HORS LIGNELa France compte encore des millions d’oubliés du numérique

Internet : Pourquoi la France compte-t-elle encore des millions d’oubliés du numérique ?

HORS LIGNESelon l’Insee, une personne sur trois a renoncé au moins une fois à une démarche en ligne au cours de l’année 2022
La fracture numérique est une réalité qui gâche la vie de millions de Français
La fracture numérique est une réalité qui gâche la vie de millions de Français - iStock / City Presse
J.P. pour 20 Minutes

J.P. pour 20 Minutes

Leitmotiv moderne, la dématérialisation s’opère dans tous les domaines d’activité mais aussi pour une large part des démarches administratives. En 2021, l’État estimait en effet que 85 % des 250 procédures considérées comme essentielles au quotidien des Français ne pouvaient être réalisées entièrement que sur Internet.

Mais si cette digitalisation représente un gain de temps considérable pour bon nombre d’usagers, elle laisse également de côté tous ceux qui ne sont pas à l’aise avec le Web ou qui n’ont tout simplement pas l’équipement ou le débit nécessaire. C’est ce qu’on appelle la fracture numérique.



Le très haut débit pas pour tous

Ce phénomène a déjà fait l’objet de plusieurs études. En 2021, le gouvernement estimait ainsi que 13 millions de citoyens étaient « éloignés » du numérique. Plus encore, une enquête de l’Insee publiée en mai 2022 révélait qu’une personne sur trois avait renoncé au moins une fois à une démarche en ligne au cours de l’année, notamment les plus âgés et les plus modestes.

De même, 33 % des Français n’avaient réalisé aucune démarche en ligne auprès d’une administration cette année-là, soit parce qu’ils n’utilisaient pas du tout Internet, soit parce qu’ils préféraient passer par le courrier, se rendre directement sur place ou encore parce qu’ils n’avaient pas les connaissances informatiques nécessaires (24 %).

Un an plus tard, c’est au tour de l’UFC-Que Choisir de se pencher sur la question en dénonçant cette fois une fracture matérielle. Alors que le plan « France très haut débit » prévoyait un accès Internet à un débit supérieur à 30 Mbit/s pour fin 2022, l’étude de l’association indique que 17,2 % des foyers, soit 11,8 millions de personnes, ne peuvent accéder à ce niveau de connexion « qu’en souscrivant des offres utilisant des technologies hertziennes (4G fixe, THD radio) ou satellitaires ».


 32,6 % des 8,8 millions d'habitants des communes de moins de 1000 habitants ne disposent pas d'une connexion à très haut débit
32,6 % des 8,8 millions d'habitants des communes de moins de 1000 habitants ne disposent pas d'une connexion à très haut débit - iStock

Or, d’après UFC-Que Choisir : « il s’agit de technologies de second ordre par rapport aux offres utilisant les réseaux filaires traditionnels (fibre, VDSL, câble) » puisqu’elles sont notamment « rationnées en matière de volume de données utilisables, voire ne proposent pas de services courants comme l’accès à la télévision ».

Plus globalement, l’association de consommateurs dénonce une fracture numérique territoriale touchant essentiellement les départements les plus ruraux. En effet, selon cette enquête, 32,6 % des 8,8 millions d’habitants des communes de moins de 1.000 habitants ne disposent pas d’une connexion à très haut débit, tandis que 18,4 % n’ont même pas un « bon haut débit » (8 Mbit/s).


NOTRE DOSSIER « NUMÉRIQUE »

Et d’enfoncer le clou en rappelant que si la généralisation de la fibre optique est espérée comme une voie de salut, « la filière de l’infrastructure numérique estime qu’entre 15 % et 20 % des raccordements connaissent des problèmes techniques, soit plusieurs centaines de milliers par an ». La France numérique a encore du chemin à faire…

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