est prévu sur deux journées.

Derrière Catherine Leclerc, Jean-Marc Morandini

L’affaire pour laquelle l’animateur de Cnews (groupe Bolloré) doit être jugé concerne le tournage, entre juin et septembre 2015, d’une web-série intitulée Les Faucons dont Jean-Marc Morandini était le producteur.

L’animateur aurait encouragé de jeunes comédiens, âgés au moment des faits de 19 à 26 ans, à s’exhiber nus pour les castings de cette série. Une pseudo « directrice de casting », Catherine Leclerc - en réalité Jean-Marc Morandini sous pseudonyme - leur avait adressé des courriels pour leur demander avec insistance d’envoyer des vidéos d’eux nus, le pubis rasé et des scènes de masturbation parfois avec éjaculations.

Lors d’une audition, en septembre 2021, l’animateur avait expliqué qu’il ne souhaitait pas faire apparaître son nom dans la série et avait « imaginé un personnage virtuel, Catherine Leclerc, en récupérant au hasard une photo sur Internet d’une femme de 40 ans ».

« J’obéirai à ce que vous m’ordonnerez »

Selon les enquêteurs, le « personnage totalement fictif » de Catherine Leclerc, constituait une « figure maternelle et sécurisante inspirant confiance » notamment au plus jeune des plaignants, comédien sans agent, sans formation et sans expérience du milieu du cinéma, l’incitant « à toujours repousser ses limites dans l’acte de nature sexuelle, sous le prétexte allégué de travailler sa posture de comédien ».

Ce jeune comédien, âgé de 18-19 ans au moment des faits, avait notamment reçu en août 2015 deux mails de « Catherine » signés « maman » lui demandant s’il était prêt à faire une fellation à Jean-Marc Morandini « qui n’est pas n’importe qui ».

Le jeune homme, soucieux de ne pas passer à côté de l’opportunité de devenir comédien, répondait : « Il est évident que je ne vais pas faire le difficile sur la nudité (…) J’obéirai à ce que vous m’ordonnerez ».

L’animateur avait peaufiné le personnage de « Catherine » allant jusqu’à évoquer des éléments de vie fictive, femme mariée avec un fils, lors des échanges de courriels avec le jeune comédien.

Jean-Marc Morandini avait reconnu par ailleurs au cours d’une de ses auditions « avoir pris des photographies de certains candidats nus dans son bureau afin de savoir s’ils étaient à l’aise ».

« Harcèlement sexuel »… et « travail dissimulé »

Le parquet de Paris avait, dans un premier temps, classé sans suite son enquête sur cette affaire en décembre 2016. Les plaignants avaient obtenu, en 2018, la reprise des investigations par un juge d’instruction qui avait finalement décidé de renvoyer l’affaire devant un tribunal.

Le chef de harcèlement sexuel a été retenu à l’encontre de Jean-Marc Morandini au préjudice du seul jeune comédien.

Concernant ce jeune comédien et quatre autres plaignants, la justice a également retenu l’infraction de travail dissimulé par dissimulation de salarié, les comédiens n’ayant pas été déclarés auprès des organismes sociaux dès le premier jour du tournage.

L’édition de fiches de paie et la transmission des chèques de rémunération aux différents acteurs a été mise en œuvre « bien après » la réalisation effective des tournages à une période « où des plaintes avaient déjà été diligentées », ont relevé les enquêteurs.

En décembre dernier, l’animateur avait été condamné à une peine d’un an de prison avec sursis assortie d’une obligation de soin de deux ans et son inscription au fichier des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes (Fijais) pour des faits de « corruption de mineurs » commis sur trois adolescents entre 2009 et 2016, lors d’échanges électroniques à caractère sexuel et d’un casting à son domicile.

Il a fait appel de cette condamnation.